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  2022-03-16
 

Préserver les forêts de demain

par Ge Lijun VOL. 14 MARS 2022  ·   2022-03-16
Mots-clés: changement climatique ; neutralité carbone

La Chine s’efforce de lutter contre le changement climatique en développant des projets de puits de carbone forestiers, très intéressants en termes écologiques et économiques. 

Des agriculteurs plantent de jeunes arbres dans le village de Xikeng, à Ji’an (Jiangxi), le 13 février 2022. (VCG) 

 

Depuis quelque temps déjà, les puits sont au cœur des discussions en Chine. Mais il ne s’agit pas d’eau, ni même de pétrole, non. Ici, nous parlons de puits de carbone : des réservoirs naturels capables d’absorber et de stocker le carbone issu du CO2, à l’instar des forêts, qui comptent parmi les principaux puits de carbone de la planète. 

 

La Chine s’est fixée comme objectif la neutralité carbone en 2060. Les puits de carbone forestiers jouent donc un rôle primordial dans la lutte contre l’effet de serre. Selon le Bureau national des forêts et des pâturages, la séquestration de carbone annuelle s’élève en moyenne à 201 millions de tonnes dans les écosystèmes terrestres de Chine, lui permettant de compenser 14,1 % de ses émissions issues des combustibles fossiles au cours de la même période. Et les forêts y contribuent à près de 80 %.  

 

La couverture forestière représente actuellement 23,04 % du territoire chinois, contre 12,98 % dans les années 1980. Il s’agit de la plus grande croissance dans le monde. « Ce chiffre sera finalement porté à 28-29 % », a indiqué Zhu Jianhua, chercheur à l’Académie chinoise des sciences forestières, au Quotidien du peuple. 

 

Le reboisement et la gestion forestière ont donc permis d’accentuer la séquestration de CO2. Ce schéma est également viable sur le plan économique et environnemental. À ce titre, la forêt, multifonctionnelle, précieuse, doit être valorisée et préservée dans toutes ses dimensions, qu’elles soient économiques, écologiques ou sociétales.  

  

Des bénéfices partagés 

 

Les projets forestiers « carbone » chinois remontent en 2001. Avant 2011, il s’agissait principalement des projets CDM (Clean Development Mechanism), sous forme de coopérations internationales. Depuis 2011, le pays travaille sur les marchés régionaux, en s’inspirant du marché carbone européen. Le marché national a vu le jour le 16 juillet 2021, ouvrant un nouveau chapitre concernant les transactions de carbone qui, pour l’instant, ne concernent que le secteur de l’électricité. 

 

En dépit de leur développement continu, les projets forestiers occupent cependant une place toujours marginale sur les marchés de conformité, et ne représentent que 0,74 % des transactions. Pour l’heure, des projets volontaires VCS (Verified Carbon Standard), une norme internationale, dominent le marché chinois. En juin 2021, le nombre de projets de puits de carbone forestiers relevant de la norme VCS s’élevait à 28, qui, combinés, ont permis de réduire les émissions annuelles de 9,5 millions de tonnes, selon un rapport de l’Institut de recherche industrielle Forward. 

 

Avec une surface boisée représentant 81,7 % de son territoire, la ville de Lishui (Zhejiang) est en bonne place pour prendre la tête d’une planification forestière stratégique visant l’atténuation du changement climatique. En décembre dernier, la ville a annoncé la création d’un bureau de gestion des puits de carbone, afin d’explorer et de réaliser la valeur économique des forêts. Il s’agit actuellement du premier organe d’administration de cette nature au niveau municipal en Chine. « Ce bureau vise à promouvoir les analyses préliminaires concernant les projets forestiers. À terme, l’ambition est d’augmenter les revenus pour la population rurale », détaille Liao Yongping, directeur du Bureau de la sylviculture de Lishui. 

 

Le bourg de Xianliang, qui relève de Lishui, a tiré profit des transactions de puits de carbone. Une conférence de niveau provincial y a eu lieu en novembre 2021. Pour 100 yuans (15,78 dollars) la tonne, l’organisateur a acheté les quotas de réduction des émissions de carbone du bourg afin de compenser les 22,72 tonnes de carbone générées par la conférence (électricité, transport, hébergement, etc.). S’appuyant sur ses 1 121,13 hectares de projets forestiers, le bourg est en mesure de stocker 5 166,68 tonnes d’équivalent CO2 par an, ce qui représente un énorme potentiel en termes de revenus. 

 

Les projets de puis de carbone sont au profit de toutes les parties prenantes. Celui de Xining (Qinghai) concerne le reboisement de 38 933 hectares, et implique un investissement d’environ 900 millions de yuans (142 millions de dollars), supporté par le gouvernement local. L’estimation de revenus liés aux puis de carbone atteint 1,08 milliard de yuans (170 millions de dollars) pendant la durée du projet (100 ans). 

 

Avec la mise en œuvre de ce projet, la couverture forestière locale est passée de 30 % en 2015, à 36 % en 2020. Le projet a également permis de créer 35 000 emplois, et a généré des rentrées alternatives pour les communautés rurales, qui ont vu leurs revenus augmenter de plus de 12 000 yuans (1 894 dollars) par habitant. Selon Yi Lubei, directeur adjoint du Centre de gestion du puits de carbone forestier du Qinghai, la première phase du projet a permis de capturer un total de 254 600 tonnes de CO2, qui ont été livrées à Shell Energy (China) en mai 2020. 

 

La zone pittoresque de Nanjianyan à Lishui (Zhejiang). (VCG) 

  

Le rôle des entreprises 

 

Les puits de carbone sont des solutions qui intéressent les entreprises et de nouveaux modèles d’activité ont vu le jour. De toute évidence, participer à ces projets permet aux compagnies pétrolières et gazières de tirer profit des transactions du carbone, dans un contexte de développement durable de l’industrie des combustibles fossiles. La première forêt neutre en carbone plantée par China National Petroleum Corporation a été inaugurée le 11 novembre 2020 à Maanshan (Anhui), pour compenser les émissions générées par le champ pétrolifère de Daqing, au Heilongjiang.  

 

La maturité des technologies et l’existence d’un vrai potentiel de marché incitent donc les entreprises privées à se positionner. Ant Forest est une application qui adopte une approche ludique du suivi de l’empreinte carbone. Développée par le groupe Alibaba, l’application incite les utilisateurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en plantant des arbres dans des régions où l’écosystème est en danger. En août 2021, Ant Forest a ainsi mobilisé 613 millions de personnes, générant plus de 20 millions de tonnes « d’énergie verte », l’équivalent de 4 000 milliards de feuilles de papier A4. 

 

Le développement de puits de carbone forestier a désormais le vent en poupe. « L’urgence est d’optimiser le système politique et les méthodes techniques », estime Chen Shaozhi, expert en économie forestière à l’Académie chinoise des sciences forestières. En conséquence, le secteur a fait l’objet d’un effort de promotion et de réglementation, qui s’est traduit par une directive nationale mise en œuvre fin 2021. Première norme chinoise en la matière, elle vise à orienter la tierce partie chargée de certifier les projets de puits de carbone forestiers, afin de garantir l’authenticité et la validité des crédits carbone forestiers entrant sur le marché national. Ces nouvelles perspectives permettront sans doute une meilleure prise en compte des forêts dans les efforts de lutte contre le réchauffement climatique. 

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