Le Zimbabwe obtient le feu vert pour exporter des agrumes en Chine. 

Une résidente achète des fruits dans un marché de gros à Hohhot, dans la région autonome de Mongolie intérieure, en Chine. (XINHUA) 

Il y a huit ans, Musa Moyo, agriculteur de subsistance basé à Chiredzi, a planté des agrumes dans l’espoir de vendre ses fruits au bout de cinq ans et d’utiliser l’argent pour payer les frais de scolarité de ses sept enfants. Il a planté 600 orangers sur sa parcelle, les désherbant et les arrosant religieusement dans l’espoir qu’un jour il bénéficierait de son labeur. 

Musa a dû attendre jusqu’en 2020, lorsque les arbres ont commencé à porter des fruits. Naturellement, il était excité à l’idée de les vendre enfin. « J’avais fait tout ce que nos agents de vulgarisation agricole m’avaient appris et j’étais convaincu que j’allais produire certains des meilleurs fruits du pays », a-t-il partagé. 

Cependant, avec l’avènement du confinement lié à la COVID-19 en 2020, Musa a dû voir, impuissant, sa production pourrir sur son terrain. 

Se rendant compte qu’il n’y avait pas de marché localement, il a essayé de faire équipe avec d’autres agriculteurs afin d’exporter leurs produits en Afrique du Sud. « C’était un exercice futile parce qu’il y a de nombreuses lois qui régissent l’exportation des fruits », a-t-il rappelé. 

Espoir à portée 

Cependant, Musa est l’un des agriculteurs qui ont vu leur espoir renaître plus tôt cette année lorsque le gouvernement du Zimbabwe a signé un protocole d’entente avec la Chine pour exporter des agrumes au géant asiatique. 

Maintenant que l’appétit de la Chine pour les produits agricoles zimbabwéens augmente, l’Administration générale des douanes de Chine a publié une annonce en juillet, donnant le feu vert à l’importation d’agrumes frais en provenance du Zimbabwe qui répond aux protocoles phytosanitaires pertinents. Ces agrumes sont l’orange douce, la mandarine, le pamplemousse, le citron jaune et vert. 

« Le Protocole sur les exigences phytosanitaires pour l’exportation d’agrumes frais du Zimbabwe vers la Chine a été signé. Une série de transferts techniques sont effectués entre les experts agricoles chinois et les agriculteurs locaux dans le cadre du programme de “village de démonstration” », a déclaré l’ambassadeur de Chine au Zimbabwe, Guo Shaochun, à CHINAFRIQUE. 

En vertu de ce protocole, les agrumes zimbabwéens exportés vers la Chine doivent être conformes aux lois phytosanitaires, aux règlements et aux normes de santé et de sécurité de la Chine, satisfaire aux exigences phytosanitaires stipulées dans le protocole et être exempts des organismes de quarantaine. 

Les ravageurs notables qui sont mis en évidence par le côté chinois comme étant problématiques comprennent la mouche des fruits de la Méditerranée (Ceratitis capitate), la mouche des fruits du Natal (Ceratitis rosa), le faux carpocapse (Thaumatitibia leucotreta), l’acarien commun (Brevipalpus californicus) et la mouche des fruits de l’Est (Bactrocera dorsalis). 

Dans le cadre du concept de « village de démonstration », les experts agricoles chinois donneront des techniques agricoles intelligentes dans certains villages zimbabwéens afin que les agriculteurs et les communautés puissent en bénéficier et améliorer leurs compétences agricoles. M. Guo a révélé que des projets pilotes pour l’initiative étaient déjà en cours partout au pays. 

Les agrumes ont une forte demande sur le marché chinois. (XINHUA) 

Hausse des contrats à terme à l’exportation 

Le Zimbabwe a l’avantage de bonnes conditions naturelles qui sont bénéfiques pour la production d’agrumes à bas prix, sucrés et juteux. La période de commercialisation du pays est également différente du marché intérieur des agrumes en Chine. 

Selon les chiffres officiels de l’ambassade de Chine au Zimbabwe, la Chine a importé pour 332 millions de dollars de produits agricoles du Zimbabwe au cours des sept premiers mois de cette année, soit une augmentation de 111 % par rapport à l’année précédente. 

Par ailleurs, le Global Trade Review montre que la Chine importe plus d’un million de tonnes d’agrumes d’une valeur d’environ 594 millions de dollars, qui proviennent d’Afrique du Sud (27 %), d’Australie (24 %), d’Égypte (24 %), d’Espagne (9 %), des États-Unis (7 %) et d’autres pays (9 %). Les marchés d’exportation d’agrumes du Zimbabwe en 2019 comprennent les Pays-Bas (63 %), le Portugal (6 %), la France (4 %), l’Allemagne (4 %), le Royaume-Uni (3 %), l’Arabie saoudite (3 %), l’Espagne (3 %) et d’autres pays (14 %). 

Selon Trade Map, le Zimbabwe a exporté 49 358 tonnes d’agrumes en 2019 avant la pandémie de COVID-19, principalement des oranges de Valence, qui constituent la plus grande partie du marché d’exportation des agrumes, suivies des oranges nombrils, des citrons, des agrumes mous et des pamplemousses. 

À son apogée, le Zimbabwe produisait environ 10 000 hectares d’agrumes, tandis qu’actuellement environ 3 000 hectares sont en cours d’exportation. 

Les agrumes sont cultivés commercialement dans des zones qui incluent Beitbridge, Mazowe Valley, Chegutu et des parties de la province de Manicaland, telles que Headlands et Chipinge. 

Ouvrir les portes à d’autres exportations de fruits 

Le ministre zimbabwéen des Terres, de l’Agriculture, des Pêcheries, de l’Eau et de la Réinstallation rurale, Anxieux Masuka, a indiqué que le pays était heureux que la Chine ait finalement autorisé le Zimbabwe à exporter ses agrumes, ajoutant que les exportations ouvriront la porte à d’autres fruits. 

« Le protocole commercial a cimenté les relations entre les deux pays et ouvrira la porte à d’autres produits que nous n’exportions même pas, ce qui entraînera une augmentation de la contribution agricole au panier d’exportation. Par exemple, les producteurs du Zimbabwe ont exprimé leur intérêt à exporter des bleuets et des avocats en Chine », a-t-il déclaré. 

Selon M. Masuka, le protocole commercial élargira les destinations d’exportation des agrumes du Zimbabwe et éliminera la dépendance excessive envers les marchés sud-africains et européens. Selon lui, la Chine est un énorme marché et les niveaux de production actuels du Zimbabwe sont faibles. Cependant, la finalisation du protocole donnera également un élan à la conclusion de partenariats et d’accords de production à l’étranger pour les exportations vers la Chine. 

Pour le fermier Musa, qui a attendu tant d’années pour exporter son premier lot d’agrumes, la nouvelle est douce à ses oreilles et encore plus sucrée à ses poches. « Je me suis inscrit pour exporter mes produits en Chine. Je sais que les autorités chinoises nous ont autorisés à exporter nos fruits là-bas et je travaille avec les autorités locales pour être parmi les premiers agriculteurs à participer au projet pilote », s’est-il enthousiasmé. 

Reportage du Zimbabwe