Les projets d’infrastructure et l’accroissement du commerce sont
les signes distinctifs du Nouvel An. 

Un spécialiste chinois montre aux locaux la récolte de riz mécanisée dans une zone de démonstration au Burkina Faso, le 8 octobre 2021. (XINHUA) 

Morgan Stanley a récemment publié un rapport sur les perspectives économiques mondiales pour 2023 qui brosse un tableau plutôt sombre. Le rapport, intitulé 2023 Global Macro Outlook: Inflation Peaks, Growth Slows, estime que l’année 2023 devrait connaître « une croissance plus faible, moins d’inflation et la fin de la hausse des taux, les États-Unis manquant de peu une récession, l’Europe se contractant et l’Asie offrant des germes de croissance ». Morgan Stanley estime que l’économie mondiale devrait croître de 3 % en 2022 et de 2,2 % en 2023. Une analyse plus approfondie des perspectives économiques dans l’UE et au Royaume-Uni indique une route plus difficile pour la plupart des économies. Les États-Unis devraient connaître un atterrissage en douceur et une reprise timide. Les perspectives de l’Asie sont optimistes et la Chine, qui demeure une économie centrale, appuie la performance économique asiatique. 

L’économie chinoise devrait croître de 5 % en 2023. Cela stimulera la consommation privée et aidera les chaînes d’approvisionnement mondiales à se redresser à la suite de l’assouplissement des restrictions internes liées à la COVID-19. Cela s’inscrit dans le cadre plus large de la coopération internationale que le gouvernement chinois a engagée avec le reste du monde, en particulier par le biais de l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR). Les relations entre la Chine et l’Afrique après la pandémie de COVID-19 ont surtout porté sur la coopération au développement. L’année 2022 a vu une croissance importante des relations sino-africaines, notamment en ce qui concerne l’ICR, le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) et l’Exposition internationale des importations de Chine (CIIE), destinée à ouvrir le marché intérieur chinois aux importations en provenance des pays africains. 

Le pont de Foundiougne construit par la Chine au Sénégal, le 16 janvier 2022. (XINHUA) 

Améliorer la connectivité 

Plusieurs projets dans le cadre de l’ICR ont été lancés, poursuivis ou achevés en 2022. Certains des projets de l’ICR en Afrique comprennent la construction de la ligne de chemin de fer côtière au Nigeria, le port de Bagamoyo en Tanzanie, les mines d’infrastructure en République démocratique du Congo, le chemin de fer Tchad-Soudan et le barrage et la centrale hydroélectrique de Mphanda Nkuwa, pour n’en citer que quelques-uns. L’achèvement de ces projets d’infrastructure a favorisé le commerce entre les pays africains et avec le reste du monde.  

S’exprimant lors de la réunion des coordinateurs sur la mise en œuvre des actions de suivi de la huitième Conférence ministérielle du FCSA, intitulée « Chine et Afrique : renforcer l’amitié, la solidarité et la coopération pour une nouvelle ère de développement commun », le conseiller d’État Wang Yi a énuméré certains des projets qui ont été achevés grâce au partenariat économique positif entre la Chine et l’Afrique. Au Sénégal, l’achèvement du pont de Foundiougne financé par la Chine, le plus grand pont d’Afrique de l’Ouest d’un coût de 71 millions de dollars, a amélioré le réseau routier et facilité la circulation. Cela a conduit à une augmentation des échanges économiques et commerciaux autour de Fatick, une ville du sud-ouest du Sénégal. 

Outre l’amélioration de la connectivité entre Fatick et d’autres villes, le pont contribue à décongestionner le port de Dakar et à soutenir la croissance économique régionale dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et du tourisme au Sénégal et dans les pays voisins de la Gambie, de la Guinée, de la Guinée-Bissau et du Mali. Au Cameroun, l’achèvement de l’autoroute Kribi-Lolabe dans la région sud-ouest a ouvert cette dernière aux échanges et au développement de zones industrielles. L’autoroute relie également le port en eau profonde de Kribi à la nationale N7. Plus au nord, en Égypte, la LRT 10th of Ramadan construite par la Chine, un projet exemplaire de coopération sino-égyptienne, a été achevée et améliorera la logistique du transport conteneurisé pour les importateurs et les exportateurs entre le port d’Alexandrie, Damiette, Port-Saïd et Sokhna.  

Ces projets soutenus par la Chine jouent un rôle central dans la croissance économique, le développement et l’industrialisation du continent. 

Une coopération agricole 

Les fondations qui ont été mises en place entre la Chine et l’Afrique constituent un élément essentiel d’une coopération efficace. L’année 2023 offre un nouvel élan qui nécessitera une approche stratégique de la coopération visant à améliorer la reprise économique post-COVID-19 en Afrique. L’accent sera dorénavant mis sur la sécurité alimentaire, domaine prioritaire d’une coopération renforcée. Alors que nous apprécions les efforts de la Chine pour promouvoir la sécurité alimentaire sur le continent, les pays africains espèrent aussi apprendre la technologie agro-industrielle et partager le matériel agricole qui améliorera la productivité et résoudra le problème persistant d’une dépendance excessive aux méthodes agricoles traditionnelles. 

La signature en 2022 de lettres d’échange avec 12 pays africains sur la suppression des droits douaniers pour 98 % des exportations africaines vers la Chine est un pas dans la bonne direction. Cela garantit aux économies africaines un marché pour leurs produits agricoles grâce à des « voies vertes ». Et si le lancement des centres conjoints d’échange, de démonstration et de formation de technologies agricoles modernes dans quatre pays africains est un bon point de départ, il est nécessaire d’étendre cette collaboration à plus de la moitié des pays africains. Cela contribuera à créer des emplois dans l’agro-industrie, à améliorer les moyens de subsistance dans les zones rurales et à accélérer la lutte contre la pauvreté en Afrique.  

Voir plus loin  

En 2023, les relations sino-africaines devraient se concentrer sur les partenariats pour le développement économique dans l’économie numérique, les secteurs écologiques et à faible émission de carbone, la fabrication et les systèmes de santé, y compris la construction d’hôpitaux et la production de vaccins. Plus important encore, la promesse de la Chine de renoncer à 23 prêts sans intérêt pour 17 pays africains devrait alléger le fardeau de la dette de l’Afrique et fournir davantage de ressources pour des projets à fort impact. À l’avènement de la COVID-19, l’Afrique estimait qu’un allègement de la dette de l’ordre de 100 à 150 milliards de dollars aiderait le continent à faire face aux effets négatifs de la pandémie. 

La coopération sino-africaine a ouvert de nombreuses économies africaines à la modernisation, ce qui ne peut que donner un nouvel élan au développement du continent, générer une énergie positive pour la stabilité de l’Afrique et inaugurer une nouvelle ère d’espoir. 

L’auteur est économiste, consultant et commentateur régional sur le commerce 
et l’investissement basé à Nairobi, au Kenya.