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  2023-01-19
 

Un cheval qui chante

par Li Xiaoyu VOL. 15 JANVIER 2023  ·   2023-01-19
Mots-clés: morin khuur ; Luc Bendza

Un maître musicien consacre sa vie au développement et à la perpétuation de lart du morin khuur. 

Le maître Chi Bolag initie son seul disciple africain, Luc Bendza, à l’art du morin khuur, à Beijing, le 8 janvier 2022. (COURTOISIE) 

  

Luc Bendza, un célèbre maître de kung-fu gabonais vivant en Chine depuis plus de 30 ans, n’aurait jamais imaginé tomber amoureux d’un autre art chinois à l’âge de 53 ans. Mais au début de l’année 2022, aussitôt après avoir entendu un musicien octogénaire de morin khuur (violon à tête de cheval) faire vibrer les cordes de son instrument, son choix était fait : apprendre, auprès de lui, à jouer de cet instrument originaire de Mongolie intérieure. Le musicien n’est ni plus ni moins que le directeur de la Société chinoise du morin khuur, Chi Bolag. C’est lui qui a fait rayonner la musique traditionnelle du violon à tête de cheval sur la scène internationale. 

  

La modernisation de l’art traditionnel 


Le 8 août 2008, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’été de Beijing, les spectateurs du monde entier ont été impressionnés par la prestation d’un orchestre composé de 120 joueurs de morin khuur, qui ont interprété un morceau intitulé Dix mille chevaux au galop. Les airs joyeux donnaient l’impression à l’audience de parcourir une vaste prairie à cheval. M. Chi était l’homme à tête de l’orchestre. 

 

Lorsqu’il s’est initié à l’art du violon à tête de cheval il y a plus de 60 ans, un joueur de morin khuur ne pouvait en effet jouer qu’en solo. En 1986, dans une lettre soumise au gouvernement local, il a suggéré de regrouper les musiciens de morin khuur au sein de la Mongolie intérieure. Selon lui, les instrumentistes réunis en groupe pourraient apporter un souffle d’air frais à cette musique traditionnelle. La proposition a été approuvée. Quelques mois plus tard, la première troupe de violon à tête de cheval au monde a vu le jour sous l’égide de M. Chi. 

 

La troupe a fait ses débuts lors d’une soirée de gala en célébration du 40e anniversaire de la région autonome de Mongolie intérieure en 1987. Les efforts conjugués par les joueurs ont éveillé des résonances profondes chez les spectateurs qui ont été submergés par la grandeur et la forte énergie de cette musique ethnique. Certains ont même commenté que le groupe avait l’air d’une harde de chevaux au galop, d’où son nom officiel « chevaux sauvages ». 

 

En plus d’être un maître musicien, M. Chi a procédé à une série de modifications sur le morin khuur. Ayant suivi des leçons de violon pendant quatre ans, il s’est inspiré de l’archet et des doigtés de cet instrument occidental pour élargir les possibilités artistiques qu’offre le violon à tête de cheval. De surcroît, il a substitué successivement la peau de serpent et le pin blanc à la peau de bovins sur le morin khuur, pour que ce dernier puisse avoir un timbre encore plus exquis en concert. 

 

Le maître Chi Bolag a tissé un lien d’amitié profond avec les peuples locaux pendant sa tournée en Afrique en 1978. (COURTOISIE) 


Héritage d’un riche patrimoine 


Pour faire mieux connaître cet art, M. Chi a organisé plus d’une centaine de concerts à travers le monde, y compris à Vienne, en Autriche. En 2005, avec sa troupe « chevaux sauvages », il a charmé l’assistance d’une soirée en commémoration du 60e anniversaire de la victoire de la Guerre antifasciste mondiale, qui s’est tenue dans la salle dorée du Musikverein. « Nos ancêtres sont venus ici il y a environ 760 ans, avec des chevaux et des épées. Aujourd’hui, les descendants de Genghis Khan sont de retour avec des violons à tête de cheval. Nous sommes des messagers de la paix », a-t-il déclaré à l’audience européenne. 

 

La musique traditionnelle du morin khuur a été inscrite par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2008. En tant qu’héritier national, M. Chi n’a épargné aucun effort pour mieux perpétuer cet art ancestral chinois. 

 

En 2011, avec le soutien du gouvernement local, la première académie de violon à tête de cheval au monde a été créée à Xilinhot, dans la région autonome de Mongolie intérieure, avec M. Chi à sa tête. Dix ans plus tard, une autre école de musique publique portant son nom a été mise en place à Erdos. Au total, il compte aujourd’hui plus de 50 000 disciples provenant des quatre coins du monde. 

 

Parmi ceux-ci, M. Bendza, le seul disciple issu d’Afrique. De fait, adopter un apprenti africain est un souhait que M. Chi caresse depuis un demi-siècle. Dans le cadre d’une visite avec la délégation artistique de Mongolie intérieure en 1978, M. Chi a séjourné pendant un mois et demi au Burundi, en Tanzanie et aux Seychelles. Il s’agit de sa seule tournée en Afrique pendant sa longue carrière.  

 

En intégrant M. Bendza dans ses rangs, il souhaite renouer les liens d’amitié qu’il a tissés avec les populations locales. Le maître de kung-fu, lui, affirme aussi vouloir s’y former pour promouvoir un jour cet art en Afrique. 

  

ENCADRÉ 

La musique traditionnelle du morin khuur 

 

Le violon à deux cordes appelé morin khuur occupe une place de choix dans la culture nomade mongole. L’importance de ce violon va bien au-delà de sa fonction d’instrument de musique, car il était traditionnellement partie intégrante des rituels et de la vie quotidienne des nomades. La conception singulière du morin khuur est étroitement liée au culte du cheval, cher à ce peuple. Le corps creux de l’instrument, de forme trapézoïdale, est muni d’un long manche dépourvu de frettes et surmonté d’une tête de cheval à son extrémité. Juste sous la tête, deux chevilles font saillie comme des oreilles de chaque côté du manche. La caisse de résonance est recouverte d’une peau de bête, les cordes et l’archet sont en crin de cheval. Le son caractéristique de l’instrument est produit en frottant ou frappant l’archet contre les deux cordes. L’une des techniques de jeu les plus courantes est le tiré-poussé d’archet de la main droite, avec divers doigtés de la main gauche. Il est le plus souvent joué en solo, mais peut aussi accompagner les danses, les chants longs, les récits mythiques, les cérémonies et les tâches quotidiennes liées aux chevaux. À ce jour, le répertoire du morin khuur a conservé quelques airs spécifiquement destinés à dompter les animaux.  

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