Des médecins chinois viennent en aide aux services pédiatriques du Sénégal.

La MTC est une option de plus en plus populaire pour les patients africains. (XINHUA) 

Mohammed Diallo, dix ans, espère devenir footballeur professionnel un jour. Il a perdu sa mère à la naissance et a depuis été élevé par son père, célibataire. Ce dernier est maçon et gagne à peine cinq dollars par jour. Au cours d’un mois civil, il touche un maigre salaire de 140 dollars grâce à son emploi saisonnier. « En raison de la pauvreté, mon frère aîné et moi avons toujours manqué de nourriture et j’ai souffert de nombreuses maladies dans mon enfance », a partagé Mohammed. 

Lui et sa famille vivent dans le bidonville de Baraka à Dakar, capitale du Sénégal. Baraka est un mot swahili pour bienheureux, une langue parlée dans certaines régions d’Afrique. Le bidonville fait présentement l’objet d’améliorations, conformément au plan du gouvernement sénégalais visant à éliminer tous les bidonvilles urbains d’ici 2035. 

Plus de pédiatres nécessaires 

Selon la Banque mondiale, 46,7 % des habitants de Dakar vivent dans des bidonvilles et n’ont pas les moyens de subvenir à des besoins essentiels comme la nourriture et un logement adéquat. 

Ces circonstances entraînent inévitablement des maladies infantiles chez de nombreux enfants comme Mohammed, qui a souffert de nombreux maux liés à la malnutrition. À certaines occasions, il a même été hospitalisé. « J’ai passé plusieurs nuits à l’hôpital à cause d’anémie et de marasme, qui est un manque de protéines et de calories. Mais j’ai aussi été touché par une émaciation sévère. Je suis resté pendant des jours sans manger, ce qui a entraîné une perte de poids extrême », a-t-il confié. 

L’anémie est la maladie la plus courante chez les enfants sénégalais et causée principalement par un manque de fer ou des saignements, tels que des saignements de nez réguliers chez les jeunes enfants. Faire face à ces maladies est un défi majeur pour le Sénégal, car le pays compte très peu de pédiatres et a donc commencé à encourager l’octroi de licences aux médecins étrangers. 

Les maladies pédiatriques au Sénégal restent parmi les plus élevées en Afrique de l’Ouest et, selon l’OMS, le pays ne compte que 0,6 médecin pour 10 000 habitants. 

L’assistance médicale chinoise 

Ces dernières années, le nombre de pédiatres chinois agréés prenant des fonctions au Sénégal a augmenté progressivement. Outre le traitement médical conventionnel, ces médecins appliquent également la médecine traditionnelle chinoise (MTC) pour traiter les enfants atteints de maladies chroniques.

Zhang Huan, un pédiatre chinois basé à Mbour, à 86,3 km de Dakar, a expliqué qu’un grand nombre d’enfants dans le pays meurent de maladies curables ou évitables. « La plupart des décès signalés concernent des enfants de moins de cinq ans. La plupart des cas que je reçois sont de l’anémie. Il y a [également] des cas d’émaciation chez les enfants, la plupart de moins de cinq ans », a-t-il rapporté, ajoutant que s’ils ne sont pas traités, certains cas d’émaciation peuvent entraîner un retard de croissance, un développement cognitif lent et même la mort, car le système immunitaire est affaibli. 

M. Zhang travaille à Yin Yang Médecine Traditionnelle Chinoise. La MTC a également permis de traiter des maladies infantiles depuis que cette première clinique chinoise a été ouverte au Sénégal en 2018 par Fall Diop. Ce médecin sénégalais a obtenu son diplôme de médecine à la prestigieuse Université de Pékin. 

Depuis lors, plusieurs hôpitaux et cliniques ont été ouverts et offrent des services de MTC dans tout le pays. « J’ai traité de nombreuses maladies facilement guérissables qui sont souvent négligées. Il est triste qu’au XXIe siècle, des enfants meurent de maladies ou d’affections facilement curables », s’est-il lamenté. 

Une politique gouvernementale 

Les nouvelles directives initiées par le gouvernement incluent l’amélioration des programmes qui verront la création de nouvelles facultés de médecine et l’extension des programmes d’enseignement dans les installations existantes. 

Marie Ndiaye, qui a été nommée ministre de la Santé et de l’Action sociale en mai 2022, a déclaré que le gouvernement était en train d’ajouter et d’améliorer l’infrastructure actuelle de la Faculté de médecine de l’Université de Dakar, qui est la première université régionale d’Afrique de l’Ouest et l’une des meilleures d’Afrique et également l’un des établissements d’enseignement supérieur les plus prestigieux. Elle accueille actuellement environ 50 000 étudiants, mais le gouvernement espère tripler ce chiffre d’ici 2024. « Nous négocions également avec la Chine pour offrir des bourses aux citoyens sénégalais dans le besoin. Les pourparlers sont prometteurs et nous prévoyons que ce sera sur un quota annuel. La plupart des médecins étrangers [au Sénégal] sont chinois et les peuples sont satisfaits de leurs services », a affirmé Mme Ndiaye. 

M. Zhang estime que la MTC renforce le système immunitaire des enfants et que les médicaments sont très doux et n’ont aucun effet secondaire. Il pense que le traitement par acupuncture facilite la circulation sanguine dans tout le corps. Il détend également le système nerveux, facilitant ainsi la guérison de la maladie. Il a pu guérir de nombreuses maladies respiratoires chez les jeunes enfants de moins de huit ans. L’acupuncture a également amélioré leur système digestif. 

La plupart des médicaments de la MTC utilisés sont fabriqués localement au Sénégal. Selon M. Zhang, différentes méthodes sont utilisées pour les administrer aux enfants. Les médicaments peuvent être sous forme de poudre, de liquide, de pilules, de thés et même de gouttes pour les yeux. « Vous pouvez également utiliser la médecine occidentale ou la médecine chinoise moderne. Cela dépend de l’état de santé et de la maladie de l’enfant », a-t-il exposé. 

Le plus grand défi affectant le secteur de la santé au Sénégal est la mortalité néonatale et périnatale. De nombreux médecins chinois ont mis en place des cliniques qui offrent des conseils en matière de vaccination et de nutrition, et des crèches pour nouveau-nés, qui disposent d’unités néonatales et d’autres installations importantes qui répondent aux besoins des enfants. 

Reportage du Sénégal