La métamorphose d’un lieu abandonné en jardin d’habitat a permis de créer un espace pour 
la vie communautaire, tant humaine que sauvage.

Une résidente plante des légumes dans le jardin d’habitat de Hongxu. (GOUVERNEMENT DE L’ARRONDISSEMENT DE CHANGNING) 

Voisiner avec des animaux sauvages, comme des chiens viverrins ou des hérissons, et se faire ami avec des oiseaux aquatiques tels que les aigrettes, en plein cœur de Shanghai. Ce qui pourrait sembler être une chimère est bel et bien réel, grâce à la création de jardins d’habitat. 

Celui-ci combine un habitat faunique et un jardin communautaire. Il comporte généralement une plus grande variété de plantes indigènes qu’un jardin ordinaire. Une riche diversité de ces plantes peut attirer de nombreux oiseaux, abeilles et autres animaux sauvages. 

Actuellement, huit jardins d’habitat parsèment l’arrondissement de Changning à Shanghai. Transformant un espace abandonné en un refuge pour l’homme et la nature, les jardins d’habitat contribuent ainsi à la régénération urbaine. 

Une seconde vie 

La plupart des jardins d’habitat ne font que quelques centaines de mètres carrés. Malgré tout, ces petits refuges ont de la valeur. 

Le jardin d’habitat de 732 mètres carrés situé à Xiehe Jiayuan, un quartier résidentiel nommé « une communauté harmonieuse », à Changning, était autrefois un espace public abandonné, jonché de déchets, avant que les résidents ne le transforment en jardin d’habitat. En 2021, le jardin est devenu un exemple mondial de biodiversité et a été présenté lors de la 15e réunion de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique qui s’est tenue à Kunming, dans la province du Yunnan. 

Le jardin d’habitat de Xiehe Jiayuan est le plus grand de ce genre à Shanghai. Un an après son ouverture, des chiens viverrins, des visons de Sibérie, des écureuils à ventre rouge et des hérissons, tous des animaux sauvages locaux de Shanghai, s’y sont installés. 

Aménagés avec des plantes indigènes, ces petits lieux de verdure offrent des avantages à tous les habitants du quartier. Ils sont conçus en partenariat étroit avec la communauté et créés avec la participation active des résidents. 

Ma Kun, agronome senior à l’Académie des sciences agricoles de Shanghai, apprend souvent aux bénévoles de la communauté à identifier les plantes indigènes et les plantes exotiques envahissantes, et leur enseigne les inspections et l’entretien réguliers. Après avoir compris les dangers des espèces envahissantes, Ge Zhaohong, un habitant de la communauté de 76 ans, a rassemblé plusieurs voisins pour former un groupe de bénévoles dont la mission vise à supprimer les plantes envahissantes. 

En réalité, ce modèle, combinant la conservation de la biodiversité et l’embellissement de la communauté, et qui est partagé par les habitants, est né il y a trois ans dans un quartier situé à trois kilomètres de là. 

Le jardin d’habitat de Hongxu, d’une superficie de 450 mètres carrés, était autrefois un lieu de stockage de gravats et de déchets. Il abrite désormais des plantes indigènes, des étangs, des potagers, des aires de jeux pour enfants et un pavillon. Selon les statistiques, il y a actuellement plus de 70 espèces de plantes cultivées dans ce jardin d’habitat. 

En 2018, lorsque le quartier de Hongxu a entamé un projet de rénovation, Wu Hongping, secrétaire de la branche générale du Parti communiste chinois du quartier, était déterminée à transformer ce coin. Après avoir consulté les habitants, Mme Wu a constaté que beaucoup d’entre eux préféraient transformer la zone en un petit jardin. Plus tard, lors d’une inspection sur place, elle a découvert que le quartier était proche du Parc zoologique de Shanghai et que de temps en temps, des oiseaux venaient s’y reposer. « Pourrions-nous offrir un foyer aux petits animaux ? » C’est ainsi que l’idée de créer un jardin avec un écosystème complet est née dans son esprit. Après un an de construction, le premier jardin d’habitat de Shanghai a vu le jour en 2019, très attendu de la part des résidents. 

Comment entretenir un jardin d’habitat ? Les résidents ont formé spontanément une coalition de bénévoles, dont le nombre est passé de 14 au début à 21 aujourd’hui, à laquelle se joignent de plus en plus de résidents. Chaque jour, le jardin est entretenu par un membre de la communauté qui taille les fleurs et les arbres, rénove le sol des bacs à fleurs et enlève le limon de l’étang. Ils entretiennent le sol du jardin en utilisant du compost de cuisine. 

Le résident Li Defu est l’un d’entre eux. Chaque fois que les plantes cultivées portent des fruits, lui et d’autres bénévoles, accompagnés d’enfants, offrent les fruits récoltés aux personnes âgées vivant seules dans le quartier. Courge cireuse, laitue asperge et bok choy… Saison après saison, cette générosité a rapproché les résidents, devenant progressivement une tradition dans le quartier. 

Afin de mieux informer les habitants sur les plantes et les animaux, le comité des résidents de Hongxu organise régulièrement des séances de formation. Une fois, le comité a invité un expert de la flore et de la faune de l’Université Jiaotong de Shanghai à donner une conférence sur les plantes aquatiques. Comme les résidents sont de plus en plus enthousiastes à l’idée d’en savoir plus sur la nature, un nombre croissant de personnes âgées participent à la gestion quotidienne du jardin, ce qui donne de la couleur à leur vie de retraité et leur permet de faire de nouvelles rencontres. 

La communauté de Hongxu est connue pour son engagement en faveur du micro-renouvellement urbain, et est un leader en matière de classification des déchets, de compostage et de recyclage. C’est un bon exemple d’intégration de la nature au sein d’une communauté. 

Un hérisson s’est installé dans le jardin d’habitat de Xiehe Jiayuan. (GOUVERNEMENT DE L’ARRONDISSEMENT DE CHANGNING) 

La régénération urbaine 

Les projets de Xiehe Jiayuan et de Hongxu s’inscrivent dans le cadre des efforts déployés par Shanghai en matière de régénération urbaine. Selon les Nations unies, la régénération urbaine, également connue sous le nom de renouvellement urbain, permet de récupérer les actifs sous-utilisés et de redistribuer les opportunités, augmentant ainsi la prospérité urbaine et la qualité de vie. 

En 2021, six autres jardins d’habitat ont été construits avec le soutien du gouvernement de Changning. L’année suivante, huit nouveaux jardins d’habitat étaient en construction, le budget étant inclus dans la planification de l’arrondissement. Pour le XIVe Plan quinquennal (2021-2025), une trentaine de jardins d’habitat sont sur la liste de construction dans l’arrondissement de Changning, pour former un réseau d’habitat et améliorer la qualité et la fonction de l’espace écologique urbain. 

Les huit jardins d’habitat actuels de Changning, pionnier de la restauration écologique, ont transformé plus de 3 500 mètres carrés de surfaces routières durcies en communautés résidentielles en sol fertile pour la flore et la faune. Ce chiffre n’est peut-être pas statistiquement significatif, mais chaque petit pas compte alors que Shanghai s’efforce de devenir une ville écologiquement habitable d’ici 2035. 

En août dernier, la ville a officiellement inclus la construction de jardins d’habitat dans son dernier projet de plan d’amélioration écologique. Selon le Plan de restauration écologique du territoire de Shanghai (2021-2035), les jardins d’habitat sont importants car ils offrent un abri à la faune et à la flore ainsi que des espaces de loisirs en plein air aux résidents locaux, contribuant ainsi à la conservation de la biodiversité au centre-ville.