Les think tanks proposent des idées pour faire progresser les relations sino-africaines dans le cadre de l’Initiative pour la civilisation mondiale. 

La cérémonie d’ouverture de la 12e Réunion du Forum Chine-Afrique des Think Tanks s’est tenue à Jinhua (Zhejiang) le 30 mai. (COURTOISIE) 

« Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les pays en développement cherchent toujours des moyens pour arriver à la prospérité nationale, réaliser le développement socio-économique et améliorer le niveau de vie de la population », a déclaré Kgalema Petrus Motlanthe, ancien président de l’Afrique du Sud, par lien vidéo lors de la cérémonie d’ouverture de la 12e Réunion du Forum Chine-Afrique des Think Tanks (CATTF), qui s’est tenue en ligne et hors ligne du 30 au 31 mai à Jinhua (Zhejiang). 

Cette année, près de 400 participants, comprenant des fonctionnaires et des universitaires de Chine et d’Afrique, ont participé à la réunion. Ayant pour thème « Centenaire de l’histoire et du renouveau de la coopération sino-africaine », la réunion attache une grande importance à faire progresser la modernisation aux caractéristiques nationales distinctes et à promouvoir les échanges inter-civilisationnels dans le cadre de l’Initiative pour la civilisation mondiale que Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et président chinois, a proposée le 15 mars lors de la Réunion de haut niveau du dialogue entre le PCC et des partis politiques mondiaux. 

Exploration des voies de modernisation

« La modernisation chinoise sert d’exemple aux pays africains. La Chine adhère à un type de modernisation adapté et fidèle à ses conditions nationales. Les pays africains doivent également trouver les voies de modernisation basées sur leurs situations nationales », a déclaré Bamba Abdoulaye, professeur de l’histoire des relations internationales à l’Université Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire. 

Il constate que la modernisation chinoise est une approche de paix. Selon lui, la Chine et l’Afrique ont deux mécanismes de coopération exemplaires : le Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) et l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR). Le FCSA, créé en 2000, a résisté à l’épreuve du temps et a vu un renforcement de la coopération sino-africaine dans de nombreux domaines et à plusieurs niveaux. L’ICR, de son côté, a significativement amélioré le développement des infrastructures de l’Afrique et a favorisé le transfert des technologies.  

Fouad Larhzizer, professeur assistant à la Faculté des langues, arts et sciences humaines de l’Université Hassan 1er au Maroc, a abondé dans ce sens. « En apportant leurs technologies de pointe et en échangeant leur expérience de gestion dans les secteurs de l’énergie, des transports, des télécommunications, de l’hydraulique, des chemins de fer et des matériaux de construction, les entreprises chinoises participent activement au développement social et économique de l’Afrique. La politique de la Chine pour l’Afrique peut se résumer ainsi : une amitié sincère, une coopération gagnant-gagnant et un développement partagé », a-t-il partagé avec CHINAFRIQUE, ajoutant que la Chine et l’Afrique ont considérablement développé leurs relations sur la base du respect, de l’égalité et des avantages mutuels. « Nous pouvons faire ensemble beaucoup de choses pour créer un nouveau modèle de coopération Sud-Sud », a-t-il affirmé.  

Alpha Mohamed Jalloh, directeur de l’Institut Chine-Afrique de l’Université Marconi en Sierra Leone, trouve que la Chine a beaucoup mis l’accent sur l’éducation et la technologie, qui sont le moteur de sa modernisation. Ces dernières années, le pays a misé sur l’intelligence artificielle et les ressources humaines. Selon lui, les pays africains doivent s’inspirer des expériences chinoises pour aider les jeunes Africains à avoir accès à une meilleure éducation ou une formation technologique. De plus, il estime que les pays africains doivent s’appuyer sur l’économie numérique pour revigorer le développement du continent entier.  

Des sujets tels que la revitalisation rurale, la réduction de la pauvreté, l’amélioration des soins médicaux, la protection de l’environnement, la démocratie populaire et la construction d’une communauté de destin pour l’humanité ont également été abordés lors de la réunion.  

Des participants à la cérémonie d’ouverture de la 12e Réunion du Forum Chine-Afrique des Think Tanks (COURTOISIE) 

Renforcement des échanges inter-civilisationnels 

« Il existe une longue histoire d’échanges et d’amitié entre la Chine et l’Afrique. Les échanges culturels et humains entre les deux parties, dépositaires de la civilisation antique, se renforcent et ont obtenu des résultats positifs dans les domaines de la culture, des arts, de la recherche scientifique et de la formation des cadres, grâce à l’intensification de la coopération et de la communication entre les deux parties », a déclaré M. Larhzizer à CHINAFRIQUE. Selon lui, les échanges culturels et humains occupent une place importante dans les relations sino-africaines. Il espère que la Chine et l’Afrique renforceront davantage leurs échanges et agrandiront leur coopération dans le cadre du FCSA. 

Li Hongfeng, directrice de la Faculté des études africaines de l’Université des Langues étrangères de Beijing, estime que la tolérance, la coexistence, les échanges et l’apprentissage mutuel entre les différentes civilisations jouent un rôle irremplaçable pour l’épanouissement du jardin de la civilisation mondiale et la construction d’une communauté de destin pour l’humanité. Par conséquent, la diffusion et la production de connaissances sur les civilisations chinoise et africaine sont primordiales.  

« Nous devons accorder plus d’attention à la diffusion et à la production des connaissances sur les situations nationales et la culture de la Chine et des pays africains », a-t-elle souligné. Elle trouve que les informations sur certains pays africains sont encore trop peu accessibles en Chine. Et d’après une enquête menée par son université auprès de la jeunesse africaine, les livres sur la culture chinoise sont très limités dans des bibliothèques africaines. Elle incite les think tanks, les médias et les universités, surtout les universitaires qui travaillent sur les échanges sino-africains, à jouer un rôle plus important dans la production et la diffusion des connaissances en la matière. De plus, le livre numérique est également un moyen efficace pour promouvoir les échanges inter-civilisationnels et l’apprentissage mutuel dans le monde entier. 

Les idées de Mme Li sont partagées par Shan Min, directrice du Bureau de gestion de recherches et de coopération internationale de l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang. « L’éducation joue un rôle clé dans les échanges inter-civilisationnels et l’innovation culturelle », a-t-elle partagé avec CHINAFRIQUE. Selon elle, la coopération sino-africaine sur l’enseignement supérieur a obtenu des résultats fructueux au fil des ans, notamment avec la mise en œuvre du Projet de coopération 20+20 en 2010, un plan à destination des établissements d’enseignement supérieur chinois et africains visant à établir un nouveau mode de coopération inter-universitaire.  

Elle espère que plus d’acteurs, tels que les entreprises, le gouvernement, les organisations internationales et les médias, participeront à la coopération. « Par exemple, les universités peuvent communiquer avec les entreprises africaines pour fournir une formation plus ciblée aux étudiants africains. Les établissements d’enseignement supérieur chinois et africains peuvent coopérer avec les organisations internationales ou les ONG locales pour mener des recherches sur certains programmes ou construire des bases de données », a-t-elle conclu.