Un ouvrier examine une voiture électrique dans une usine d’assemblage automobile à Wuhan, dans la province chinoise du Hubei, le 1er avril. (XINHUA)

Le Forum Chine-Afrique des Think Tanks (CATTF) s’est encore une fois illustré comme un acteur crucial dans la facilitation des échanges et dialogues entre les peuples, le partage d’idées et la promotion de la collaboration. Le CATTF offre une plateforme inestimable pour les universitaires, décideurs, experts et journalistes de Chine et d’Afrique, permettant d’élargir les discussions sur des questions clés et d’explorer des pistes de coopération.

Lors de sa 13e réunion, le CATTF a bâti sur ses acquis en contribuant significativement à renforcer l’amitié sino-
africaine. Cela s’est manifesté par la publication du Consensus Chine-Afrique de Dar es Salaam, qui souligne l’importance d’une coopération mondiale approfondie dans le domaine du développement. Ce document stratégique encourage un apprentissage mutuel renforcé entre les intellectuels des deux parties.

Le Consensus appelle à une coopération internationale plus profonde, basée sur le respect mutuel, la solidarité, une collaboration bénéfique pour tous, l’ouverture et la prospérité commune. Il insiste sur la résolution pacifique des conflits et sur le respect des traditions historiques et culturelles, ainsi que des spécificités nationales.

Le document de Dar es Salaam, reflet de la voix collective du Sud global, réaffirme l’opposition à tout vestige de colonialisme et d’hégémonie, soutenant fermement les intérêts fondamentaux et les droits légitimes des pays en développement. Il prône également le dialogue pour surmonter les différences et la coopération pour aborder les défis internationaux et régionaux. Cette démarche constructive promet des bénéfices non seulement pour la Chine et l’Afrique, mais aussi pour l’ensemble du Sud global.

Des avantages tangibles

La coopération sino-africaine est fondamentalement axée sur le bénéfice mutuel et le développement partagé. En 2023, malgré divers défis, le commerce entre l’Afrique et la Chine a grimpé à un sommet historique de 282,1 milliards de dollars, marquant une hausse de 1,5 % par rapport à l’année antérieure. Ce résultat s’explique par l’engagement accru de la Chine à augmenter les importations africaines. De plus, en soutenant activement le développement de la Zone de libre-échange continentale africaine, la Chine contribue à dynamiser le commerce mondial et à générer des opportunités économiques pour les pays du Sud global.

Cette collaboration offre des avantages tangibles pour les peuples africain et chinois, tout en favorisant un environnement plus propice à la coopération internationale. Elle joue un rôle croissant dans l’établissement d’un ordre international équitable, le maintien de la paix mondiale, et la promotion d’une économie mondiale ouverte et inclusive. L’alignement des intérêts entre les deux parties se manifeste dans leur collaboration sur des enjeux d’intérêt commun aux niveaux bilatéral, régional et multilatéral, comme le souligne le Consensus.

Le partenariat sino-africain, porteur d’un immense potentiel de croissance, est en passe de devenir un modèle de coopération exemplaire pour les pays du Sud. À mesure que cette collaboration s’intensifie, elle promet de stimuler également la coopération dans tout le Sud global. Le Consensus souligne cette dynamique, en s’appuyant sur une vision politique mondiale partagée et une accélération de la coopération économique vers une communauté de destin sino-africaine, offrant ainsi une nouvelle forme stratégique de collaboration qui inspire et apporte espoir au monde en développement.

Des conteneurs sont déchargés d’un train dans la Zone portuaire terrestre internationale d’Urumqi, dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, le 27 mai. (XINHUA)

Un véritable multilatéralisme

Tout en promouvant le développement commun, le Consensus encourage la construction d’un monde multipolaire et ordonné, fondé sur un véritable multilatéralisme et les principes de la Charte des Nations unies. La Chine et l’Afrique expriment leurs préoccupations quant à la capacité décroissante de l’ONU à remplir son mandat, potentiellement due à des inefficacités internes et à l’influence persistante de la mentalité de guerre froide de certaines puissances occidentales. Les pays du Sud global, en particulier, dépendent de l’exécution efficace du mandat de l’ONU et plaident pour un système onusien renforcé, avec l’ONU au cœur d’un ordre mondial régi par le droit international.

Conformément au Consensus, la Chine et l’Afrique sont déterminées à collaborer avec la communauté internationale pour renforcer la solidarité et l’alignement entre diverses initiatives mondiales. Il est crucial de promouvoir le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’ONU et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, d’intensifier la coopération de qualité dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route », et de mettre en œuvre des initiatives telles que l’Initiative pour le développement mondial, l’Initiative pour la sécurité mondiale, et l’Initiative pour la civilisation mondiale, ouvrant ainsi un nouveau chapitre de développement et de modernisation globaux pour une prospérité commune.

Ces initiatives visent à accroître la stabilité économique mondiale, à promouvoir le multilatéralisme et à amplifier la voix des pays en développement dans la gouvernance mondiale, tout en protégeant les intérêts communs dans la construction d’une communauté de destin pour l’humanité.

Le Consensus met également en avant la modernisation à la chinoise à travers un développement de qualité, offrant de nouvelles et vastes opportunités pour le développement global. Les succès de la transformation socio-économique de la Chine incitent de nombreux pays africains à adopter et à adapter les meilleures pratiques chinoises.

Pour stimuler le développement national à travers des marchés performants, la Chine et l’Afrique collaborent étroitement pour soutenir la modernisation de l’agriculture africaine. L’agriculture joue un rôle clé dans la coopération sino-africaine, répondant à des besoins essentiels des deux parties. Depuis la décolonisation de l’Afrique, la Chine a partagé ses technologies agricoles avancées avec le continent, contribuant ainsi à réduire les défis agricoles rencontrés en Afrique. L’objectif de cette collaboration est d’utiliser de manière optimale les ressources publiques et privées, telles que le financement, les produits, les technologies et les savoirs, pour encourager et appuyer une transformation agricole globale et inclusive en Afrique. Le modèle de développement agricole innovant de la Chine, riche de nombreux avantages, s’est révélé extrêmement bénéfique pour les nations africaines, les aidant à améliorer leur productivité agricole et à mieux répondre à leurs besoins alimentaires.

L’approche du Consensus est fortement valorisée par l’Afrique et trouve un large écho au sein de la communauté internationale. Ce document est une réplique forte à l’unilatéralisme et aux pratiques hégémoniques, illustrant le mécontentement de la Chine et de l’Afrique face aux conflits géopolitiques et à la confrontation des blocs, qui éclipsent les priorités de développement et économiques mondiales, essentielles à la garantie de la paix mondiale et à la réponse aux besoins des populations défavorisées et marginalisées.

*Cet article a été soumis à l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang dans le cadre de son appel à communications sur le thème du Consensus Chine-Afrique de Dar es Salaam.

GERT GROBLER : Chercheur principal à l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang 
et ancien diplomate principal au Département sud-africain des relations internationales 
et de la coopération