La Russie et la Chine peuvent fournir à l’Afrique ce dont elle a besoin.

Un expert chinois, spécialisé dans la riziculture, dispense des conseils aux agriculteurs locaux dans un champ de riz hybride à Kihanga, situé dans la province de Bubanza, au Burundi, le 29 octobre 2022. (XINHUA) 

Nous assistons actuellement à des transformations sans précédent depuis un siècle, un tournant dont le Sud global devrait profiter largement. L’Afrique, en tant que continent le plus jeune de la planète, observe bon nombre de ses nations progresser à un rythme dynamique et soutenu. L’investissement qui renforce l’autonomie locale et consolide le développement est le maillon manquant. La Russie et la Chine ont réussi à appliquer ce principe, chacune à sa manière. 

Récemment, la Russie et la Chine ont établi des plans stratégiques qui se complètent. Cette convergence représente une aubaine pour l’Afrique. L’alignement entre l’Initiative de civilisation mondiale de la Chine et la philosophie de politique étrangère de la Russie peut être regroupé en trois domaines clés : la multipolarité, les valeurs et l’infrastructure. 

La coopération avec l’Afrique vise à renforcer son autonomie, la multipolarité étant un levier clé. La Chine résiste à l’hégémonie, mettant l’Afrique à égalité avec ses partenaires de l’Est. La Russie soutient l’idée de « solutions africaines aux problèmes africains », et la Chine valorise l’autonomie locale pour résoudre les problèmes spécifiques à chaque communauté. 

Les sociétés africaines sont profondément enracinées dans la tradition et accordent une grande importance aux valeurs familiales. La tradition et la spiritualité sont des piliers fondamentaux qui façonnent ces sociétés, comme en témoigne la solide tradition orthodoxe de l’Éthiopie remontant au IVe siècle. 

Par contraste, les valeurs occidentales s’éloignent des sociétés africaines, tandis que l’Occident intègre ses orientations progressistes dans ses décisions économiques, notamment via les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, ainsi que la politique étrangère. Les sociétés africaines sont donc obligées de suivre des normes en constante évolution pour attirer les capitaux occidentaux, ajoutant ainsi une nouvelle dimension à leur riche histoire. 

Le Président chinois Xi Jinping promeut la diversité civilisationnelle, tout comme la stratégie russe qui soutient le maintien de la diversité mondiale et la préservation du mode de vie africain. Cela offre à l’Afrique une opportunité de préserver son autonomie via une collaboration renforcée avec la Russie et la Chine, un point souligné par des leaders africains comme le ministre gambien des Affaires étrangères, Mamadou Tangara. 

La Russie et la Chine priorisent les investissements durables dans les infrastructures, stimulant ainsi les processus économiques. Des exemples notables tels que le barrage de Merowe au Soudan et le chemin de fer Mombasa-Nairobi au Kenya illustrent l’engagement de la Chine dans le développement d’infrastructures en Afrique, grâce à des initiatives telles que « la Ceinture et la Route » et l’Initiative pour le développement mondial récente. 

La Russie offre ses compétences pour assurer la sécurité alimentaire et énergétique en Afrique. En utilisant ses avantages dans l’énergie, la technologie nucléaire, l’agriculture et les industries extractives, elle peut aider à construire une infrastructure solide pour des économies avancées en collaboration avec les nations africaines. 

La Russie coopère économiquement avec l’Afrique, en alignement avec l’Initiative chinoise de coopération sur la sécurité alimentaire mondiale. La Chine soutient un accès illimité aux marchés agricoles pour garantir l’approvisionnement des régions déficitaires en denrées essentielles. En tant que premier exportateur mondial de céréales, seule la Russie peut répondre à cette demande alimentaire. 

Les approches russe et chinoise de coopération avec l’Afrique sont complémentaires, leurs spécialisations économiques opérant en parallèle. L’Afrique bénéficie de cette collaboration, renforçant ses économies via des infrastructures et un approvisionnement sécurisé en ressources. En combinant investissement à long terme et respect de la diversité, une Afrique prospère est envisageable. 

L’auteure est présidente du Centre pour la diplomatie publique en Russie.