Un atelier Luban offre une formation technique et professionnelle pour les futurs talents du secteur automobile en Tanzanie.

Des étudiants s’initient aux compétences professionnelles au sein de l’atelier Luban, à Dar es Salaam, en Tanzanie, le 20 mars. (XINHUA) 

Abdullahi Okelo, situé à Dar es Salaam en Tanzanie, s’efforce de concentrer toute son attention sur son outil, impatient de débuter son travail pratique d’assemblage de moteurs automobiles, en préparation de l’évaluation finale par ses tuteurs. La détermination d’Abdullahi découle de sa passion pour l’ingénierie mécanique et de ses années de persévérance à affiner ses compétences en ingénierie, dans l’espoir d’y bâtir sa carrière. 

« Je suis fier d’être étudiant à l’atelier Luban, et d’avoir l’opportunité d’apprendre auprès des tuteurs les plus compétents. C’est un rêve devenu réalité, et je m’engage à donner le meilleur de moi-même pour atteindre mes objectifs », a confié Abdullahi à CHINAFRIQUE. 

Selon l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique, il est nécessaire de créer au moins 475 millions de nouveaux emplois sur le continent au cours de la prochaine décennie pour absorber les 73 millions de jeunes actuellement sans emploi et les 40 millions de nouveaux travailleurs qui arrivent sur le marché du travail chaque année. 

C’est dans ce contexte que le Zibo Vocational Institute (ZBVI) de Chine et le National Institute of Transport (NIT) de Tanzanie ont récemment lancé la première série de programmes de formation de l’atelier Luban. Ces derniers ont pour but de doter les étudiants tanzaniens du NIT des compétences requises en technologies d’assemblage et de révision automobiles, tout en renforçant leurs connaissances en langue chinoise. 

Renforcement des compétences 

En accord avec l’Agenda 2030 de l’ONU et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, la Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique (2016-2025) met l’accent sur le développement de compétences techniques et professionnelles. Cette stratégie souligne notamment l’importance d’un accès à un enseignement technique et professionnel de qualité, ainsi qu’à une formation orientée vers l’emploi et l’entrepreneuriat. 

Le projet d’atelier Luban a été élaboré dans le but d’offrir des ressources éducatives de haute qualité pour l’ingénierie automobile en Tanzanie, parmi d’autres disciplines connexes, et de former des talents compétents dans ce domaine. 

Dans le cadre du Forum sur la Coopération sino-
africaine, ce programme sino-tanzanien vise à renforcer les compétences des jeunes Tanzaniens sur le marché du travail. Le projet a été présenté au NIT en octobre 2022 et a réussi à attirer plus de 30 étudiants. 

Faraja Nyangassa, maître de conférences en ingénierie automobile au NIT, a récemment souligné que l’atelier Luban se distingue des autres ateliers traditionnels en étant plus axé sur la pratique et en se concentrant sur le montage et le démontage de véhicules modernes. 

Lors du lancement du premier groupe du programme de formation conjoint, Zacharia Mganilwa, recteur du NIT, a affirmé que les étudiants en automobile de l’institut seraient désormais capables de maîtriser les méthodes d’assemblage, d’inspection et de débogage d’automobiles, ainsi que de réaliser l’entretien adéquat des véhicules. 

« Les étudiants seront dotés de compétences pratiques avant l’obtention de leur diplôme et seront capables de comprendre les schémas d’assemblage. Ceux qui termineront ce programme pourront réparer les systèmes électriques et mécaniques des voitures ainsi que les systèmes de contrôle électronique », a déclaré M. Mganilwa. 

Sun Qiyou, président du ZBVI, a rapporté : « Nous avons mis en place des préparatifs généraux comprenant l’affectation des enseignants, la conception du programme et de nombreux autres aspects. Nous avons élaboré un programme de formation adaptée aux besoins des étudiants, incluant plusieurs séminaires pédagogiques pour discuter des méthodes d’enseignement, du contenu des cours et d’autres détails. » 

Le lancement d’un programme de formation conjoint de l’atelier Luban, organisé via Zoom au National Institute of Transport, à Dar es Salaam, en Tanzanie, le 28 février. (NIT) 

Un appui de la Chine 

Selon le ministère chinois de l’Éducation, l’atelier Luban est devenu un emblème de la coopération internationale en matière d’enseignement professionnel chinois. À ce jour, 27 ateliers Luban ont été instaurés dans les pays se trouvant sur le tracé de « la Ceinture et la Route », avec les collèges professionnels de Tianjin en tête, ayant établi 21 ateliers dans 20 pays différents. La Chine a également mis en place un total de 12 ateliers Luban dans 11 pays africains, incluant le Kenya, l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Égypte, la Côte d’Ivoire et l’Éthiopie. 

Il est certain que l’atelier Luban a comblé un vide dans la coopération entre la Chine et l’Afrique en matière d’enseignement professionnel. Le Forum économique mondial prévoit que chaque année durant les deux prochaines décennies, 15 à 20 millions de jeunes Africains intégreront la main-d’œuvre. D’ici 2030, plus d’un quart de la population mondiale de moins de 25 ans sera en Afrique, constituant 60 % de la population totale du continent. À cette date, l’Afrique comptera pour 15 % de la population mondiale en âge de travailler, et sa population urbaine dépassera les 700 millions. 

Il est donc primordial de préparer dès maintenant la formation de la main-d’œuvre actuelle et future du continent à travers une stratégie politique globale, incluant l’engagement du secteur privé et des réformes institutionnelles. 

John Mahona, chef du département d’ingénierie et de technologie des transports du NIT, a récemment exprimé que les cours proposés par l’atelier sont conçus pour produire des diplômés capables de répondre aux besoins des employeurs ainsi qu’aux défis de l’entrepreneuriat au XXIe siècle, et prêts à occuper des postes d’ingénieurs. 

C’est pourquoi certains ingénieurs automobiles locaux, exerçant leurs compétences dans les garages improvisés de Dar es Salaam, se réjouissent de l’introduction des programmes de l’atelier Luban dans leur région. 

Âgé de 20 ans, Josphat Adjiambo est l’un des plus jeunes ingénieurs automobiles basés à Kariako, dans le quartier des affaires de Dar es Salaam. Il est devenu un « spannerman » ou spécialiste des outils, pour gagner sa vie, grâce à sa passion pour l’ingénierie automobile. 

« L’implantation de l’atelier Luban ici est une évolution très positive, d’autant plus qu’il propose aussi des cours en ligne. Je suis impatient de m’y inscrire et d’améliorer mes compétences en ingénierie automobile », a-t-il soutenu. 

Reportage de Tanzanie