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  2023-09-04
 

Contre vents et marées

VOL. 15 SEPTEMBRE 2023 par Daryl Swanepoel  ·   2023-09-04
Mots-clés: FCSA ; IDM ; ISM

Face à un environnement mondial difficile, la Chine et l’Afrique doivent redoubler d’efforts pour maintenir leur coopération.

Des employés de la China Civil Engineering Construction Corporation inspectent un réservoir situé à Buswelu, dans la région de Mwanza, en Tanzanie, le 12 juin. (XINHUA) 

 

La pandémie de COVID-19, conjuguée à la crise russo-ukrainienne, a induit de profondes mutations sur l’échiquier international. Deux phénomènes en découlent : la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales et l’émergence d’un paysage géopolitique multipolaire. Ni la Chine ni l’Afrique n’y échappent. 

 

La COVID-19 a impacté l’économie mondiale, affectant la Chine et l’Afrique. Les confinements ont ralenti l’économie, tandis que la Chine ressent la pression de la crise amplifiée par la crise russo-ukrainienne et la politique plus introvertie des États-Unis. 

 

Sur le continent africain, ce conflit a entraîné une hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie, bouleversé le commerce, réduit les marges budgétaires, entravé les transitions énergétiques vertes et diminué les investissements destinés au développement. Les conséquences sont alarmantes : une inflation sans précédent et une pénurie alimentaire inédite. L’Afrique voit ainsi s’effriter la croissance économique qu’elle aurait pu connaître sans la menace de la COVID-19. 

 

Face au contexte changeant, la collaboration sino-africaine ne doit pas être sacrifiée pour la géopolitique. Les pays africains doivent éviter de prendre parti dans les conflits mondiaux et privilégier leurs intérêts à long terme. 

 

Les bienfaits de la coopération 


La relation sino-africaine s’est révélée être un pilier majeur du développement économique et social de l’Afrique. En réalité, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique et sa principale source d’investissement direct étranger. Cette collaboration a grandement influencé le développement des infrastructures et stimulé la croissance économique du continent. De nombreux pays, tels que l’Angola, ont bénéficié de prêts de développement chinois. La Chine a également investi dans le secteur agricole et promu la mise en place de zones commerciales spéciales et d’autres espaces économiques stratégiques dans différents pays africains. 

 

Dans le cadre de sa stratégie de mondialisation, la Chine a diversifié ses engagements en Afrique, investissant dans un large spectre d’industries, depuis le développement des énergies renouvelables jusqu’aux télécommunications et à l’agriculture. Grâce à un financement combiné, issu à la fois du secteur public et privé, elle a contribué à la construction de routes, voies ferrées, ports, aéroports, hôpitaux, écoles et stades, tout en apportant une assistance humanitaire. 

 

De plus, la Chine s’efforce d’accompagner l’Afrique vers une stabilité accrue. Lors de l’ouverture de la huitième Conférence ministérielle du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) en novembre 2021, le Président chinois Xi Jinping a souligné l’importance cruciale de la paix et de la sécurité. Il a annoncé la mise en place de dix projets dédiés à la consolidation de la paix et à la sécurité sur le continent africain. 

 

Un employé sur le chantier du poste de transformation de Konza, dans le comté de Machakos, au Kenya, le 5 mai. (XINHUA) 


Valoriser le multilatéralisme 


Bien que certains observateurs extérieurs perçoivent le FCSA avec scepticisme, ce dernier ne devrait pas être détourné par ces critiques. Il devrait plutôt intensifier son engagement envers le multilatéralisme. Dans cette optique, deux points méritent sa considération. 

 

En premier lieu, le FCSA devrait créer en son sein un groupe de réflexion stratégique et inclusif. Celui-ci aurait pour mission d’anticiper les changements du paysage diplomatique et de répondre aux défis économiques émergents, notamment ceux engendrés par les puissances de plus en plus introverties. De plus, les actions du FCSA devraient s’aligner sur les directives de l’Initiative pour le développement mondial (IDM) et de l’Initiative pour la sécurité mondiale (ISM). 

 

Le groupe de réflexion nécessite des ressources suffisantes et une structure bien organisée afin de mener des recherches et analyses solides à l’appui des décideurs du FCSA. Pour ce faire, il est impératif d’établir un mécanisme de coordination inclusif, qui tienne compte tant des contributions chinoises qu’africaines, afin d’assurer des résultats de recherche pertinents et durables dans tous les domaines stratégiques des initiatives. 

 

Il est essentiel de former des équipes alignées sur les objectifs de l’IDM et de l’ISM. Étant donné que les priorités de ces initiatives coïncident largement avec les 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies – touchant des sujets tels que l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la santé, l’action climatique, la préservation de la planète, l’industrialisation et l’innovation, entre autres – les projets de ces équipes devraient être en harmonie avec les ODD. Le Forum Chine-Afrique des Think Tanks pourrait évoluer pour devenir cette structure dédiée.

 

En second lieu, l’Afrique devrait plaider pour une collaboration triangulaire impliquant elle-même, la Chine et l’Occident. Des relations équilibrées tant avec la Chine qu’avec l’Occident servent au mieux les intérêts africains. Ainsi, un mécanisme qui favorise la concertation tripartite sur les enjeux de développement et de sécurité serait bénéfique pour orienter efficacement les démarches diplomatiques et les initiatives intergouvernementales de l’Afrique. 

 

En effet, les esprits les plus pragmatiques reconnaissent l’importance de renforcer les relations entre la Chine et les États-Unis. Pour l’illustrer, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a souligné récemment que, malgré les tensions, les États-Unis et la Chine doivent apprendre à coexister. 

 

Établir cette relation demandera des canaux de dialogue entre les deux nations. Tandis que l’Afrique évalue sa relation avec chacun, l’importance d’une triangulation devient claire. Étant donné les tensions actuelles, une approche directe à trois pourrait ne pas être immédiatement réalisable, rendant un dialogue parallèle plus approprié. Peu importe la méthode, la nécessité d’agir est pressante. 

 

Le lancement de ce dialogue triangulaire pourrait se matérialiser par une table ronde prestigieuse réunissant universitaires, analystes géopolitiques et experts. Leur mission serait d’étudier les voies de convergence, de coopération et de coexistence. Il est primordial que l’entité à l’origine de cette initiative soit neutre. 

 

*Cet extrait provient d’un article de l’Inclusive Society Institute, intitulé Naviguer dans la coopération sino-
africaine dans un contexte géopolitique tendu. Il a été préparé pour la 12e Réunion du Forum Chine-Afrique des Think Tanks, tenue les 30 et 31 mai à Jinhua, au Zhejiang, en Chine. 

 

L’auteur est directeur général de l’Inclusive Society Institute, Afrique du Sud. 

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