L’ICR joue un rôle essentiel comme plateforme favorisant la modernisation à la chinoise.

Un navire transportant d’importants réservoirs destinés au stockage de gaz liquéfié quitte le port de Rongcheng, situé dans la province du Shandong, en direction de l’Angola, le 11 avril. (VCG) 

En septembre et octobre 2013, lors de ses visites au Kazakhstan et en Indonésie, le Président chinois Xi Jinping a présenté d’importantes initiatives, désormais regroupées sous l’appellation d’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR). 

Au fil de la dernière décennie, l’ICR s’est imposée comme un bien public international reconnu et comme une plateforme majeure de coopération internationale. En mai 2023, la Chine avait conclu plus de 200 accords de coopération relatifs à l’ICR, englobant divers secteurs, avec 152 pays et 32 organisations internationales. 

Cette année, nous célébrons le 10e anniversaire de l’ICR. Le journal chinois Wenhui Bao a interviewé trois experts afin de recueillir leurs opinions sur les accomplissements de l’initiative et les perspectives qu’elle ouvre. Ces experts sont Xu Hongcai, directeur adjoint de la Commission de politique économique de l’Association chinoise des sciences politiques ; Mao Xinya, directrice du Centre de recherche sur l’ICR et la Ceinture économique du Yangtsé ; et Zou Lei, directeur à l’École du Parti relevant du Comité du Parti communiste chinois (PCC) pour la municipalité de Shanghai. Voici un extrait édité de l’interview : 

Wenhui Bao : La mise en avant de la création d’une « communauté de destin pour l’humanité » est mise en évidence dans le rapport du XXe Congrès national du PCC comme étant un pilier central de la modernisation à la chinoise. L’ICR offre une plateforme concrète pour matérialiser cette vision. Pourriez-vous nous éclairer sur les démarches et les réussites spécifiques relatives à la modernisation à la chinoise via l’ICR ? 

M. Zou : Au cours de la dernière décennie, grâce à la collaboration entre la Chine et les pays partenaires de l’ICR, cette initiative est passée d’une simple vision à une réalisation concrète. Elle a obtenu des résultats notables et a séduit plus de 150 pays ainsi que plus de 30 organisations internationales, élargissant ainsi son « cercle d’amis ». 

L’ICR est avant tout un projet de modernisation global qui mobilise une vaste population et s’engage pour un développement pacifique. Tout comme la modernisation à la chinoise, elle aspire à une prospérité partagée, à un essor matériel, culturel et éthique, ainsi qu’à une harmonie entre l’homme et la nature. Il en ressort que la modernisation à la chinoise et l’ICR sont en parfaite synergie, se complétant et se renforçant mutuellement. 

Dans le cadre de l’ICR, la modernisation à la chinoise vise la justice et les intérêts collectifs, cherchant à aligner les marchés intérieurs et internationaux tout en prônant l’ouverture, le développement durable et l’innovation. Cette approche bénéficie à la Chine et à ses partenaires de l’ICR. Depuis son lancement, elle a renforcé l’économie chinoise et étendu son influence sur les marchés mondiaux. Les valeurs de ce modèle gagnent en acceptation, à mesure que davantage de nations comprennent la trajectoire chinoise, s’alignant sur sa vision du développement. 

M. Xu : Les avancées réalisées par l’ICR au cours de la décennie écoulée sont impressionnantes. Entre la Chine et les pays partenaires, les progrès dans la connectivité des infrastructures ont été significatifs. Les investissements ont augmenté, et la coopération commerciale bilatérale a atteint des niveaux inédits, faisant de ces pays des partenaires commerciaux majeurs pour la Chine. Ces succès illustrent que la modernisation à la chinoise priorise la paix, le développement, la collaboration et les avantages réciproques. La collaboration au sein de l’ICR honore le droit de chaque pays à choisir sa propre voie de développement. En Afrique, par exemple, la Chine s’assure que les initiatives de coopération sont proposées, approuvées et pilotées par les nations africaines elles-mêmes, en répondant à leurs besoins concrets, sans imposer de conditions politiques. 

Mme Mao : L’une des particularités majeures de la modernisation à la chinoise est son attachement à un développement harmonieux. L’ICR, en s’inspirant de la philosophie de la Route de la soie qui prône la paix, la coopération, l’ouverture, l’inclusion, l’échange culturel et les bénéfices communs, a établi un réseau de connectivité comprenant six corridors, six axes de liaison et de multiples pays et ports. Elle a métamorphosé des nations auparavant isolées, telles que le Laos et le Népal, en les reliant davantage au monde, et a offert au Kazakhstan, pays enclavé, une ouverture vers la mer. Grâce à cette initiative, les pays partenaires ont bénéficié d’une réduction des délais de transport et d’une meilleure efficacité commerciale. De plus, par le biais d’une collaboration industrielle, elle a stimulé la modernisation des infrastructures industrielles de ces pays, facilitant ainsi leur intégration dans les chaînes de valeur régionales et internationales. 

L’initiative s’est avérée être un puissant levier pour lutter contre la pauvreté et stimuler la croissance économique. Selon les chiffres de la Banque mondiale, grâce à l’ICR, 7,6 millions de personnes sortiront de l’extrême pauvreté et 32 millions échapperont à la pauvreté modérée d’ici 2030. L’ICR offre, en somme, une opportunité aux pays partenaires de prendre le train rapide de la croissance chinoise, procurant des bénéfices concrets à leurs citoyens.  

Un motard traverse une route, édifiée par des ingénieurs chinois, à Haripur au Pakistan, croisant au passage des moutons, le 22 décembre 2017. (VCG) 

Dans le sillage de l’ICR, la Chine collabore avec les pays partenaires en adoptant une approche équitable et mutuellement profitable, se détachant ainsi des anciennes méthodes de modernisation basées sur la guerre, la colonisation et l’exploitation. 

La Chine s’engage à poursuivre une ouverture de haut calibre, en mettant l’accent sur le développement de qualité supérieure de l’ICR. Quelles perspectives inédites cette démarche pourrait-elle offrir aux partenaires de l’ICR ? 

M. Zou : Tout d’abord, l’accès au marché chinois présente un potentiel élargi. La Chine est actuellement le principal atelier et marché mondial. L’accroissement des importations répond non seulement aux besoins de modernisation industrielle et de consommation chinoise, mais élargit aussi le marché pour les produits de qualité des pays partenaires de l’ICR. Grâce à des plateformes telles que l’Exposition internationale des importations de Chine et la coopération e-commerce de la Route de la soie, la Chine a tracé un chemin d’accès privilégié pour ses partenaires, boostant leurs secteurs industriels et commerciaux. 

Ensuite, l’opportunité se trouve dans le développement écologique. L’axe vert de la Route de la soie est primordial pour l’ICR. Face à l’impératif d’une relance économique verte dans les pays partenaires, la Chine intensifiera la coopération internationale écologique et climatique, se concentrant sur des piliers tels que l’énergie, l’infrastructure, le transport et la finance écologiques. Ainsi, le credo chinois valorisant la nature intacte profitera aux habitants de ces nations. 

Enfin, des opportunités résident dans la coopération technologique et numérique. Nous assistons à une révolution technologique et à une mutation industrielle rapide. S’adapter à ces évolutions est primordial pour rester compétitif à l’échelle internationale. La Chine et les pays partenaires de l’ICR collaboreront pour déceler de nouvelles aires de croissance, en accentuant la souveraineté technologique et la connectivité numérique, afin de dynamiser l’industrialisation, l’urbanisation et la modernisation des nations partenaires.