L’horizon de la coopération sino-africaine, dans les domaines du commerce, de l’investissement et du développement économique, semble prometteur.

Des membres du personnel d’une entreprise chinoise travaillent sur un projet routier dans l’État de Gombe, au Nigeria, le 22 novembre 2023. (CNSPHOTO)

La transition entre 2023 et 2024 marque un tournant significatif dans les relations entre la Chine et l’Afrique. Ces relations ont connu une évolution majeure, contribuant notablement au développement économique de l’Afrique, particulièrement dans les secteurs du commerce, de l’investissement et des infrastructures. Cette croissance impressionnante est en grande partie le fruit des initiatives du gouvernement chinois, telles que l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR), le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), l’Exposition internationale des importations de Chine (CIIE), parmi d’autres. L’ICR, en particulier, a joué un rôle central dans ces relations.

En 2023, l’ICR a célébré ses dix ans, ouvrant ainsi un nouveau chapitre de développement sur le continent africain. Ce dernier a bénéficié d’une transformation infrastructurelle significative, visible dans la construction de projets majeurs tels que les gazoducs et oléoducs, les voies maritimes, les chemins de fer, les routes et les ports. L’investissement chinois dans les infrastructures africaines répond à la nécessité d’améliorer les performances infrastructurelles du continent, un facteur clé pour l’intégration régionale, la réduction de la pauvreté, la création d’emplois et le développement économique.

Parmi les pays qui ont connu une croissance transformationnelle des infrastructures en Afrique figurent le Kenya, l’Éthiopie, le Mozambique, la République démocratique du Congo, Djibouti, le Nigeria, le Tchad, le Soudan et l’Afrique du Sud. Commémorant une décennie d’existence de l’ICR l’année dernière, le gouvernement chinois a noté que 52 des 53 pays africains entretenant des relations diplomatiques avec la Chine avaient signé des accords-cadres de coopération de l’ICR pour le développement des infrastructures.

Ethiopian Airlines lance un vol Chine-Afrique à Guangzhou, dans la province du Guangdong, le 26 octobre 2023. (CNSPHOTO)

Échanges et investissement

Depuis sa création en 2000, le FCSA a joué un rôle clé dans l’augmentation du commerce, des investissements et de la coopération technique entre la Chine et l’Afrique, engendrant une croissance multisectorielle dans leur coopération bilatérale. Les données de l’Administration générale des douanes chinoises révèlent une progression constante du commerce sino-africain durant les sept premiers mois de 2023. Durant cette période, le commerce entre ces deux partenaires a connu une hausse de 7,4 % en glissement annuel, atteignant 1 140 milliards de yuans (160 milliards de dollars). La Chine s’est affirmée comme le principal partenaire commercial de l’Afrique au cours de la dernière décennie, avec un volume commercial bilatéral de 282 milliards de dollars en 2022, marquant une augmentation de 11,1 % sur un an.

Au cours des sept premiers mois de 2023, les exportations chinoises vers l’Afrique ont connu une croissance de 20 % en glissement annuel, s’élevant à 709,59 milliards de yuans (100 milliards de dollars). Parallèlement, les importations en provenance d’Afrique ont totalisé 426,65 milliards de yuans (60 milliards de dollars). Les exportations chinoises, notamment les navires et les automobiles, ont enregistré des hausses respectives de 81,3 % et 26,1 % durant cette période. Les produits mécaniques et électriques ont également connu une augmentation notable de 32,5 %, représentant 50,1 % des exportations totales de la Chine vers l’Afrique.

Concernant les importations chinoises en provenance d’Afrique, les produits les plus notables incluent le pétrole brut, les minerais métalliques, les minerais de sable et les produits agricoles. Grâce aux accords établis via le FCSA, l’Afrique a bénéficié de technologies essentielles pour la transformation de ses produits primaires, renforçant ainsi leur compétitivité sur les marchés internationaux. La Chine, soucieuse de diversifier ses échanges commerciaux avec l’Afrique, a pris des mesures pour favoriser un commerce équilibré. Dans cette optique, le Président chinois Xi Jinping a annoncé en 2017 que la tenue annuelle de la CIIE à partir de 2018 offrirait aux pays africains un accès privilégié à un marché vaste et dynamique.

Pavillon mozambicain au Parc de démonstration de l’innovation pour la promotion de la coopération économique et commerciale sino-africaine à Changsha, province du Hunan, le 30 juin 2023. (CNSPHOTO)

Vision 2024

À l’orée de l’année 2024, l’Afrique se concentre avec espoir sur ses attentes légitimes vis-à-vis de la Chine en tant que partenaire clé pour le commerce, l’investissement, ainsi que pour la croissance et le développement économiques. En plus d’autres initiatives visant à renforcer les liens sino-africains, une attention particulière sera portée à la septième édition de la CIIE en novembre. Cette exposition sera une opportunité pour les pays africains de pénétrer davantage le marché chinois, avec l’objectif de réduire le déséquilibre commercial. Ils chercheront également à accroître le tourisme en Afrique, augmenter les revenus en devises et créer des opportunités d’emploi pour les jeunes chômeurs.

Selon les prévisions de l’Organisation de coopération et de développement économiques, la croissance économique mondiale ne devrait pas excéder 2,9 % en 2023, avant de légèrement reculer à 2,7 % en 2024, puis de remonter à 3 % en 2025. Même si l’inflation devrait diminuer et les revenus réels se renforcer, la croissance économique mondiale restera fortement dépendante de la dynamique des économies asiatiques, avec la Chine jouant un rôle pivot dans la reprise économique mondiale, en raison de son interdépendance persistante avec d’autres économies.

Par ailleurs, l’ICR entame sa deuxième décennie d’existence. Les résolutions adoptées lors du troisième Forum de « la Ceinture et la Route » pour la coopération internationale (BRF), qui s’est tenu en octobre 2023, orienteront les relations sino-africaines dans la nouvelle année. L’avenir de ces relations dépendra des engagements et des résolutions pris lors du BRF, du FCSA, de la CIIE et de l’évolution du groupe élargi des BRICS.

Des employés s’affairent à la construction d’un escalier mécanique destiné à être exporté vers l’Afrique dans une usine de Huzhou, province du Zhejiang, le 23 août 2023. (CNSPHOTO)

Le développement immédiat de l’Afrique dépend de la mise en œuvre des résolutions du troisième BRF. Le Président Xi promeut un développement mondial ouvert et inclusif, mettant l’accent sur la coopération élargie en matière de connectivité physique et institutionnelle. L’Afrique devrait bénéficier de cette approche coopérative axée sur la consultation, la contribution conjointe et les bénéfices partagés. L’accent est mis sur la construction d’un réseau de connectivité continental incluant des corridors économiques et des infrastructures variées, ce qui renforcera l’attrait de l’Afrique pour le commerce et les investissements étrangers.

La collaboration sino-africaine améliore l’infrastructure en Afrique, avec des projets comme des trains à grande vitesse, l’expansion des réseaux routiers et aériens, et de nouveaux ports. Cette coopération soutient également le commerce électronique et vise à réduire les coûts de fabrication en développant des énergies renouvelables pour répondre aux pénuries d’énergie et aux coûts élevés de l’électricité.

Le FCSA joue un rôle crucial dans les relations entre la Chine et l’Afrique. Lors de sa conférence de 2021 à Dakar, le FCSA s’est concentré sur des programmes dans neuf domaines, en accord avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine, incluant la santé, la réduction de la pauvreté et l’agriculture, le commerce, les investissements, le numérique, le développement vert, le renforcement des capacités, les échanges culturels et la paix. Le Plan d’action de Dakar (2022-2024) et d’autres documents ont été adoptés pour guider ces efforts. L’Afrique, envisageant de devenir un pôle majeur de la croissance mondiale, attend avec impatience le renforcement de ces liens.

L’auteur est économiste, consultant et commentateur régional 
sur le commerce et l’investissement à Nairobi, Kenya.