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  2024-03-04
 

Au carrefour des géants

VOL. 16 / MARS 2024 par Charles Onunaiju  ·   2024-03-04
Mots-clés: Wang Yi ; Côte d'Ivoire ; Blinken

La diplomatie chinoise en Afrique et l’adaptation américaine.  

Le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi en entretien avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi au Caire, en Égypte, le 14 janvier. (MINISTÈRE CHINOIS DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES) 

  

Du 13 au 18 janvier, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a entrepris une tournée dans quatre nations africaines, perpétuant ainsi la tradition de plus de trente ans qui veut que les premières visites annuelles des ministres chinois des Affaires étrangères soient réservées à l’Afrique. Bien que ces visites soient désormais une pratique courante dans la diplomatie chinoise, elles transcendent la simple formalité. Elles incarnent une tradition de collaboration sino-africaine axée sur le pragmatisme, caractérisée par des échanges mutuels et des bénéfices concrets. Loin de toute forme d’opportunisme ou de paternalisme, ces visites soulignent un engagement envers les préoccupations spécifiques de chaque pays, dans le cadre de la coopération bilatérale avec la Chine et dans le contexte plus large de la coopération sino-africaine. 

 

La tournée de M. Wang cette année, qui l’a conduit en Égypte et en Tunisie, en Afrique du Nord, ainsi qu’au Togo et en Côte d’Ivoire, en Afrique de l’Ouest, illustre le dynamisme et la détermination de la diplomatie chinoise à répondre aux défis existentiels de la région. De manière symbolique, cette visite confirme l’engagement de longue date de la Chine envers l’égalité des États dans le système international, indépendamment de leur taille. 

 

Les discussions durant cette visite se sont appuyées sur les conclusions du Dialogue des dirigeants Chine-Afrique, qui s’est tenu en août 2023 à Johannesburg, en Afrique du Sud. Les initiatives portant sur l’industrialisation, la modernisation agricole et le développement des compétences ont été identifiées comme axes prioritaires de coopération. Ces enjeux sont au cœur des ambitions contemporaines de l’Afrique visant à stimuler son dynamisme économique de manière autonome et à maximiser son potentiel, favorisant ainsi l’intégration économique régionale à travers un commerce étendu et les bénéfices d’un marché régional unifié. 

  

Aborder les questions concrètes 


Le Togo, une nation modeste en Afrique de l’Ouest où l’agriculture constitue le socle de l’économie, est sur le point de bénéficier significativement d’une initiative de modernisation agricole ambitieuse. En Côte d’Ivoire, l’accueil réservé à M. Wang a été particulièrement émouvant, coïncidant avec la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football. Cette compétition a mis en lumière les stades flambant neufs, érigés avec le soutien de la Chine. La visite d’Anthony Blinken, secrétaire d’État américain, a souligné les fruits tangibles de la coopération sino-africaine lorsqu’il a assisté à un match dans un de ces stades à Abidjan, témoignant de la solidarité et de l’engagement de la Chine envers la Côte d’Ivoire.

 

Les responsables ivoiriens ont exprimé leur profonde gratitude envers la Chine pour son assistance continue et tangible dans divers secteurs, soulignant l’anticipation positive de l’Afrique pour le prochain Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA). En Égypte et en Tunisie, pays liés par une coopération diplomatique de longue date avec la Chine, M. Wang a abordé avec fermeté les préoccupations régionales. En Égypte, confrontée à des défis humanitaires à sa frontière avec Gaza, il a appelé à un cessez-le-feu immédiat et total, marquant un moment crucial pour renforcer les liens sino-égyptiens, l’Égypte étant le premier pays africain à établir des relations diplomatiques avec la Chine en 1956. La Tunisie, de son côté, a réitéré son engagement envers l’initiative « la Ceinture et la Route », consolidant ainsi sa participation à un cadre de coopération internationale étendu. 

 

Cette tournée de M. Wang à travers quatre pays africains, qui s’inscrit dans une tradition diplomatique de 34 ans, démontre l’engagement de la Chine à adopter des approches innovantes et adaptées aux besoins spécifiques des nations partenaires et au contexte plus large de la coopération multilatérale. Elle souligne également l’importance des consultations mutuelles dans la préparation de l’agenda pour le prochain FCSA, renforçant ainsi les fondements d’une collaboration fructueuse et mutuellement bénéfique. 

  

Le Président ivoirien Alassane Ouattara rencontre le secrétaire d’État américain Anthony Blinken à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 23 janvier. (DÉPARTEMENT D’ÉTAT AMÉRICAIN) 

  

La prise de conscience de Washington 


L’élan des relations sino-africaines et leur contribution à rehausser le profil de l’Afrique sur la scène internationale ont motivé les États-Unis à dépêcher leur diplomate en chef sur le continent, peu de temps après la tournée de M. Wang. Le programme des États-Unis était également ambitieux, mais l’Afrique a constamment appelé ses partenaires internationaux à passer à l’action. Ceci est d’autant plus crucial que les défis existentiels auxquels le continent fait face, ainsi que le potentiel significatif qu’il détient pour influencer l’établissement d’un ordre mondial inclusif et multilatéral, nécessitent bien plus qu’une simple reconnaissance verbale. 

 

La tournée de M. Blinken, qui l’a mené en Côte d’Ivoire, au Cap-Vert, au Nigeria et en Angola du 21 au 26 janvier, a été marquée par un accent sur la sécurité et le soutien des États-Unis dans la lutte contre l’insurrection et l’extrémisme. En Côte d’Ivoire, le Président Alassane Ouattara a non seulement reconnu les préoccupations américaines mais a également mis en avant les efforts de son gouvernement pour améliorer le bien-être de sa population. 

 

Contrairement aux stratégies précédentes de contenir la Chine et la Russie, M. Blinken a évité de mettre en garde les pays africains contre ces deux nations. Cette approche témoigne d’une reconnaissance de la maturité politique de l’Afrique, qui, selon un ancien leader nigérian, est désormais capable de choisir ses partenariats sans influence extérieure. 

 

Les dirigeants africains ont clairement indiqué leur désir que l’Afrique ne devienne pas un champ de bataille pour les rivalités entre grandes puissances. Ils ont plutôt souligné leur ouverture à des partenariats mondiaux qui aborderaient des enjeux allant au-delà des frontières africaines, notamment en matière de paix durable et de sécurité mondiale, grâce à un dialogue élargi. Dans le but d’identifier des bases communes couvrant des domaines aussi variés que le développement équitable, la sécurité partagée, les initiatives climatiques, et une gouvernance inclusive qui tienne compte des préoccupations et aspirations de chaque nation, la Chine et l’Afrique ont embrassé le concept de « communauté d’avenir partagé ». Ce partenariat est fondé sur le respect mutuel, des consultations approfondies et un dialogue constant, caractéristiques d’une coopération et de relations en perpétuelle évolution et innovation. 

 

Alors que les États-Unis entament leur engagement diplomatique en Afrique en début d’année, il leur est recommandé d’écouter attentivement les préoccupations pratiques du continent et de s’abstenir de prescrire des idéaux qui ne correspondent pas nécessairement aux réalités et aux défis auxquels les Africains sont confrontés. 

  

L’auteur est directeur du Centre d’études chinoises à Abuja, au Nigeria. 

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