Points saillants des relations Niger-Chine au cours des 50 dernières années. 

S. E. Garba Seyni, ambassadeur du Niger en Chine. (DONATIEN NIYONZIMA) 

Au cours des cinquante dernières années, les relations diplomatiques entre le Niger et la Chine ont été solides et dynamiques, reflétant une vision commune du développement et des avantages mutuels. Ce jubilé d’or marque une étape cruciale dans la collaboration internationale et démontre comment les alliances stratégiques peuvent considérablement favoriser les intérêts nationaux et la stabilité régionale. La croissance des relations entre le Niger et la Chine met en lumière le potentiel de la coopération Sud-Sud et les avantages concrets qu’elle offre aux pays concernés. 

Les relations diplomatiques entre le Niger et la Chine ont débuté en 1974, à une époque où les deux nations exploraient de nouveaux horizons en matière de politique étrangère. Depuis, ces relations se sont développées dans divers domaines, tels que la coopération politique, économique, culturelle et technique. « Le Niger et la Chine ont développé une relation fondée sur le respect mutuel et les aspirations communes, ce qui a joué un rôle essentiel dans la croissance et la stabilité des deux pays », a déclaré l’ambassadeur du Niger en Chine, Garba Seyni, dans une interview exclusive à CHINAFRIQUE. 

De la confiance réciproque 
à la collaboration multilatérale 

La coopération politique est au cœur des relations entre le Niger et la Chine. Le dialogue politique est illustré par des visites de haut niveau, comme la récente visite en Chine du ministre nigérien de la Défense en juin. Ces visites ne se limitent pas à des cérémonies, mais sont également l’occasion de discuter des intérêts stratégiques et de renforcer les relations bilatérales. Les titulaires de passeports diplomatiques et de service bénéficient d’une exemption de visa, témoignant de la confiance et de la facilité d’interaction entre les deux pays, ce qui renforce les relations diplomatiques et facilite la communication. 

Selon l’ambassadeur Seyni, « la Chine est perçue comme un allié essentiel pour le Niger dans sa recherche de paix et de développement », une perception corroborée par de nombreux accords bilatéraux visant à renforcer la coopération politique. Ces relations politiques solides ont permis d’établir d’importants échanges économiques et culturels entre les deux nations. 

Le protocole d’accord signé en 2019 dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route » a inauguré une nouvelle ère de coopération entre le Niger et la Chine. Selon l’ambassadeur Seyni, cette initiative s’aligne parfaitement sur la stratégie de développement du Niger, en mettant l’accent sur des secteurs clés tels que le transport, l’énergie et le commerce. Elle a permis de développer de nouvelles infrastructures et de renforcer les liens économiques entre les deux pays.  

Sur le plan international, le Niger et la Chine ont collaboré dans divers contextes. Le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) constitue une plateforme essentielle permettant aux deux pays de partager leurs priorités et leurs stratégies. Dans le cadre du FCSA, le Niger et la Chine ont abordé des problématiques cruciales telles que les pénuries d’énergie et les problèmes de sécurité liés au terrorisme, illustrant ainsi l’importance de la coopération multilatérale pour relever des défis globaux. 

Dans les forums internationaux, le Niger a toujours soutenu la Chine et s’est engagé à défendre les intérêts communs sur la scène mondiale. Cette coopération multilatérale inclut également des actions au sein des Nations unies et d’autres organisations internationales, où les deux pays collaborent pour promouvoir la paix, la stabilité et le développement. 

Vue du pont Général Seyni Kountché sur le fleuve Niger, un projet réalisé avec le soutien de la Chine, à Niamey, au Niger, le 10 février 2021. (XINHUA) 

Une coopération mutuellement bénéfique 

La relation économique entre le Niger et la Chine a connu une évolution remarquable. Le développement des infrastructures au Niger a été largement influencé par les investissements chinois. L’expertise et le financement chinois ont soutenu le développement du Niger, comme en témoigne la construction d’un stade de 35 000 places, de ponts imposants et du plus grand hôpital du pays. 

L’ambassadeur Seyni a souligné que l’un des projets les plus significatifs est l’exploitation du gisement d’Agadem par la China National Petroleum Corporation. Grâce à ce projet, le Niger est devenu un producteur de pétrole, ce qui a entraîné une croissance économique significative. La construction d’un oléoduc de 2 000 kilomètres reliant les champs pétroliers du Niger au port du Bénin illustre l’ampleur et l’ambition des investissements chinois dans le secteur énergétique nigérien. 

L’ambassadeur Seyni a souligné que « les investissements chinois ont joué un rôle essentiel dans la transformation du Niger en un acteur clé de l’industrie pétrolière ». Cette collaboration économique ne se limite pas à l’industrie pétrolière, mais s’étend également aux secteurs de l’uranium et du ciment, démontrant la diversité des investissements chinois au Niger. 

Au fil des ans, les échanges commerciaux entre le Niger et la Chine ont affiché une croissance impressionnante. Durant les quatre premiers mois de 2024, le volume des échanges a bondi de 25,8 % par rapport à la période correspondante de l’année précédente, témoignant du dynamisme économique entre les deux nations. 

Le Niger exporte principalement du pétrole et des produits agricoles comme le sésame vers la Chine, tandis que cette dernière envoie au Niger des machines, des produits électroniques et des textiles. Ces échanges bénéficient à chaque pays, fournissant au Niger des biens essentiels et à la Chine des ressources précieuses. 

L’ambassadeur Seyni a souligné que cette augmentation des échanges « reflète les solides liens économiques tissés au fil du temps ». Les deux pays prévoient d’élargir encore leur coopération, explorant de nouvelles opportunités économiques. 

Pour une prospérité commune 

En matière agricole, les techniques chinoises, éprouvées dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, sont adaptées aux conditions spécifiques du Niger, jouant un rôle crucial dans la lutte contre la désertification et l’amélioration de la productivité agricole. « Les projets agricoles chinois au Niger ont renforcé la sécurité alimentaire et amélioré les conditions de vie de nombreux Nigériens », a affirmé l’ambassadeur Seyni. Ces initiatives augmentent la productivité tout en transférant des compétences et savoir-faire aux agriculteurs locaux. 

Les échanges culturels et éducatifs renforcent également les relations bilatérales. La Chine a octroyé de nombreuses bourses permettant aux étudiants nigériens de poursuivre leurs études dans des universités chinoises, favorisant une compréhension mutuelle approfondie. La création prochaine d’un Institut Confucius au Niger témoigne de l’engagement continu en faveur des échanges culturels et éducatifs, offrant un cadre pour la promotion de la langue et de la culture chinoises et renforçant les liens interculturels. 

Les relations sino-nigériennes, établies depuis 50 ans, illustrent comment les partenariats internationaux peuvent stimuler le développement et encourager les bénéfices réciproques. De la coopération politique à la collaboration économique et culturelle, ces relations sont robustes et variées. Alors que le Niger continue de bénéficier de l’expertise et des investissements chinois, l’avenir promet un développement et une prospérité partagés. 

L’ambassadeur Seyni a conclu sur une note positive : « Nos relations avec la Chine ont été marquées par une croissance soutenue et des avantages mutuels. En envisageant l’avenir, nous sommes convaincus que ce partenariat continuera de s’épanouir, de favoriser la prospérité de nos nations et de promouvoir la solidarité mondiale. »