2024-08-01 |
Des sillons de prospérité |
VOL.16 / AOÛT 2024 CHINAFRIQUE · 2024-08-01 |
Mots-clés: modernisation agricole ; Afrique |
Des étudiants africains s’entraînent à la vente en direct à l’École de commerce du Jinhua Vocational and Technical College, dans la province du Zhejiang, le 25 juin. (CNSPHOTO)
L’ancien Président mozambicain, Joaquim Chissano, a reconnu que l’Afrique a tiré profit du développement économique de la Chine, notamment grâce à sa politique de réforme et d’ouverture. Depuis la création du Forum sur la Coopération sino-africaine et le lancement de l’initiative « la Ceinture et la Route », les échanges entre les deux parties se sont intensifiés. Des plateformes telles que l’Exposition économique et commerciale sino-africaine et l’Exposition internationale des importations de Chine ont renforcé cette dynamique.
Quels bénéfices concrets l’ouverture de la Chine apporte-t-elle à ses partenaires africains, notamment en termes d’industrialisation, de modernisation agricole et de développement des ressources humaines ?
Pour une industrialisation durable
TANG XIAOYANG
Professeur au département des relations internationales de l’Université Tsinghua
Au XXIe siècle, l’Afrique entame une nouvelle phase de développement industriel. Malgré une augmentation nominale de son secteur manufacturier, la croissance demeure lente par rapport à l’Asie-Pacifique. En réponse, la Chine propose des initiatives pour renforcer la coopération en matière de capacité de production en Afrique.
La première initiative consiste en la construction de parcs industriels sur le continent africain par des entreprises chinoises, afin de promouvoir une production industrielle à grande échelle. Ces parcs regroupent des industries similaires et encouragent la coopération verticale en offrant des infrastructures et des services. Par exemple, dans la Zone de coopération économique et commerciale Zambie-Chine créée par le China Nonferrous Metal Mining Group en Zambie, en plus de la transformation des minéraux, des entreprises du groupe et locales fournissent des services de soutien.
Une autre initiative majeure réside dans le renforcement du lien entre les infrastructures et les investissements industriels en Afrique. La construction d’infrastructures pose des défis en raison de l’ampleur des investissements nécessaires et des longues périodes de retour sur investissement. Afin d’améliorer l’efficacité et la rentabilité, la Chine et les pays africains développent des projets industriels connexes, tels que le chemin de fer Addis-Abeba-Djibouti, qui intègre infrastructures, parcs industriels et zones économiques spéciales. Le China Merchants Group construit également un nouveau port à Djibouti pour faire face à l’augmentation du trafic.
Enfin, les investissements industriels chinois en Afrique visent à promouvoir une industrialisation durable en produisant des biens adaptés au marché local. Les entreprises chinoises établissent des usines pour fabriquer divers produits de consommation, réduisant ainsi les coûts de transport et répondant aux besoins locaux. Ces produits « Made in Africa » complètent le marché sans remplacer les importations, apportant une nouvelle dynamique.
La voie vers la modernisation agricole
WANG HENG
Directeur adjoint de l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang
L’agriculture est un pilier essentiel de l’économie africaine. La Chine renforce continuellement son soutien et sa coopération avec les pays africains pour favoriser la modernisation agricole, l’augmentation des revenus des agriculteurs et la sécurité alimentaire.
La Chine accroît progressivement ses investissements dans le secteur agricole en Afrique. À la fin de l’année 2020, plus de 200 entreprises chinoises étaient actives dans 35 pays africains, avec un investissement total de 1,11 milliard de dollars dans divers domaines tels que la culture, l’élevage et l’agroalimentaire. Ces investissements ont stimulé le secteur agricole en améliorant sa structure, en renforçant la chaîne alimentaire, en favorisant la commercialisation et en promouvant la mécanisation.
Entre 2020 et 2022, les échanges agricoles entre la Chine et l’Afrique ont augmenté de 7,67 à 8,92 milliards de dollars, avec une croissance annuelle de 7,8 %. La Chine facilite l’accès au marché pour les produits africains via les « corridors verts » et des plateformes d’e-commerce comme le Festival d’achat en ligne de produits africains. Plus de 200 types de produits africains atteignent ainsi les consommateurs chinois, contribuant à réduire la pauvreté en Afrique et à répondre aux besoins en Chine.
Dans cette nouvelle ère de la coopération sino- africaine, la Chine soutient la modernisation agricole en partageant ses technologies avec l’Afrique. Au total, 19 provinces chinoises ont établi des centres pilotes dans 23 pays africains, où elles présentent et adaptent les technologies agricoles avancées chinoises à travers plus de 300 activités d’expérimentation. Cela contribue au développement durable, à l’agriculture numérique et intelligente, ainsi qu’à l’économie bleue sur le continent africain.
Le Vice-Président de l’Afrique du Sud, Paul Mashatile (au centre), coupe le ruban inaugural du Pavillon sud-africain lors de la 6e Exposition internationale des importations de Chine à Shanghai, le 5 novembre 2023. (CNSPHOTO)
Porteur d’espoir pour les jeunes Africains
WANG JINJIE
Secrétaire générale adjointe de l’Institut d’études africaines de l’Université de Pékin
L’insuffisance de l’éducation et le chômage élevé sont des défis majeurs en Afrique. Avec la croissance démographique et l’évolution des industries, il est crucial de renforcer les compétences professionnelles. Les entreprises chinoises en Afrique souffrent d’un manque de travailleurs qualifiés, nuisant à leur productivité. Elles collaborent donc avec les établissements d’enseignement pour promouvoir l’éducation professionnelle et la formation technique, améliorant ainsi le capital humain en Afrique.
En Éthiopie, les entreprises chinoises implantées dans les parcs industriels encouragent le transfert de technologie dans des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre tels que le textile et l’habillement, en recrutant et en formant des travailleurs locaux. Par ailleurs, l’Atelier Luban collabore avec des universités éthiopiennes en utilisant leurs centres techniques et entrepreneuriaux pour offrir des compétences pratiques et des formations en gestion d’entreprise aux étudiants.
En Angola, les investisseurs chinois prennent conscience de l’importance de la formation des ressources humaines. En plus du programme de bourses sino-angolais, ils créent des écoles professionnelles, telles que le Centre de formation professionnelle BN-CITIC Angola, afin de former du personnel qualifié. Ces formations visent à soutenir les activités des entreprises et à offrir des opportunités d’apprentissage social.
La coopération sino-africaine dans le domaine des ressources humaines s’est développée, passant du simple transfert de connaissances à l’assistance au développement des capacités et à la fourniture de solutions. La Chine doit améliorer sa coopération internationale en tenant compte des besoins de l’Afrique, en investissant dans l’éducation et l’emploi des jeunes Africains, et en adoptant une mentalité de partage des connaissances pour progresser ensemble dans les domaines scientifique, technologique et humain.
![]() |