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  2024-09-02
 

Investir dans l'avenir

VOL.16 / SEPTEMBRE 2024  ·   2024-09-02
Mots-clés: FCSA

Un fonds d’investissement basé en Chine promeut un développement de qualité de la coopération économique et commerciale sino-africaine. 

Une employée locale fait sécher la fbre de sisal dans une ferme de la région de Morogoro, en Tanzanie. Cette ferme a été établie par China NationalAgricultural Development Group en collaboration avec le CADFund. (COURTOISIE) 

  

Le Fonds de développement Chine-Afrique, ou CADFund, est le premier fonds d’investissement chinois dédié exclusivement à l’Afrique. Il a pour mission de stimuler le développement économique et l’industrialisation du continent africain, de réduire la pauvreté et d’améliorer les conditions de vie des populations locales. Le fonds vise également à renforcer les capacités africaines en matière de développement durable et à édifier une communauté de destin pour l’humanité, en se concentrant sur des investissements axés sur le marché.  

 

Initié lors du Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) en 2006, le CADFund a été officiellement lancé en juin 2007 avec un capital initial de 10 milliards de dollars. Son siège est situé à Beijing et il possède des bureaux de représentation dans cinq pays africains : l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, la Zambie, le Ghana et le Kenya. 

 

Dans une interview accordée à CHINAFRIQUE, Wang Shaodan, président du CADFund, souligne le rôle crucial du fonds dans le soutien au développement économique de l’Afrique et l’amélioration des conditions de vie des communautés locales. 

 

CHINAFRIQUE : Quels sont les principaux projets d’investissement et réalisations du CADFund ?  


Wang Shaodan : Le CADFund adopte une approche de coopération avec l’Afrique axée sur la sincérité, des résultats tangibles, l’amitié et la bonne foi. Il joue un rôle clé dans la mise en œuvre de l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) et des projets du FCSA. Il exploite les ressources de son principal actionnaire, la Banque de développement de Chine, pour favoriser les investissements chinois en Afrique d’une manière orientée vers le marché. Cette démarche inclut l’apport de capitaux, de technologies, de compétences et de savoir-faire en gestion, renforçant ainsi les capacités de développement autonome du continent. 

 

À la fin de juillet, le fonds avait engagé des investissements totalisant environ 7,6 milliards de dollars dans 39 pays africains. Ces projets englobent des secteurs variés tels que le renforcement des capacités, les infrastructures, l’agriculture, l’amélioration des conditions de vie, l’innovation numérique, le développement durable et la création d’emplois, augmentant ainsi les recettes fiscales et les exportations des pays concernés. Ces initiatives soutiennent l’industrialisation de l’Afrique, la modernisation de son agriculture et favorisent un développement socio-économique durable. 

 

Face aux changements des environnements internes et externes ces dernières années, le CADFund a innové activement et diversifié ses méthodes d’investissement, incluant des participations en capital et des financements par emprunt, pour maintenir ses engagements en Afrique. Il a également soutenu plusieurs projets dans des secteurs émergents tels que les infrastructures numériques, le développement écologique, la chaîne d’approvisionnement sino-africaine et les obligations panda, tout en garantissant la continuité des projets stratégiques bilatéraux. 

  

Des employés travaillent dans une vaste usine de production de perfusions et de sirops médicinaux, construite par le CADFund en partenariat avec Humanwell Healthcare Group. Cette usine représente la première société pharmaceutique moderne au Mali et constitue l’investissement pharmaceutique de la plus haute qualité réalisé par des entreprises chinoises en Afrique. (COURTOISIE) 

  

Comment les projets d’investissement du CADFund accélèrent-ils le processus d’industrialisation de l’Afrique ? Quels changements spécifiques ont-ils apportés à l’amélioration des moyens de subsistance des populations locales ? 


Depuis sa création, le CADFund s’est associé à des entreprises chinoises de premier plan dans divers secteurs pour investir dans un grand nombre de projets majeurs ainsi que des projets « petits et beaux » en Afrique. Ces initiatives ont efficacement soutenu l’industrialisation et la modernisation du continent, tout en améliorant de manière significative les conditions de vie des populations locales. 

 

En premier lieu, le fonds a renforcé la connectivité des infrastructures en investissant dans des secteurs clés tels que les ports, l’aviation, l’électricité et d’autres projets essentiels en Afrique. Parmi ces initiatives figurent le port TICT au Nigeria, la centrale photovoltaïque en Afrique du Sud et la compagnie aérienne AWA au Ghana. Ces projets ont ouvert des corridors économiques et commerciaux pour les régions locales, tout en éliminant les obstacles au développement.  

 

Ces dernières années, en raison du fardeau croissant de la dette des gouvernements locaux, certains projets sociaux et d’infrastructures en Afrique ont été retardés, entravant ainsi le développement socio-économique. Face à ces défis, le CADFund a innové dans son modèle d’investissement. En souscrivant à des obligations d’entreprises et à celles émises par des sociétés affiliées à l’ICR, il a apporté un soutien ciblé pour assurer la poursuite de projets d’infrastructures essentiels tels que des routes, des pipelines, des écoles et d’autres projets « petits et beaux » au bénéfice des populations africaines, résolvant ainsi efficacement les difficultés de financement. 

 

En second lieu, le fonds soutient activement la coopération industrielle sino-africaine en aidant les entreprises chinoises à investir dans des usines en Afrique, favorisant ainsi la production conjointe de ciment, verre, machines, automobiles et appareils électroménagers. Cela accélère l’industrialisation du continent. Grâce à ces investissements, l’Afrique a vu la création de capacités de production significatives, incluant 99 000 véhicules commerciaux, 700 000 climatiseurs, 500 000 réfrigérateurs, 1 000 000 téléviseurs et 2,9 millions de tonnes de ciment. Le fonds investit également dans des parcs industriels comme Lekki au Nigeria et TEDA Suez en Égypte, renforçant les chaînes de valeur locales. 

 

En dernier lieu, le CADFund a contribué à l’amélioration des conditions de vie en investissant dans des secteurs essentiels tels que l’agriculture et la santé en Afrique, tout en stimulant l’emploi. Par exemple, la ferme de sisal en Tanzanie, financée par le fonds, emploie environ 750 personnes locales et bénéficie directement ou indirectement à plus de 60 000 personnes. Cette ferme a également créé un centre de formation sur la réduction de la pauvreté au niveau du village, partageant ainsi l’expertise technique chinoise. 

 

Humanwell Africa Pharmaceutical au Mali, également soutenue par le fonds, est devenue l’usine pharmaceutique la plus moderne d’Afrique de l’Ouest, avec une production annuelle de 40 millions de flacons de grandes infusions et 30 millions de flacons de sirop. Cette initiative a permis au Mali de produire ses propres médicaments pour la première fois, et les produits sont désormais exportés vers les pays voisins, contribuant ainsi à réduire de manière significative la pénurie de médicaments en Afrique de l’Ouest. 

 

La cérémonie d’inauguration des travaux de la phase II de l’usine de ciment Huaxin a lieu dans la région de Tanga en Tanzanie, le 26 juillet 2022. Le CADFund a investi dans le projet. (COURTOISIE) 

  

Par le passé, le CADFund s’est principalement focalisé sur les investissements dans les infrastructures de connectivité en Afrique. Est-ce que la stratégie d’investissement a évolué récemment ? 


Avec l’émergence d’une nouvelle ère de révolution technologique, les pays africains expriment un besoin croissant pour le développement d’infrastructures numériques et l’émergence de nouvelles formes d’économie numérique. Le CADFund répond proactivement aux besoins de l’Afrique en investissant dans des entreprises telles que China Telecom et China Mobile. Ce partenariat soutient la construction de réseaux de fibre optique, de câbles sous-marins et de centres de données en Afrique. Il favorise également le développement de l’enseignement à distance, de la télémédecine, et d’autres services essentiels pour les communautés locales. 

 

Le fonds a également lancé l’Initiative des entrepreneurs de coopération Chine-Afrique dans le domaine de l’économie numérique. Cette initiative encourage les entreprises en amont et en aval à investir dans les infrastructures numériques africaines et à piloter la transformation numérique des industries traditionnelles. Le parc agricole au Mozambique, financé par le fonds, a adopté l’utilisation de drones et d’autres technologies innovantes pour aider les exploitations agricoles à accroître leur intelligence opérationnelle, et augmenter la production céréalière et les revenus.  

 

Face aux défis mondiaux liés aux ressources et à l’environnement, les pays africains visent une transformation verte de leurs industries. Le CADFund, en tant qu’investisseur responsable, soutient le développement durable en Afrique. Par exemple, il finance une centrale photovoltaïque en Afrique du Sud, produisant environ 300 millions de kWh par an, et une cimenterie en Tanzanie équipée de technologies écologiques avancées. 

 

Quels sont les opportunités et les défis d’investir en Afrique à l’heure actuelle ? 


L’Afrique montre des signes positifs de développement avec une stabilité politique croissante et une reprise économique. La Banque africaine de développement prévoit une croissance du PIB de 3,8 % en 2024, dépassant la moyenne mondiale. Le continent vise à renforcer son autonomie stratégique, sa présence internationale, et son intégration régionale. L’Union africaine est devenue membre du G20 en septembre 2023, tandis que l’Égypte et l’Éthiopie ont rejoint les BRICS en janvier 2024. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) progresse, promettant un marché unifié et un potentiel économique accru pour le continent.  

 

Par ailleurs, la coopération sino-africaine se renforce dans plusieurs domaines. L’adhésion accrue des pays africains à l’ICR en est un exemple : l’Union africaine et 52 pays africains ont signé les accords de coopération de l’ICR. Le Dialogue des dirigeants Chine-Afrique d’août 2023 a renforcé ce partenariat stratégique, et le Sommet du FCSA à Beijing devrait donner un nouvel élan à ces relations bilatérales. 

 

Cependant, des défis persistent en Afrique : l’instabilité politique, comme les récents coups d’État en Afrique de l’Ouest, les attaques terroristes et les enlèvements ; la vulnérabilité des économies africaines aux chocs externes, tels que les fluctuations des prix des matières premières et les conflits géopolitiques ; et l’intensification de la compétition internationale, avec des pays comme les États-Unis, les pays européens et le Japon renforçant leur présence économique. De plus, les institutions financières internationales, comme la Banque mondiale, augmentent également leurs investissements en Afrique.  

 

Quelle est l’orientation future du développement du CADFund ? 


Le FCSA de septembre joue un rôle clé dans la définition des futures orientations de la coopération sino-africaine. Guidé par les principes de ce nouveau sommet, le CADFund sengage à renforcer son rôle de plateforme dinvestissement leader en Afrique. Il concentrera ses efforts sur les besoins de développement des pays africains, facilitera les connexions entre les entreprises chinoises et les agences africaines pertinentes, et explorera des innovations dans les modèles d’investissement et les méthodes de coopération. De plus, il coordonnera la promotion de projets phares importants ainsi que de projets « petits et beaux », augmentant ainsi son soutien aux entreprises chinoises désireuses d’investir en Afrique. 

 

Sur le plan des méthodes de coopération, nous diversifierons les modèles d’investissement en utilisant des outils tels que les fonds propres, la dette et les fonds d’investissement. Nous renforcerons notre intégration avec les marchés financiers internationaux et approfondirons la collaboration avec les institutions internationales et les entreprises africaines. Nous offrirons des services à valeur ajoutée et organiserons des séminaires sur l’investissement sino-africain, tout en développant des plateformes de dialogue pour les acteurs africains, chinois et internationaux.  

 

En ce qui concerne la configuration industrielle, nous alignerons les besoins de développement de l’Afrique sur les atouts industriels de la Chine pour stimuler la chaîne industrielle sur le continent et renforcer l’intégration des chaînes d’approvisionnement. En collaboration avec la ZLECAf, nous innoverons dans l’énergie, les infrastructures, les énergies propres, et la chaîne d’approvisionnement sino-africaine. Nous intensifierons la coopération dans des secteurs clés tels que le ciment, l’automobile, l’agriculture, et la médecine, en tenant compte des besoins locaux. Enfin, nous encouragerons la coopération dans l’économie bleue, le développement vert et l’innovation, conformément à la Vision 2035 de la coopération Chine-Afrique. 

  

 

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