OEuvres d’art présentées à hauteur d’enfant au Musée Today Art, à Beijing, le 3 novembre. (ZHANG YAGE)

Li Jingyu, une jeune élève de dix ans de l’École primaire Peixin à Beijing, cultive une passion pour l’art depuis six ans. Le 3 novembre, une de ses œuvres a été mise à l’honneur au Musée Today Art de la capitale. Cette création s’inspire de son voyage estival dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang. « J’ai eu l’opportunité de travailler sur une pièce de patrimoine culturel immatériel avec un artisan de Kashgar », explique Jingyu. Elle exprime l’espoir que ses œuvres permettront aux enfants de Taiwan de mieux comprendre le Xinjiang.

L’exposition annuelle où Jingyu a présenté son travail réunit des centaines de jeunes artistes de la partie continentale de la Chine et de Taiwan. Elle vise à renforcer l’amitié et les échanges culturels entre les jeunes des deux rives du détroit de Taiwan, en leur donnant la possibilité de partager leur vision des lieux qu’ils chérissent. Les œuvres sont exposées à environ un mètre du sol, adaptées à la hauteur des yeux des enfants, ce qui oblige les adultes à se pencher pour les examiner. Cette approche s’inscrit dans le cadre de l’initiative « Observer la ville depuis une perspective d’un mètre », qui promeut des conceptions urbaines pensées pour les enfants à travers la Chine.

« Au début du développement urbain, les besoins des enfants étaient souvent ignorés. En adoptant leur perspective, nous pouvons faire des ajustements qui répondent mieux à leurs exigences », selon un rapport de 2018 du Changsha Daily.

Répondre aux besoins des enfants

En 1996, l’UNICEF et ONU-Habitat ont uni leurs efforts pour lancer une initiative visant à transformer les espaces urbains en environnements favorables aux enfants. L’objectif de ce projet est d’intégrer le bien-être des enfants dans la planification, le développement et la gestion des villes du monde entier.

L’urbanisation croissante a incité de nombreuses métropoles mondiales à prioriser les besoins spécifiques des enfants dans leurs aménagements urbains. Selon le site officiel des Nations unies, à la date d’août 2022, plus de 3 000 villes dans 57 pays avaient adopté cette initiative.

La Chine, fervente partisane de la cause des enfants, a embrassé cette initiative dans les années 1990, en pleine vague d’urbanisation et de modernisation. Depuis, ses grandes villes se sont engagées à créer des environnements urbains qui répondent aux besoins des plus jeunes, avec des améliorations notables dans les transports, la santé, l’éducation et les espaces publics adaptés aux enfants. Les autorités centrales encouragent également les gouvernements locaux à intégrer les retours d’expériences des enfants dans leurs plans de rénovation urbaine.

En 2021, la Commission nationale du développement et de la réforme, avec la collaboration de 22 départements, a émis des directives pour la création de villes adaptées aux enfants. Ce guide stratégique prévoit la mise en place de 100 zones pilotes d’ici 2025 et demande aux autorités locales d’incorporer le concept de « ville adaptée aux enfants » dans leurs politiques de développement urbain, incluant les services publics, la protection juridique des droits des enfants et les politiques sociales.

Espace de jeux pour enfants dans un centre communautaire de l’arrondissement de Jiangjin, municipalité de Chongqing, le 25 septembre. (XINHUA)

« En tant que mère, j’ai observé des avancées significatives dans l’urbanisme de Beijing », témoigne la mère de Jingyu, en soulignant les progrès vers des services de santé pédiatriques plus accessibles, comme l’augmentation et une meilleure répartition des infrastructures dédiées. Jingyu, quant à elle, se réjouit de la diversité d’activités disponibles pour les enfants dans les parcs et musées avoisinants. « Chaque semaine, je peux choisir parmi diverses activités comme des compétitions sportives, des ventes de charité et des ateliers créatifs », a-t-elle partagé.

Au-delà de l’éducation et des soins de santé, l’intégration des besoins des enfants dans la vie urbaine peut s’étendre à de nombreux autres domaines. À Guangzhou, chef-lieu de la province méridionale du Guangdong, le gouvernement local valorise les perspectives des jeunes depuis 1996 avec l’événement biennal « Conseiller Guangzhou comme un maire ». Cet événement permet aux enfants de soumettre des suggestions pour l’amélioration urbaine, telles que l’installation de boutons de feux de signalisation à leur hauteur, la participation à la conception de centres communautaires et le placement de poubelles variées autour des écoles.

Peng Jinhua, présidente de la Fédération des femmes de Fuzhou, a mis en avant la nécessité d’adopter une perspective enfantine pour améliorer l’urbanisme. « Voir la ville à travers les yeux des enfants nous montre le chemin à parcourir », a-t-elle affirmé au Fuzhou Daily en novembre 2023. Elle a énuméré des propositions pour rendre les villes plus adaptées aux enfants, incluant des panneaux lisibles dans les hôpitaux, des sanitaires à leur hauteur, des zones sécurisées de repos et de jeu, ainsi que des points de soins d’urgence dans les parcs. Ces ajustements, bien que simples, pourraient significativement rehausser le bien-être des enfants, a-t-elle ajouté.

Vision à long terme

Plusieurs villes redoublent d’efforts pour intégrer les dernières technologies numériques dans de nouveaux espaces conçus pour les enfants. À Shanghai, par exemple, 170 espaces numériques adaptés aux enfants ont été créés, intégrant des technologies de pointe, a expliqué un responsable lors d’un forum sur le rôle des enfants dans le développement urbain futur, qui s’est tenu à Shanghai le 25 octobre. Ces espaces visent non seulement à offrir de nouveaux centres d’activités pour enfants, mais aussi à moderniser les centres existants avec les dernières innovations éducatives, encourageant ainsi les enfants à découvrir leurs talents et intérêts dans les domaines numériques et technologiques dès leur plus jeune âge.

Le développement de ces « villes amies des enfants » est vu comme un catalyseur pour le progrès urbain et socio-économique. « Les villes conçues pour être amies des enfants offrent des avantages durables pour le développement socio-économique. En fournissant des environnements sains et stimulants, ainsi qu’une éducation de qualité, nous cultivons les talents des générations futures », a affirmé Luo Xueming, chercheur principal à l’Institut de technologie industrielle moderne du Guangdong. Selon lui, ces initiatives stimulent également la consommation et l’investissement, car les entreprises prospères liées à l’enfance, telles que le divertissement, l’amélioration des infrastructures, l’éducation et les soins de santé, génèrent de nombreuses opportunités d’emploi et augmentent considérablement les recettes fiscales.

Wan Zhe, chercheur sur l’initiative « la Ceinture et la Route », a souligné l’importance de ces projets pour atteindre les objectifs de développement de qualité de la Chine. « Pour parvenir à une ouverture de haut niveau, la Chine doit s’aligner sur les normes et règles internationales, pas seulement en termes économiques et commerciaux, mais aussi en ce qui concerne le développement urbain et la gouvernance. La réalisation du bien-être des enfants est cruciale dans ce processus », a-t-il fait valoir.

ZHANG YAGE, journaliste de Beijing Review