2025-04-03 |
Le chant de la nation |
VOL. 17 / AVRIL 2025 par LU YAN · 2025-04-03 |
Mots-clés: Deux sessions ; APN ; CCPPC |
Des députés assistent à la cérémonie d’ouverture de la troisième session de la XIVe APN à Beijing, le 5 mars. (XINHUA)
Les Deux sessions – les rassemblements annuels de l’Assemblée populaire nationale (APN), plus haut organe législatif, et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), plus haute instance consultative – ne sont pas de simples jalons politiques. Elles résonnent profondément dans la société et influencent concrètement la vie quotidienne à travers le pays.
Chaque année, début mars, les débats autour des grandes orientations économiques et sociales, ainsi que les annonces faites lors des Deux sessions, suscitent une large attention sur les réseaux sociaux comme Weibo. Ce croisement entre discussions de haut niveau et mobilisation citoyenne confère aux Deux sessions un rôle central pour qui souhaite comprendre la Chine d’aujourd’hui.
L’un des moments clés de ces assises réside dans la présentation du Rapport d’activité du gouvernement par le Premier ministre du Conseil des affaires d’État devant l’APN. Ce rapport dresse un bilan détaillé des réalisations et des défis de l’année écoulée, tout en esquissant les grandes priorités et les plans d’action pour l’année à venir. Il est ensuite examiné et adopté par les députés au cours des sessions annuelles. Cette année, les Deux sessions se sont tenues à Beijing, du 4 au 11 mars.
Objectif croissance
Le Rapport d’activité du gouvernement a été présenté par le Premier ministre Li Qiang lors de la cérémonie d’ouverture de la troisième session de la XIVe APN, le 5 mars. Les performances économiques du pays y occupaient une place de choix. Selon le Rapport, le produit intérieur brut de la Chine a atteint, en 2024, 134 900 milliards de yuans (18 000 milliards de dollars), enregistrant une croissance annuelle de 5 %. Ce dynamisme est le fruit d’un ensemble de mesures mesures macroéconomiques mises en œuvre pour contrer les effets du ralentissement mondial. Ainsi, la Chine demeure l’une des principales locomotives de l’économie mondiale, contribuant à elle seule à près de 30 % de sa croissance.
Pour 2025, l’objectif de croissance a été fixé à environ 5 %. Le rapport gouvernemental précise d’autres objectifs prioritaires, tels qu’un taux de chômage urbain autour de 5,5 %, la création de plus de 12 millions de nouveaux emplois en ville, et une hausse modérée de 2 % de l’indice des prix à la consommation, indicateur clef pour mesurer inflation et déflation.
Pour Huang Qunhui, conseiller politique national et directeur de l’Institut d’économie de l’Académie chinoise des sciences sociales, cette cible de croissance est à la fois réaliste et ambitieuse. Dans un entretien accordé récemment à l’agence de presse Xinhua, il a souligné que, dans un contexte international incertain, cette approche résolument proactive illustre la détermination de la Chine à concilier stabilité et développement durable.
L’année 2025 marque aussi la fin du XIVe Plan quinquennal (2021-2025) et représente un tournant stratégique pour la préparation du prochain. Si la croissance à court terme reste une priorité, l’horizon se projette également vers la modernisation à long terme.
Afin d’atteindre les objectifs de 2025, le gouvernement entend adopter des politiques plus ciblées pour stimuler l’activité. Lors de la Conférence centrale sur le travail économique, en décembre dernier, les décideurs ont affiché leur volonté de mettre en œuvre des politiques macroéconomiques plus dynamiques. L’encouragement de la consommation a été placé en tête des neuf grandes priorités définies à cette occasion, soulignant l’importance accordée à la demande intérieure.
Parmi les mesures annoncées dans le Rapport figure le lancement, en 2025, d’initiatives spéciales pour dynamiser la consommation, notamment l’émission de bons du Trésor spéciaux à très long terme d’un montant de 300 milliards de yuans (42 milliards de dollars) destinés à financer les programmes de renouvellement des biens de consommation.
L’année 2025 marque également une accélération vers un système industriel modernisé, grâce au développement des forces productives de qualité nouvelle, adaptées aux réalités locales. Introduit en 2023, ce concept rompt avec les anciens modèles de croissance en misant sur la haute technologie et le rendement élevé, en cohérence avec la nouvelle philosophie du développement de qualité.
Des priorités sociales
Au cœur des débats des Deux sessions demeure une ambition forte : améliorer le quotidien de la population, notamment dans les domaines de l’éducation, des soins de santé et de la sécurité sociale. Le gouvernement affirme qu’un développement économique pérenne doit s’appuyer sur des infrastructures sociales solides, garantes du bien-être des 1,4 milliard de Chinois.
Le Rapport consacre ainsi une large part aux politiques sociales. Parmi elles, une mesure a particulièrement retenu l’attention sur les réseaux sociaux : la mise en place de subventions pour la garde d’enfants, afin de favoriser une hausse des naissances.
D’après le Bureau national des statistiques, l’année 2024 a marqué une inversion de tendance, avec une reprise du taux de natalité après sept années de baisse continue. Ce rebond s’explique en grande partie par une série de politiques favorables à la famille, mises en œuvre depuis plusieurs années.
Enfin, l’emploi demeure une priorité absolue. « L’emploi est essentiel au bien-être du peuple. Dans cet esprit, nous allons perfectionner davantage notre politique d’emploi prioritaire et optimiser l’usage des fonds et ressources disponibles pour offrir un soutien renforcé », indique le Rapport.
Celui-ci insiste sur la nécessité de promouvoir un emploi à la fois suffisant et de qualité, à travers des mesures ciblées telles que les remboursements de cotisations chômage, des exonérations fiscales ou encore des subventions à l’embauche. Une attention particulière sera accordée à l’élargissement des débouchés pour les jeunes diplômés et les anciens militaires, afin de favoriser leur insertion et leur reconversion professionnelle.
Pour Mo Rong, membre du Comité national de la CCPPC et président de l’Académie chinoise du travail et de la sécurité sociale, les mesures exposées dans le Rapport répondent aux évolutions actuelles du marché du travail. Les transformations économiques et la modernisation en cours exigent une adaptation rapide de la structure de l’emploi, afin d’assurer à chacun une place dans la nouvelle dynamique de développement.
LU YAN, journaliste de Beijing Review
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