2025-04-03 |
Perspectives internationales sur les Deux sessions |
VOL. 17 / AVRIL 2025 · 2025-04-03 |
Mots-clés: Deux sessions ; cinq experts africains |
Cérémonie de clôture de la troisième session du XIVe Comité national de la CCPPC, à Beijing, le 10 mars. (XINHUA)
Chaque année, les sessions de l’Assemblée populaire nationale (APN) et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), connues sous le nom des Deux sessions, offrent une occasion précieuse d’observer le fonctionnement de la Chine. Cette année, cinq experts africains ont partagé avec CHINAFRIQUE leurs points de vue sur les sujets qui les intéressent. En voici quelques extraits.
Moteur du développement
Gert Grobler, ancien ambassadeur d’Afrique du Sud et chercheur principal de l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang
Les décisions prises lors des Deux sessions, l’événement politique le plus important en Chine, sont également scrutées avec attention à l’échelle mondiale.
En tant que deuxième économie mondiale, la Chine contribue à hauteur de 30 % à la croissance économique mondiale. Partout dans le monde, on observe comment le Parti communiste chinois et le Président chinois Xi Jinping répondront aux défis posés par une situation internationale complexe et incertaine.
La politique étrangère de la Chine repose sur la coopération internationale, dont le principe fondamental est de résoudre les problèmes et les conflits par la négociation, et de préserver la paix par le dialogue. Dans ce contexte, la Chine est un fervent défenseur des Nations unies, de leurs principes et du multilatéralisme.
Je suis convaincu que la Chine continuera, par le biais de plateformes telles que le Forum sur la Coopération sino-africaine, l’initiative « la Ceinture et la Route » et les BRICS, à jouer un rôle majeur en faveur de la paix, de la stabilité, de la croissance économique et du développement à l’échelle mondiale.
Une plateforme bénéfique pour l’Afrique
Charles Onunaiju, directeur du Centre d’études chinoises à Abuja, au Nigeria
Les Deux sessions offrent un aperçu précieux de l’orientation économique de la Chine. En tant que partenaire clé, l’Afrique doit suivre de près les résultats de ces réunions et les analyser avec attention. Le Rapport d’activité du gouvernement y présente les priorités économiques, dont l’objectif annuel de croissance et d’autres indicateurs macroéconomiques, tout en esquissant les grandes lignes du développement pour l’année à venir.
L’unicité du système politique chinois s’appuie sur des institutions qui reflètent les valeurs partagées, un consensus collectif et l’aspiration à une vie meilleure. Elles favorisent à la fois la participation citoyenne et la responsabilisation des dirigeants. Les Deux sessions illustrent l’initiative et la sagesse chinoises dans la gestion d’institutions façonnées par l’expérience, les conditions nationales et la réalité sociale du pays.
Le partenariat de tout temps sino-africain a toujours mis l’accent sur la coopération économique, le partage d’expériences en gouvernance et l’action internationale. Un apprentissage mutuel renforcé permettrait d’enrichir leurs perspectives respectives de modernisation, notamment dans cette nouvelle ère.
Aux commandes du développement
Dennis Munene, directeur exécutif du Centre Chine-Afrique à l’Africa Policy Institute, au Kenya
L’économie chinoise a connu une croissance spectaculaire pendant plus de quarante ans, malgré des défis récents, notamment dans l’immobilier et la stimulation de la demande intérieure. La Chine a toutefois prouvé sa capacité à surmonter les difficultés.
À l’inverse, les États-Unis ont cherché à freiner son développement avec l’imposition de droits de douane sur les importations chinoises. Malgré ces pressions, la Chine est restée fidèle à la mondialisation et au libre-échange, incitant de nombreux pays, y compris ceux en Afrique, à renforcer leurs relations commerciales avec elle.
Par son engagement en faveur d’un commerce plus équitable et inclusif, la Chine a apporté une nouvelle dimension à la coopération internationale. Ses politiques de libre-échange et ses partenariats multilatéraux renforcent la participation des économies en développement à la gouvernance mondiale.
Elle défend également le multilatéralisme, comme en témoignent l’élargissement des BRICS et l’entrée de l’Union africaine au sein du G20, ce qui reflète son rôle actif dans la transformation du système mondial et la défense des intérêts du Sud global.
La réponse chinoise face à l’isolationnisme occidental
George Musiime, chercheur au Development Watch Centre, en Ouganda
Depuis le lancement de sa stratégie de « going global » en mars 2000, la Chine privilégie une coopération plus ouverte, guidée par l’aspiration à une prospérité partagée, et ce, malgré la résistance de l’Occident, notamment des États-Unis.
Elle est aujourd’hui le premier partenaire commercial de l’Afrique et le deuxième de l’Amérique latine. Ce dynamisme figure parmi les principales raisons ayant poussé l’administration Biden à doubler les droits de douane sur les semi-conducteurs, l’acier et l’aluminium, et à porter les tarifs sur les véhicules électriques de 25 % à 100 %. Ces mesures ont été prolongées par la nouvelle administration Trump. De telles politiques, émanant de pays se revendiquant champions du libre marché, semblent davantage dictées par l’inquiétude que par une stratégie économique cohérente.
En réponse, la Chine a choisi d’approfondir encore son ouverture. Elle renouvelle ses engagements dans le cadre d’accords existants et conclut de nouveaux pactes de libre-échange.
En somme, tandis que l’Occident adopte une posture plus défensive, la Chine continue de construire des systèmes commerciaux résilients, favorisant une prospérité partagée et une communauté de destin pour l’humanité.
L’ouverture économique chinoise élargie
Efem Nkam Ubi, directeur par intérim de l’Institut nigérian des affaires internationales
La Chine reste fermement engagée dans l’ouverture de son économie. En tant qu’Africain, je souhaite souligner trois secteurs clés susceptibles de stimuler la croissance et le développement des pays africains.
D’abord, le commerce et l’investissement ont longtemps été au cœur des relations sino-
africaines. Ces échanges ont non seulement généré des recettes importantes, mais ont également favorisé la diversification économique sur le continent.
Ensuite, le développement des infrastructures constitue un autre domaine stratégique où une coopération renforcée serait bénéfique. La Chine a déjà apporté d’importantes contributions dans ce secteur en Afrique, mais son expérience, notamment en matière de développement d’infrastructures durables et d’urbanisation écologique, reste une source précieuse d’inspiration et de savoir-faire.
Enfin, j’espère que la Chine poursuivra l’ouverture de son marché dans le domaine des « forces productives de qualité nouvelle ». L’Afrique, qui accuse un retard dans ce domaine, aura besoin d’un partenariat solide avec la Chine pour renforcer ses compétences technologiques, son secteur numérique et son économie dans son ensemble.
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