2025-05-06 |
À la racine de l'innovation verte |
VOL. 17 / Mai 2025 par NI YANSHUO · 2025-05-06 |
Mots-clés: Afrique du Sud |
L’Institut Confucius des technologies vertes renforce la coopération et les échanges technologiques entre la Chine et l’Afrique du Sud.
Bernard Nthambeleni (à droite), vice-chancelier et directeur de l’UNIVEN, et le professeur James Chakwizira inspectent un récepteur de données BeiDou, le 31 mars. (WANG YUCHEN)
Nhokwara Blessing, 19 ans, se considère comme une fille véritablement bénie. Originaire de Thohoyandou, dans le nord de l’Afrique du Sud, cette jeune Zimbabwéenne a choisi, l’année dernière, de poursuivre ses études de licence à l’Université de Venda (UNIVEN), où elle a découvert un Institut Confucius sur le campus.
Le 5 mars 2024, elle a postulé, comme plus de 3 000 candidats. L’institut, avec seulement quatre enseignants chinois, n’a retenu que 300 étudiants. Nhokwara a eu la chance d’en faire partie. Son professeur lui a donné un nom chinois, Peng Zhufu, signifiant « bénédiction ». « Je me sens bénie. Apprendre le chinois pourrait m’ouvrir des portes, notamment grâce aux entreprises chinoises implantées en Afrique du Sud et au Zimbabwe », explique-t-elle.
L’Institut Confucius des technologies vertes (GTCI), que fréquente Nhokwara, a été fondé par l’UNIVEN et l’Université polytechnique du Hubei. Il a accueilli ses premiers étudiants en février 2024. « Nous enseignons la langue, mais aussi la culture chinoise, avec un réel engouement des étudiants », indique Grace Ge Ruihong, co-directrice chinoise du GTCI.
Installé à l’entrée principale de l’UNIVEN, le bâtiment du GTCI arbore une architecture de style chinois, agrémentée d’œuvres de calligraphie, de peintures et de sculptures traditionnelles.
Outre les cours dispensés aux étudiants de l’université, l’institut propose des formations en chinois à plusieurs structures voisines, notamment le jardin d’enfants expérimental de l’UNIVEN, l’école secondaire de Marude et les commissariats de police du nord du Limpopo.
Promouvoir l’agriculture de précision
Selon Mme Ge, le GTCI est le seul Institut Confucius parmi plus de 500 dans le monde à se consacrer aux « technologies vertes ». « Nous allons concevoir davantage de projets de type “Chine + technologies vertes” en fonction des besoins locaux, afin de renforcer la coopération sino-sud-africaine pour un développement durable », partage-t-elle avec CHINAFRIQUE.
Parmi ces projets figure le Laboratoire conjoint sino-africain sur le système de navigation par satellite BeiDou et les applications de télé-
détection, cofondé par l’UNIVEN et l’Université de l’aéronautique et de l’aérospatiale de Beijing sur le campus sud-africain. Ce laboratoire a été inauguré en septembre 2024. Un mois plus tard, un premier récepteur de données BeiDou a été installé sur la ferme expérimentale de l’UNIVEN.
Le Limpopo, important centre agricole sud-
africain, voit sa productivité freinée par des méthodes traditionnelles, un faible niveau de mécanisation et le changement climatique. Pour y remédier, la ferme expérimentale de l’UNIVEN mise sur le système BeiDou, des terminaux intelligents et une formation adaptée. « Nous utilisons les satellites BeiDou pour recueillir des données sur l’humidité des sols et comptons les exploiter pour suivre les cultures et le bétail », explique Thifheli Gloria Kutama, directrice de la ferme expérimentale de la Faculté des sciences de l’ingénierie et de l’agriculture de l’UNIVEN, qui parle de « gestion agricole numérique et de précision ».
Cours de culture chinoise dispensé à l’Institut Confucius des technologies vertes de l’UNIVEN, en avril 2024. (COURTOISIE)
Pour une agriculture efficiente
L’appareil permet aux agriculteurs de savoir précisément quand irriguer, fertiliser ou traiter leurs cultures. La télédétection fournit aussi des données clés sur la croissance, la teneur en nutriments et l’état des plantes. Cette gestion vise à limiter les pertes, augmenter les rendements et réduire l’usage de produits chimiques.
Mme Kutama et son équipe comparent également les rendements de la culture hydroponique à ceux des méthodes classiques, pour évaluer les défis liés à l’agriculture de précision hors sol. « La technologie nous aide à mesurer des paramètres essentiels comme l’humidité et la température, qui influencent directement la productivité », explique-t-elle.
Le système sert aussi à gérer le bétail. Des capteurs placés sur les animaux permettent de suivre leur santé, leur croissance et leur comportement, facilitant ainsi la gestion des troupeaux. Il devient facile de contrôler leurs déplacements, leur alimentation ou leurs signes vitaux.
Forte de son expérience, Mme Kutama a formé plus de 400 agriculteurs à l’agriculture numérique. Elle espère désormais que le gouvernement provincial soutiendra la diffusion du système BeiDou. « Cette gestion agricole numérique et de précision modernise l’agriculture et inscrit l’Afrique du Sud dans la transition numérique mondiale », souligne-t-elle.
Soutenir le transport ferroviaire
Les avantages du système BeiDou ne se limitent pas à l’agriculture. Il peut également révolutionner le secteur ferroviaire. D’après Wang Yuchen, membre du bureau du directeur de l’UNIVEN, BeiDou est capable d’accroître à la fois la sécurité et la performance des trains à grande vitesse.
M. Wang promeut l’intégration de cette technologie dans le projet de liaison ferroviaire entre le Gauteng et le Limpopo. Ce tracé de 420 km reliera Pretoria, capitale administrative sud-africaine, à Musina, aux portes du Zimbabwe, créant un corridor stratégique vers le pays voisin.
En Chine, BeiDou est déjà largement utilisé pour garantir la sécurité des trains à grande vitesse. Des capteurs et transpondeurs embarqués recueillent en temps réel des données sur les voies, la vitesse et la position des trains, transmises via le système de protection automatique. Celui-ci aide les conducteurs à réagir correctement, avec un freinage automatique en cas de danger.
« Si ce système était adopté par les chemins de fer sud-africains, il révolutionnerait leur exploitation. BeiDou pourrait être déployé dans de nombreuses régions d’Afrique du Sud et constituerait un tremplin pour la coopération sino-sud-africaine dans les hautes technologies », conclut M. Wang.
Reportage d’Afrique du Sud
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