2025-08-01 |
Des idées plein les fils |
VOL. 17 / AOÛT 2025 par GE LIJUN · 2025-08-01 |
Mots-clés: interface cerveau-machine ; Chine |
Démonstration d’une interface cerveau-machine invasive à Shanghai, le 3 juin. (CNSPHOTO)
Dans Matrix, le héros se connecte à la Matrice pour naviguer entre réel et virtuel. Dans Ghost in the Shell, l’interface cerveau-machine devient un pont vital entre l’homme et la machine. Ces œuvres de science-fiction mettent en scène une technologie aussi fascinante qu’inaccessible… jusqu’à récemment. Car cette interface, longtemps cantonnée à l’imaginaire, émerge bel et bien dans le monde réel.
L’interface cerveau-machine (ICM) est une technologie révolutionnaire qui permet au cerveau de communiquer directement avec des dispositifs extérieurs. Elle capte, interprète et traduit les signaux neuronaux en instructions. Portée par les progrès de l’intelligence artificielle, des matériaux souples et des biocapteurs, cette innovation devient peu à peu réalité.
Trois approches existent selon le degré d’intrusion : non invasive, semi-invasive et invasive. Ces deux dernières, utilisées en médecine, nécessitent une chirurgie et interagissent directement avec les tissus neuronaux, offrant une précision qui nourrit l’espoir de restaurer mouvement, vue ou ouïe chez des patients lourdement handicapés.
Les dispositifs non invasifs avancent eux aussi, notamment en rééducation. Ils offrent des perspectives encourageantes pour les personnes atteintes de troubles cognitifs ou moteurs, comme la maladie d’Alzheimer. La technologie s’étend déjà à d’autres domaines : éducation, sécurité, jeux vidéo.
L’année 2025 a marqué une nette accélération. En janvier, Elon Musk annonçait sur les réseaux sociaux que sa société Neuralink avait implanté avec succès un troisième dispositif chez un patient, avec une vingtaine d’opérations supplémentaires prévues d’ici la fin de l’année.
La Chine progresse rapidement. Depuis le début de l’année, le dispositif semi-invasif Beinao-1, conçu localement, a été testé dans trois hôpitaux sur cinq patients. Certains paralysés ont retrouvé du mouvement par la pensée, et des malades de Charcot ont pu recommencer à communiquer.
En juin, Shanghai a accueilli le premier essai clinique d’une ICM invasive en Chine. Un patient amputé des quatre membres a reçu un implant cérébral ; quelques semaines plus tard, il jouait déjà aux échecs et à des jeux sur ordinateur. La Chine devient ainsi le deuxième pays, après les États-Unis, à franchir ce cap. Si la réalité reste loin des imaginaires futuristes, les ICM pourraient, d’ici cinq ans, bouleverser la rééducation médicale et améliorer des millions de vies.
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