2025-10-09 |
Le fracas des armes, la force des ponts |
VOL. 17 / OCTOBRE 2025 par CHARLES ONUNAIJU · 2025-10-09 |
Mots-clés: Chine ; victoire ; Guerre mondiale antifasciste |
Des gardes d’honneur escortent le drapeau national chinois lors de la cérémonie commémorative du 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste, à Beijing, le 3 septembre. (XINHUA)
Le préambule de la Charte des Nations unies, adoptée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, exprime la ferme volonté des peuples du monde de « préserver les générations futures du fléau de la guerre qui, deux fois en l’espace d’une vie humaine, a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances ». Face à l’ampleur des destructions, aux souffrances humaines incommensurables et aux millions de vies fauchées, il est légitime de s’interroger sur ce qui a permis à l’humanité de s’extraire de l’abîme.
Éviter que l’histoire ne bégaie implique de revenir aux faits historiques du conflit qui a plongé l’humanité dans le chaos, et de tirer les leçons nécessaires pour empêcher qu’un tel fléau ne se reproduise.
À l’occasion du défilé militaire organisé à Beijing pour commémorer le 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste, le Président chinois Xi Jinping a appelé les nations à éliminer la cause profonde de la guerre et à empêcher la répétition des tragédies du passé.
Pourtant, dans nombre de récits historiques, en particulier ceux issus du monde occidental, la Chine, l’un des principaux bastions face aux puissances de l’Axe (Japon, Allemagne et Italie) et première victime d’une agression totale, demeure étrangement absente ou reléguée au second plan. Et pourtant, dès 1937, soit deux ans avant la Grande‑Bretagne, quatre ans avant les États‑Unis et l’Union soviétique, elle subissait une offensive de grande ampleur. Le Japon avait d’ailleurs déjà occupé le Nord‑Est de la Chine dès 1931, y instaurant un État fantoche. La Chine fut ainsi engagée dans la lutte plus longtemps que toute autre puissance alliée : 14 années de résistance, jusqu’à la capitulation du Japon en août 1945.
Malgré les profondes blessures et son rôle décisif dans la victoire contre le fascisme, le militarisme et l’idéologie raciale extrémiste, la Chine n’a pas sombré dans le ressentiment ni cédé aux dérives belliqueuses. Elle a emprunté une voie de développement résolument pacifique, assumant aujourd’hui un rôle de premier plan sur la scène mondiale, portée par des initiatives ambitieuses et un rayonnement croissant.
Un engagement planétaire
Forte des enseignements tirés de son passé, la Chine réaffirme aujourd’hui son attachement indéfectible à la paix. Le Président Xi a ainsi souligné que l’humanité se trouve à un tournant décisif : paix ou guerre, dialogue ou confrontation, coopération mutuellement bénéfique ou jeux à somme nulle.
En dépit des turbulences contemporaines, la Chine continue de porter des initiatives porteuses d’espérance pour la communauté internationale. L’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) s’impose aujourd’hui comme l’un des fondements des relations internationales du XXIe siècle.
D’après la Banque mondiale, les échanges commerciaux entre plus de 150 pays partenaires de l’ICR devraient augmenter de 4,1 %, tout en réduisant le coût du commerce mondial de 2,2 %. Selon le Centre for Business and Economic Research, basé à Londres, l’ICR pourrait accroître le PIB mondial de 7 100 milliards de dollars par an d’ici 2040, les effets bénéfiques d’une meilleure connectivité se répercutant sur l’ensemble de la planète, en réduisant les obstacles au commerce et en renforçant les dividendes de la paix.
Consciente de l’importance de la coopération, la Chine met son expérience au service du développement mondial. L’Initiative pour le développement mondial, proposée en 2021 par le Président Xi, offre de partager les réussites chinoises, notamment d’éradiquer l’extrême pauvreté la même année, et d’atteindre les Objectifs de développement durable des Nations unies avec dix ans d’avance.
En 2022 et 2023, deux nouvelles initiatives sont venues compléter cette dynamique : l’Initiative pour la sécurité mondiale et l’Initiative pour la civilisation mondiale. La première ambitionne de bâtir un cadre de sécurité inclusif et universel, la seconde encourage un dialogue profond entre les civilisations du monde.
Ces propositions ont nourri le débat mondial, favorisant des échanges féconds de points de vue, de savoirs et d’expériences, au service d’un multilatéralisme renouvelé.
Gardiens de paix
Les peuples africains n’ont pas été en reste dans la lutte antifasciste. De nombreux anciens combattants du continent, inspirés par la résistance chinoise, ont contribué aux combats pour l’indépendance dans leurs pays respectifs.
La convergence historique entre la lutte chinoise contre l’agression étrangère et celle des peuples africains pour mettre fin au joug colonial a posé les fondations d’une coopération contemporaine dynamique, axée sur la modernisation, la renaissance et le développement partagé.
Les relations sino-africaines, forgées dans le feu des luttes anti-impérialistes, portent en elles l’empreinte de la paix, de la justice internationale, de l’équité et d’une vision commune du progrès. Leur coopération reflète les principes de coexistence pacifique et se traduit par des résultats concrets, empreints de bénéfices mutuels.
Malgré les tensions persistantes dans certaines régions du monde, l’élan vers une communauté d’avenir partagé pour l’humanité, portée par des valeurs de solidarité et de coopération, laisse espérer qu’un nouvel épisode d’horreur planétaire ne se reproduira plus jamais.
CHARLES ONUNAIJU : directeur du Centre d’études chinoises à Abuja, au Nigeria
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