2025-06-03 |
Le souffle du Sud |
VOL. 17 / JUIN 2025 par ZHONG YINING et SHI XINYU · 2025-06-03 |
Mots-clés: coopération sino-africaine ; le Sud global |
Un ouvrier transforme du café à Kirinyaga, au Kenya, le 18 décembre 2024. La Chine est devenue un marché en expansion pour ce produit africain. (XINHUA)
Le Sud global, qui rassemble les marchés émergents et les pays en développement, s’affirme comme une force motrice dans la redéfinition de l’ordre international. Il joue un rôle de premier plan dans l’instauration d’une gouvernance mondiale fondée sur les principes d’équité et de justice.
Portées par une amitié ancienne et une vision partagée, la Chine et l’Afrique sont devenues des partenaires essentiels sur le chemin de la modernisation. Fortes d’une riche expérience de terrain, de modèles de coopération novateurs et d’une philosophie inclusive fondée sur le principe « gagnant-gagnant », leurs actions communes accélèrent les transformations qualitatives dans leurs régions respectives, tout en traçant de nouvelles voies de développement pour les autres pays du Sud global. Ce partenariat renforce l’influence des nations en développement sur la scène internationale et ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de leur essor.
Une expérience partagée
Les visites de haut niveau sont un pilier du partenariat sino-africain, en posant les bases d’un dialogue politique structuré. Des mécanismes comme le Dialogue des dirigeants Chine-Afrique et le Forum sur la Coopération sino-africaine assurent une orientation stratégique et favorisent la mise en œuvre des projets. Ces échanges renforcent la confiance mutuelle et illustrent l’importance du dialogue direct. À travers ces cadres, les pays du Sud global peuvent intensifier leurs interactions et approfondir leur solidarité.
Inscrite dans le cadre de l’Initiative pour le développement mondial, la modernisation conjointe Chine-Afrique place le bien-être des populations au cœur de ses priorités. En soutenant les secteurs clés que sont les infrastructures, l’agriculture, la santé et l’éducation, la Chine accompagne le développement social des pays africains. Par des actions concrètes, centrées sur l’humain, elle démontre que le développement ne se mesure pas uniquement à l’aune des indicateurs économiques, mais aussi à celle des progrès tangibles dans la vie quotidienne des populations. C’est ainsi qu’une vision du développement plus humaine et inclusive prend forme et fédère les aspirations du Sud global.
Fortes de leurs pratiques et de leurs réussites en matière de partage de connaissances, la Chine et l’Afrique portent ensemble une voix forte sur des enjeux mondiaux cruciaux : changement climatique, commerce équitable, lutte contre la pauvreté… En proposant des solutions concrètes, elles participent à l’édification d’une gouvernance mondiale plus juste, et à l’émergence d’un consensus global sur les grands défis du développement.
La conviction que les peuples partagent des intérêts communs nourrit l’idée d’une communauté de destin. Ensemble, la Chine et l’Afrique défendent un ordre international plus équitable et inclusif, où les droits et intérêts des pays en développement sont pleinement reconnus et respectés.
Dans les enceintes telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Chine et l’Afrique appellent à une réforme du commerce multilatéral, s’opposent aux logiques protectionnistes et défendent les intérêts légitimes des pays du Sud global. Leurs efforts conjoints, portés par des propositions concrètes et une coordination étroite, visent à promouvoir des règles commerciales plus justes et à élargir l’accès aux marchés pour les produits et services du Sud global.
Ces dynamiques n’œuvrent pas seulement à la transformation de l’ordre mondial : elles constituent aussi une source précieuse d’inspiration pour d’autres pays du Sud global, désireux de faire entendre leur voix et de bâtir un environnement international propice à leur développement.
Un avenir de solidarité
Forte des acquis obtenus, la coopération sino-africaine doit franchir un nouveau cap en affinant ses partenariats et en révélant tout son potentiel. Cela passe par une harmonisation des visions du développement, une innovation dans les modalités de coopération, et un dialogue renforcé pour accompagner les pays du Sud global dans leur propre voie de modernisation.
La Chine et l’Afrique gagneraient à mieux coordonner leurs politiques, en mettant en synergie leurs stratégies nationales, notamment entre la mise en valeur de l’Ouest de la Chine et l’intégration régionale africaine. Une planification conjointe dans les secteurs clés – énergie, infrastructures, télécommunications – ainsi que la définition de projets prioritaires permettront de maximiser l’impact des initiatives.
Il importe de renforcer les cadres institutionnels et la reconnaissance mutuelle des normes pour bâtir un environnement de coopération plus stable. La réduction des barrières au commerce et à l’investissement, l’amélioration du climat des affaires et l’harmonisation des normes techniques restent des priorités. Les échanges techniques et la formation conjointe de talents faciliteront une meilleure intégration technologique.
La Zone pilote de coopération économique et commerciale approfondie Chine-Afrique à Changsha (Hunan) pourrait jouer un rôle moteur dans le renforcement des liens économiques. En s’appuyant sur l’essor de l’industrialisation et de l’urbanisation en Afrique, ainsi que sur la Zone de libre-échange continentale africaine, ces plateformes peuvent favoriser l’émergence de pôles industriels et renforcer les chaînes d’approvisionnement.
Le commerce reste stratégique : encourager les importations africaines, développer la logistique et explorer de nouveaux modèles, comme le commerce électronique transfrontalier, renforcera les liens. Le secteur privé, lui aussi, a un rôle crucial à jouer dans cette dynamique.
Parallèlement, des plateformes d’échange officielles entre la Chine et les pays du Sud global doivent voir le jour pour débattre des grands enjeux mondiaux. Des groupes de travail permanents et une participation active aux institutions internationales (Nations unies, OMC, Banque mondiale) renforceront leur poids dans la gouvernance globale.
Enfin, il importe de mobiliser les think tanks, les entreprises et les institutions académiques. En organisant séminaires, forums et conférences, ces acteurs favoriseront l’émergence d’espaces de dialogue informels entre experts et praticiens, propices au partage de connaissances et d’expériences. Ce tissu d’échanges soutiendra la coopération officielle et contribuera à une meilleure définition des priorités.
Grâce à cette approche stratégique, multiforme et concertée, la modernisation conjointe Chine-Afrique pourra non seulement porter ses fruits pour les deux partenaires, mais aussi devenir une référence précieuse et un moteur pour l’ensemble du Sud global en quête d’un avenir durable, équitable et inclusif.
ZHONG YINING et SHI XINYU : Assistantes de recherche à l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang
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