2016-04-12 |
La voix des Chinois d'Afrique du Sud |
par Sudeshna Sarkar | VOL.8 AVRIL 2016 CHINAFRIQUE |
Mots-clés: e-commerce;Afrique du Sud |
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Dai Wenjun |
Quand Dai Wenjun accompagne sa mère en Afrique du Sud en 2001, il tombe amoureux des merveilleux paysages du pays, qui sont comme une promesse d’aventure. Mais une chose le dérange énormément. Du haut de ses 16 ans, il remarque que malgré la croissante communauté chinoise du pays, celle-ci est quasiment absente des médias sud-africains. Venant de la capitale financière de la Chine, Shanghai, il était habitué à entendre les nouvelles concernant les entreprises chinoises dans les médias nationaux mais aussi internationaux. « [Mais à Johannesburg] J’ai remarqué que les nouvelles concernant la communauté chinoise n’étaient même pas diffusées au sein de la communauté. Les Sud-Africains ne savaient pas non plus ce qui se passait dans la communauté chinoise », explique Dai. « Les Chinois font des dons aux écoles sud-africaines et aident les plus démunis. Ils soutiennent également les projets du gouvernement sud-africain. Mais on ne trouvait aucune trace de ces nouvelles dans les journaux locaux ou dans les sites internet. »
La réalité virtuelle
Dai, fils d’un entrepreneur aventurier qui a ouvert son entreprise de commerce de produits électroniques à Johannesburg dans les années 1990, voulait faire quelque chose pour rendre plus visible la présence des Chinois en Afrique du Sud. « J’ai eu l’idée de lancer un site internet en anglais pour parler des actions menées par la communauté, mais je ne pouvais pas le faire seul. Il me fallait un associé », raconte Dai. Après avoir obtenu son diplôme universitaire en économie et ouvert une entreprise d’imprimerie, le jeune homme rencontre enfin le collaborateur idéal. « J’avais beaucoup de commandes de la communauté chinoise. […] C’est comme ça que j’ai rencontré Wu Shaokang. » Wu, entrepreneur originaire de Hong Kong, avait été inspiré par le e-commerce, en particulier par le succès des plates-formes chinoises de vente en ligne comme Taobao et Tmall. Il voulait créer ce type d’entreprise internet en Afrique du Sud. En 2010, quand les services de messagerie électronique comme WeChat déferlent sur l’internet et deviennent un extraordinaire outil de marketing, Wu décide de se lancer. Il crée alors une compagnie, Simpweb, qui gère des sites de e-commerce comme buyfast.co.za, un commerce en ligne au détail et en gros pour les produits électroniques et les appareils électroménagers. Il administre également bulkdeals.co.za, pour les achats en gros, et shoppingmap.co.za, un annuaire en ligne pour les acheteurs et les personnes à la recherche d’un restaurant.
Dai, devenu associé dans la compagnie de Wu, commence à diffuser des informations sur la communauté chinoise par WeChat. En 2014, cette activité secondaire se transforme en un site internet d’informations, NFonline. NF est l’abréviation de Nan Fei, Afrique du Sud en chinois. Le site offre un mélange éclectique d’informations sur les visites officielles des leaders africains et chinois, les événements culturels, et des nouvelles concernant la communauté chinoise d’Afrique du Sud. Celle-ci peut être divisée en deux groupes : ceux qui viennent de leur propre initiative pour entreprendre, comme Wu ; et ceux qui viennent pour travailler pour les grandes entreprises chinoises comme Huawei, ZTE ou Sinosteel. Le siège de NFonline se trouve à Sebenza, à Johannesburg. Une équipe de quatre personnes renouvelle l’information quotidiennement en privilégiant les nouvelles concernant les activités de la communauté. « NFonline assiste à de nombreuses activités organisées par la communauté chinoise et relaye l’information auprès des Sud-Africains. Nos lecteurs sont ceux qui veulent en savoir plus sur la culture chinoise et la communauté chinoise d’Afrique du Sud », explique Dai. « Les gens sont contents de trouver notre site. »
Du contenu de qualité
L’agence de presse chinoise Xinhua et l’un des plus grands journaux chinois, Le quotidien du peuple, fournissent au site certaines des informations internationales. Dai raconte fièrement l’origine de cette collaboration : « Quand nous avons commencé, nous étions le seul site d’informations en anglais s’intéressant aux Chinois en Afrique Sud. Xinhua et Le quotidien du peuple cherchaient à élargir leur lectorat anglophone, ils m’ont donc contacté pour savoir si nous accepterions d’utiliser leurs articles. » Pour 2016, NFonline prévoit une plus grande couverture des « Histoires chinoises » dans le pays, pour familiariser les Sud-Africains avec le quotidien des Chinois et des entreprises chinoises dans le pays. Une des manières d’y parvenir est de travailler avec les médias locaux, être présents sur les réseaux sociaux et sur les applications mobiles, pour que les Chinois d’Afrique du Sud aient enfin une voix et une visibilité dans le pays. « J’ai rencontré le directeur de Classic FM avant de venir au travail aujourd’hui », confie Dai. « On travaille sur une émission de radio culturelle et économique. Avec cette collaboration, nous voulons attirer plus d’entreprises chinoises en Afrique du Sud et trouver d’autres opportunités économiques en Chine. » Mais les investissements en Afrique du Sud sont-ils sûrs, étant donné les attaques contre des étrangers l’été dernier. Selon Dai, cette xénophobie n’était pas dirigée à l’encontre des Chinois : « C’était une attaque contre les étrangers en provenance d’autres pays africains. Les Chinois sont connus pour être travailleurs et amicaux. » Un obstacle demeure. Malgré les 15 ans passés dans le pays, le jeune homme de 31 ans fait face au regard que les locaux portent sur les Chinois : « on continue de vous voir comme un étranger. »
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