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Afrique
  2016-01-13
 

L'essor du billet rouge en Afrique

par Jeremy Stevens | VOL.8 JANVIER 2016
Mots-clés: yuan ; internationalisation ; Afrique

Un changement est en cours dans le système monétaire international. Il y a quelques années, le yuan sest mis sur la voie de linternationalisation. À la Standard Bank, nous avons très tôt été aux premières loges : en 2012, la Banque centrale du Nigeria avait annoncé, de nos bureaux à Beijing, quelle convertirait 5 % de ses réserves en yuans. Cette tendance a certainement stimulé limagination. 

De manière judicieuse, Beijing sest concentré sur lélargissement du champ dutilisation du yuan, pour aller chercher au-delà des limites géographiques de la Chine. Elle a multiplié le nombre de valeurs contre lesquelles il est échangé et a renforcé son utilisation dans la dénomination et le règlement du commerce transfrontalier et des transactions financières.  

Linternationalisation nest pas la même chose que le fait dêtre une devise de réserve. En effet, lusage est une condition nécessaire pour obtenir le statut de devise de réserve, mais cela nest certainement pas suffisant. Une devise de réserve est une devise considérée comme une réserve de valeur, ce qui est une perspective entièrement différente. Pour y arriver, la Chine devait remplir deux conditions préalables : des comptes de capitaux ouverts et des marchés financiers développés. 

Des réformes significatives 

Nous avons vu des réformes significatives dans le modèle économique de la Chine, avec notamment ladoption dun régime de change flottant, la libéralisation des taux dintérêt ou encore louverture des comptes de capitaux. Pour chacune de ces mesures, la Chine a encore du chemin à parcourir, mais elle doit avancer lentement. La précipitation exposerait sa monnaie, alors que les fragilités structurelles sont encore manifestes. 

Ce chemin sétendra vraisemblablement sur une vingtaine dannées avec trois grandes étapes : tout dabord, le yuan est passé depuis 2009 dun moyen de paiement et de transaction domestiques à un moyen de règlement régional dans le commerce international. Ensuite, cette monnaie devrait passer dune utilisation principalement de règlement commercial à une utilisation servant à la transaction financière et la tarification de produits. Enfin, les banques centrales pourront et seront enclines à acheter des yuans pour leurs réserves. 

Tout sest accéléré en novembre 2015, lorsque le Fonds monétaire international (FMI) a complété sa révision quinquennale de son panier de devises constituant les droits de tirage spéciaux (DTS). Conformément aux attentes, le yuan fut inclus et cet élargissement prendra effet à partir doctobre 2016. Cependant, cette évolution ne signifie pas que le yuan va sapprécier, surtout si la Banque populaire de Chine (BPC) décide de laisser les forces du marché jouer un plus grand rôle dans lévaluation de cette devise. 

Nous estimons que toute réaction positive savérera temporaire, du fait, en grande partie, de notre vision du dollar US et de la divergence politique continue entre la Chine et les États-Unis. Les États-Unis se préparent à augmenter les taux dintérêts, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) campera vraisemblablement sur ses positions. Ces tendances placent la Chine dans une position problématique : dun côté, ses propres fondamentaux économiques exigent des taux plus bas ; de lautre, le yuan continue à être géré en référence au dollar. 

Cette asymétrie économique suggère que Beijing ne peut pas simultanément éviter les défauts de paiement et les faillites et maintenir son taux de change face au cycle de resserrement des États-Unis. Sans dépréciation additionnelle, la balance des paiements neffectuera pas les ajustements, qui sont pourtant nécessaires, et les autorités ne pourront pas saffirmer sur les conditions monétaires nationales ni terminer le cycle de déflation. 

Il faut dire que lindice chinois des prix à la consommation en octobre 2015 a augmenté de 1,3 % en glissement annuel, contre 1,5 % en novembre de la même année. Lindice des prix à la production sest également contracté de 5,9 % pour le deuxième mois consécutif, amenant ce déclin vertigineux à son 45e mois. Après près de quatre ans de chute des prix en sortie dusine, la Chine doit trouver un moyen pour mettre un terme aux ajustements déflationnistes, afin de générer une certaine dynamique économique.  

Le soutien monétaire actuel devrait contribuer à intensifier la faiblesse de sa devise. Après six coupes dans les taux dintérêts au cours des douze derniers mois, nous attendons une baisse au premier trimestre de 2016, faisant de la Chine lun des rares pays, dont la banque centrale abaisse ses taux. 

Endiguer le ralentissement 

Malheureusement, les bilans comptables en berne des entreprises limitent lefficacité des baisses des taux dintérêt. Les entreprises publiques et les gouvernements locaux ont accumulé trop de dettes sur les six dernières années et les actifs des banques chinoises ont connu une croissance quatre fois plus rapide que le PIB nominal depuis 2009. Ces baisses des taux dintérêt ont peu de chances de stopper le ralentissement économique, mais ils visent plutôt à endiguer son rythme. Léconomie chinoise pourrait terminer 2015 avec une activité économique se stabilisant plus ou moins aux niveaux actuels. Cependant, la croissance du PIB a de fortes chances de passer de 6,9 % en 2015 à 6,5 % en 2016. Comme en 2014, les incertitudes liées à ces prévisions penchent à la baisse. 

Le développement du marché des changes de la Chine est encore à un stade primaire et la route est longue avant que le yuan ne devienne une véritable devise internationale. Pourtant, malgré des progrès peu rapides, de plus en plus de commerces et dinvestissements devraient être réalisés chaque année directement entre le yuan et dautres devises. Pour la Standard Bank, le succès de la mondialisation du yuan et de la multiplication des transactions en yuans en Afrique et ailleurs semble évident, du fait de la convergence des liens diplomatiques et commerciaux entre la Chine et lAfrique. 

Il existe cependant dautres raisons : 

Premièrement : linfluence de la Chine sur le continent a connu une forte croissance, car les succès - petits et grands - ont été nombreux. 

Deuxièmement : la Chine et lAfrique ont lavantage davoir des relations politiques de haut niveau et des institutions bilatérales et multilatérales pour le développement robustes, qui soutiendront ce processus, notamment la Banque de développement de Chine (BDC), la Banque dExportation et dImportation de Chine et, plus récemment, la Nouvelle banque de développement des BRICS. 

Troisièmement : les liens commerciaux commencent tout juste à se tisser. Les entreprises chinoises et les Chinois sont arrivés en Afrique pour investir sur le long terme. Ils vont avoir besoin douvrir des comptes et dutiliser des produits en yuans. Les travailleurs vont également vouloir renvoyer de largent dans leurs familles. 

Quatrièmement : le commerce entre la Chine et lAfrique est important, ce qui entraîne une croissance rapide de loffre et de la demande en yuans. 

Cinquièmement : linternationalisation permettra de faire diminuer plus directement les coûts, de permettre une meilleure utilisation des fonds de roulement et daméliorer les pratiques de gestion des risques, soutenant ainsi avec dautres mesures incitatives le flux commercial. De façon similaire, les investissements trouveront un soutien dans des sources de financements moins onéreuses (levés à Hong Kong ou au moyen demprunts) et de meilleures protections de capitaux (instruments de couverture), ce qui entraînera des conditions plus favorables pour les projets africains. 

Les transactions sino-africaines 

En mai 2014, dans son discours au Centre de conférences de lUnion africaine, le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a annoncé que la Chine visait une augmentation du commerce sino-africain de 220 à 400 milliards de dollars et des investissements directs de la Chine en Afrique à 100 milliards de dollars. Il a appelé la Chine et lAfrique à travailler ensemble sur des projets de coopération financière et la Chine sest engagée à soutenir la coopération bilatérale dans les règlements transfrontaliers en devises locales, les swaps de devises et létablissement mutuel de branches financières. 

En décembre 2015, le Président Xi Jinping a également annoncé lors du Forum sur la Coopération sino-africaine à Johannesburg, que la Chine offrirait un appui financier de 60 milliards de dollars. Cette enveloppe couvrirait lindustrialisation, la modernisation agricole, les infrastructures, les services financiers, le développement écologique, laide au commerce et aux investissements, la réduction de la pauvreté, ainsi que le bien-être des citoyens, la santé publique, les échanges interpersonnels, la paix et la sécurité.

(Lauteur est un économiste du groupe Standard Bank basé à Beijing.) 

  

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