Stade de Limbé

Le Cameroun a obtenu l’organisation des  Coupes d’Afrique des nations (CAN) 2016 et 2019, respectivement dans les catégories féminine et masculine. Muet pendant des années, ce géant du football africain veut renouer avec l’organisation des grands événements sportifs du continent. À cet effet, le pays vient de finaliser deux stades ultramodernes dans les villes de Limbé, au sud-ouest, et Bafoussam, à l’ouest du pays. Lesdits stades ont bénéficié du financement de la Chine, dans le cadre de sa coopération avec le Cameroun, pour un coût global d’environ 80 millions de dollars. Les deux infrastructures sportives portent la marque de la China Machinary Engineering Corporation (CMEC), qui a assuré les travaux de construction des deux édifices.  

Préparer les CAN 

Ce grand retour du Cameroun dans l’organisation des compétitions africaines intervient 44 ans après l’organisation de la 8e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football en 1972, dans les villes de Yaoundé et Douala. Pour la deuxième fois de son histoire, le Cameroun va donc se lancer dans l’organisation de grands événements sportifs. Dans l’immédiat, c’est la CAN féminine qui marquera ce retour du Cameroun en tant qu’organisateur de compétitions de haut niveau. Prévue pour novembre 2016, la CAN féminine va se disputer dans les villes de Yaoundé et Limbé. Cette compétition internationale va constituer un véritable galop d’essai, sur le plan organisationnel, pour la CAN masculine, prévue dans trois ans sur le sol camerounais. Les autorités en sont parfaitement conscientes, d’où le suivi permanent du ministre des Sports et de l’Éducation physique, Pierre Ismaël Bidoung Kpwatt, qui se fait constamment accompagner par ses homologues Jean-Claude Mbwentchou, ministre de l’Habitat et du Développement urbain, ainsi que par le ministre des Marchés publics, Aba Sadou. Ces personnalités gouvernementales multiplient leurs visites conjointes sur le terrain, afin de s’assurer de l’avancée rapide des travaux et de leur efficience. En attendant le début de ces deux événements sportifs, les décideurs de Yaoundé et leur partenaire chinois s’attèlent aux finitions des travaux des stades de Limbé et de Bafoussam, nécessitant encore l’amélioration des voies d’accès, un meilleur ravitaillement en eau et en énergie électrique ainsi que l’installation du réseau téléphonique.  

Le stade de Limbé a été rebaptisé « The Limbé Omnisport Stadium » le 26 janvier dernier par les autorités camerounaises, en présence d’un expert de la CAF, le Togolais Espoir Assogbavi Komlan. Celui-ci avait alors confirmé que le stade de Limbé était aux normes de la CAF, apte donc à accueillir de grands rendez-vous du ballon rond, sous réserve de finaliser les travaux connexes. Cependant, les Camerounais n’ont pas attendu les CAN 2016 et 2019 pour profiter de l’antre de Limbé. Le 26 mars dernier, le stade a accueilli des milliers de spectateurs pour sa première rencontre internationale de football, opposant les Lions indomptables du Cameroun aux Bafana Bafana d’Afrique du Sud, pour la 3e journée des éliminatoires de la CAN 2017 se tenant au Gabon.  

Le stade de Limbé 

D’une capacité de 20 000 places, le stade de Limbé, niché à Ngueme dans le sud-ouest du pays, est actuellement un rêve devenu réalité. Ce joyau architectural, construit par la société chinoise CMEC, suscite la fierté des 500 000 habitants de la ville. Avec ce stade flambant neuf qu’abrite désormais la coquette cité de Limbé, le Cameroun modernise ses infrastructures sportives. Construit en altitude, il est possible d’apprécier l’édifice à une distance considérable. Le stade offre de son côté une vue sur l’océan Atlantique, un véritable cliché panoramique d’une beauté insolite. 

L’orientation de l’ouvrage respecte tous les critères d’alignement Nord-Sud. Critères recommandés dans la construction de terrains de football, pour équilibrer l’expansion des reflets solaires sur les athlètes et favoriser l’équité. De ce fait, aucun gardien de but ne peut être désavantagé par le soleil. Tout a été totalement conçu par la CMEC, qui a assuré la conception ainsi que l’exécution. La pelouse du stade est constituée de gazon naturel. L’éclairage de la pelouse est assuré par quatre pylônes alimentés chacun par un générateur électrique autonome. Dans les travées, les nouveaux sièges en plastique scintillent. Selon les experts, ce stade respecte les nouvelles normes fixées par la Fifa.  

Avec son architecture ultramoderne, le stade de Limbé est considéré comme l’un des stades (avec celui de Bafoussam) les plus modernes du Cameroun. La construction de ce stade a été inclusive, l’on y a installé des accommodements pour toutes les composantes de la société, comme des voies d’accès et des toilettes pour handicapés ou une zone de presse pour les journalistes. Une autre zone est réservée aux organisateurs d’événements, à laquelle s’ajoute un autre compartiment destiné aux athlètes et à leurs accompagnateurs. Avec cet investissement massif, The Limbe Omnisport Stadium fait désormais partie des destinations sportives nationales et internationales de prestige. 

Le stade de Bafoussam 

Le stade de la ville de Bafoussam, à l’ouest du Cameroun, dispose d’installations identiques à celles de la ville de Limbé, trônant majestueusement dans le quartier de Kouékong. D’une capacité de 20 000 places assises, il abritera certaines rencontres de la CAN 2019. Kouékong est une banlieue de Bafoussam, située à la lisière des départements du Noun et de la Mifi (noms des grands cours d’eau de l’Ouest-Cameroun). Bafoussam, capitale régionale de l’Ouest-Cameroun, est connue pour le dynamisme commercial de sa population, de près de 700 000 habitants. La cité se prépare pour la fête du football, même si elle ne sera pas concernée par la CAN féminine qui se déroulera en novembre prochain uniquement dans les villes de Yaoundé et Limbé. La ville est ainsi déjà pavoisée de nouveaux édifices hôteliers.  

Ce stade porte également l’estampille du cartel chinois de constructions d’envergure, la China Machinary Engineering Corporation (CMEC). Cet édifice de football possède en outre une piste d’athlétisme constituée de bitume synthétique, qui amoindri les chocs en cas de chute de l’athlète. Si l’essentiel des travaux ont été finalisés, d’autres travaux connexes continuent. Notamment la construction des voies d’accès, des parkings, de la clôture, l’installation des réseaux électriques et des télécommunications, l’éclairage de la pelouse et bien d’autres équipements complémentaires. Désormais, Bafoussam figure aussi parmi les villes camerounaises disposant d’un stade de football répondant aux normes internationales, grâce aux fruits de la coopération sino-camerounaise.  

Coopération sino-camerounaise 

Dans le cadre de leur coopération, la Chine et le Cameroun ont initié un vaste programme pour la construction d’infrastructures sportives de qualité dans tous les grands centres régionaux et départementaux du pays. Cette coopération se matérialise avec les stades de Limbé et Bafoussam. Rappelons que l’objectif principal de l’appui financier et technique chinois est de doter le Cameroun d’infrastructures sportives de premier choix, comme détaillé dans le PNDIS (Programme national de développement des infrastructures sportives), mis en place par le gouvernement de Yaoundé pour réduire le déficit en équipement sportif du pays. Le PNDIS prévoit la construction d’un stade omnisport de 15 000 à 20 000 places, d’un stade d’entraînement annexe et d’un palais des sports d’au moins 2 000 places assises, dans chacune des capitales provinciales et départementales du pays.  

À cet effet, le gouvernement chinois va progressivement décaisser les fonds nécessaires pour la matérialisation de cet étendu projet, en fonction des accords de crédits avec l’État camerounais. Avec ces stades, le savoir-faire chinois est mis en relief, notamment avec l’apport des sociétés comme la China Machinary Engineering Corporation (CMEC) ou en encore Sinohydro, dont l’expertise n’est plus à questionner dans le domaine des travaux de construction. Le succès de cette coopération est évident pour le Dr Babissakana, ingénieur financier camerounais : « La coopération avec la Chine est très évidente pour le décollage économique du Cameroun. La Chine réalise de bonnes affaires à travers son engagement dans la construction d’infrastructures au Cameroun, en battant les concurrents occidentaux dans l’offre des fonds devant permettre au Cameroun d’exécuter les projets décisifs pour son développement et sa croissance économique. Ce qui n’aurait pas été facile, voire même impossible, avec les Européens. » Malgré le léger ralentissement de l’économie chinoise l’année dernière, la Chine continue de mettre à la disposition du Cameroun et du reste du continent africain des lignes de crédit évaluées à plusieurs milliards de dollars. Une amitié fiable que le gouvernement de Beijing entend poursuivre en soutenant le développement des pays africains.  

 (Reportage du Cameroun)