À seulement quelques mois des Jeux  olympiques (JO) de Rio de Janeiro, en août 2016, la compétition bat son plein au Tournoi de qualification intercontinental de tennis de table. Zhang Chaoling, principal entraîneur de l’équipe nationale égyptienne, semble pourtant calme. Et il peut être serein, ses quatre joueurs se sont en effet déjà qualifiés pour les JO, grâce à leurs bons résultats lors des Jeux africains en septembre 2015. 

Le 13 septembre 2015, la 13e édition des Jeux africains s’est tenue à Brazzaville, en République du Congo. La finale féminine a opposé l’Égypte au Nigéria, dans un combat acharné. Au début, l’équipe nigériane mène, mais l’équipe égyptienne persévère et finit par remporter la victoire, au grand soulagement de Zhang Chaoling. Lors de ces jeux, deux de ses joueurs remportent également l’or masculin et féminin. Les quatre premiers au classement, dans les compétitions masculine et féminine, étant automatiquement qualifiés pour les Jeux olympiques, deux Égyptiens et deux Égyptiennes se qualifient. « Je suis très content de ce résultat, notamment de l’équipe féminine, qui a remporté la victoire dans des conditions très difficiles. J’espère que ces quatre sportifs pourront activement préparer les JO, pour aller plus loin », confie Zhang plein d’espoir. 

Cet entraîneur chinois vient de la province du Shaanxi, au centre de la Chine. Coupe au carré, en tenue de sport, il est toujours plein d’énergie. À l’âge de 7 ans il découvre le ping-pong, à 13 ans il est sélectionné dans l’équipe provinciale, et à 20 ans il est entraîneur dans l’équipe de Shaanxi. « C’est mon destin de jouer au ping-pong », aime-t-il dire.  

Difficultés et succès 

En 2008, Zhang reçoit l’invitation d’un club de ping-pong égyptien. Il a alors 44 ans, et animé par l’envie de partager son amour pour le sport, il décide d’accepter. « Au début, la langue est le plus grand problème. » Zhang ne parle ni l’anglais ni l’arabe, sans interprète, il ne peut communiquer pendant presque six mois. Il s’efforce d’étudier les langues, en apprenant d’abord les mots dont il a besoin pour son travail : raquette, table de ping-pong, etc. Les entraîneurs et les joueurs l’aident : « Je notais dans mon calepin chaque mot que j’apprenais, et mes joueurs écrivaient la prononciation anglaise et arabe. Après un an, je pouvais parler avec eux. » 

Son succès en tant qu’entraîneur ne passant pas inaperçu, il est engagé par l’équipe nationale d’Égypte. Il n’est pas facile pour un entraîneur étranger d’être accepté par une équipe nationale, cette acceptation est pour Zhang un travail constant. Tous les jours, il donne des cours, accompagne les joueurs lors des entraînements, faisant très attention à leurs gestes. Lorsqu’une erreur est constatée, il la corrige et fait pratiquer le bon geste jusqu’à ce qu’il soit acquis. Petit à petit, la technique des joueurs s’améliore, et ceux-ci commencent à obtenir de bons résultats dans les tournois. 

Au fil du temps, Zhang et les Égyptiens tissent une profonde amitié. Celui que tous appellent Zhang ge, frère Zhang, oublie un jour son anniversaire, mais son équipe n’oublie pas. Les autres entraîneurs, les joueurs et les parents lui achètent un grand gâteau d’anniversaire, occupant la moitié de la table de ping-pong. Zhang est alors très ému. Celui-ci compte également avec le soutien du président de l’Association de ping-pong d’Égypte, Alaa Meshref. Né dans une famille amatrice de ping-pong, Meshref connaît bien le sport et veut le développer dans son pays. Suite à une proposition de Zhang, il approuve la construction d’un nouveau stade de ping-pong, permettant aux joueurs de s’entraîner dans de meilleures conditions. Selon Zhang, les bons résultats d’aujourd’hui s’expliquent par le soutien inconditionnel du président Alaa. Sa fille, Dina Meshref, est une des protégées de Zhang. Championne de plusieurs compétitions, elle fait la fierté de son entraîneur. Intelligente et studieuse, la jeune Dina suit rigoureusement l’entraînement tout en étudiant à l’université. En février 2016, elle remporte sans surprises la médaille d’or de la Coupe d’Afrique de tennis de table. Zhang veut aujourd’hui l’aider à obtenir une médaille dans les épreuves internationales. 

Un grand rêve 

Depuis que Zhang Chaoling dirige l’équipe égyptienne, celle-ci a remporté plusieurs fois la Coupe d’Afrique de tennis de table, dans les épreuves par équipe ou dans les simples masculin ou féminin, faisant de l’Égypte le numéro 1 du ping-pong en Afrique. Mais cela ne constitue qu’un premier pas pour Zhang, qui espère faire de l’Égypte un des principaux acteurs du ping-pong sur la scène internationale. Début 2016, Zhang voyage avec son équipe à Singapour, en Hongrie et en Allemagne pour participer à diverses compétitions sportives. Ces épreuves permettent aux joueurs de se préparer non seulement mentalement, mais aussi techniquement pour les JO de Rio de Janeiro. 

Zhang amène souvent son équipe en Chine. Dans sa province d’origine, Shaanxi, les joueurs égyptiens s’entraînent avec des joueurs de l’équipe provinciale. Selon l’entraîneur, ce genre d’échanges présente beaucoup d’avantages : « Comme tout le monde le sait, la Chine est une grande puissance du ping-pong. Son niveau est très élevé et elle a de meilleures techniques. Chaque année, lorsque nous voyageons en Chine pour nous entraîner avec des joueurs chinois, nous apprenons beaucoup. Parfois, l’équipe égyptienne invite l’équipe chinoise en Égypte, ces échanges sont très positifs », explique Zhang à CHINAFRIQUE.  

L’avenir du ping-pong 

Actuellement, le ping-pong se développe très inégalement en Afrique. La situation en Égypte et au Nigéria est favorable, les autres pays africains sont relativement en retard, principalement pour des raisons économiques et une pratique non systématique du sport. Quelques pays, comme l’Afrique du Sud, le Nigéria et la Tunisie, ont aussi engagé des entraîneurs chinois. Sous la direction de Zhang, l’équipe égyptienne domine le continent. 

Celui-ci veut établir une Association de ping-pong des Chinois en Égypte, pour renforcer les liens entre les deux pays. Grâce à cette structure, il espère intensifier les échanges liés au ping-pong et augmenter les communications entre les autorités et les entreprises pour que l’amitié sino-égyptienne s’approfondisse et les deux pays se développement ensemble dans le domaine du ping-pong. Il souhaite également organiser une Coupe du monde de ping-pong pour les enfants en Égypte. Il pense que les champions du monde – tels que Wang Nan et Zhang Yining – devraient tous participer à cette Coupe pour enfants, dont le but serait de promouvoir le développement du ping-pong en l’Égypte et dans le monde. 

Zhang Chaoling confie à CHINAFRIQUE qu’il pense rester en Égypte : « Je suis profondément attaché à l’Égypte. Mon équipe et moi nous entendons très bien. Je les aime et ne veux pas les quitter, et ils m’aiment aussi. » Il espère également atteindre un plus grand objectif, « l’équipe égyptienne doit devenir une puissance mondiale ». Cet objectif est sa principale motivation et Zhang a confiance. Pour l’atteindre il faut d’une part, maintenir les bons résultats dans les compétitions ; d’autre part, se concentrer sur la construction d’échelons, puisque de nombreux membres de l’équipe égyptienne sont très jeunes. En 2016, il veut amener son équipe en Chine pour participer aux compétitions et aux entraînements pour enfants. « Si les enfants égyptiens atteignent le même niveau que les enfants chinois, se classer parmi les puissances mondiales ne sera plus un rêve », conclut-il.