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Afrique
  2016-11-02
 

Découvrir la cuisine africaine

par Sudeshna Sarkar | VOL.8 novembre 2016
Mots-clés: cuisine; Afrique
Kabir Bawa s’entretient avec une de ses clientes.

 

Le douanier à l'aéroport d'Heathrow n'en croyait pas ses yeux. « Ogbono, disait-il en scrutant le paquet qu'il avait saisi sur un passager en provenance du Nigéria. Qu'est-ce que c'est ? » Kabir Mohammed Bawa se résignait à perdre encore un précieux colis de nourriture du Nigéria qu'il voulait offrir à un ami en Grande-Bretagne du fait de l'ignorance de ce douanier, mais il sentait la colère monter. « Chaque fois que j'apportais de la nourriture africaine pour ma famille et mes amis en Grande-Bretagne, ils la confisquaient à Heathrow en raison de manquements dans l'emballage et la dénomination, explique cet homme de 47 ans originaire d'Abuja, à CHINAFRIQUE. La fois de trop, c'était en septembre 2010, quand j'ai apporté de l'ogbono dans des sacs en nylon et qu'on m'a demandé à l'aéroport ce que c'était. Je ne savais pas quoi faire, j'ai dit que c'était de l'ogbono et on m'a regardé en se demandant quelle langue je parlais. Comment ne pouvait-il pas savoir que l'ogbono est le nom au Nigéria d'une épice à base de graines de manguier sauvage ? »

Des ingrédients africains sur toutes les tables

Si les colis ont été confisqués, du positif en sera ressorti. « Après cette expérience, j'ai décidé de faire quelque chose pour éviter que les Africains ne soient embêtés par les services de la quarantaine dans le monde chaque fois qu'ils transportent de la nourriture du continent, explique Bawa. Ma frustration a fait que je me suis diversifié dans la production et la transformation alimentaire. » C'est ainsi qu'Afro Foods est née en 2011 à Abuja, capitale du Nigéria, après quatre années d'études de marché rigoureuses. Cette décision a été prise facilement, car Bawa était dans les affaires depuis 2006. Même si son grand-père et son père avaient réussi dans leurs entreprises florissantes de construction et de commerce, Bawa s'était initialement lancé dans une carrière de fonctionnaire en tant que comptable au Conseil conjoint des admissions et des inscriptions, relevant du gouvernement fédéral du Nigéria. Au bout de douze années, il a démissionné en constatant qu'il n'était pas fait pour un emploi salarié et créé sa propre société de construction et de génie civil, Afro Dimensions, avant de se diversifier dans l'immobilier et la fabrication.

La société Afro Foods est quelque peu différente : elle se propose de propager et de renforcer la culture alimentaire africaine dans le monde. La vision de Bawa, c'est que les produits d'Afro Foods soient présent « non seulement dans les cuisines de tous les ménages africains, mais aussi dans les épiceries de Chine, à Wal-Mart aux États-Unis, sur les étagères de Tesco, de Sainsbury et d'Asda en Grande-Bretagne et dans le monde ». La société transforme les ingrédients essentiels à la cuisine africaine, comme la cassave, des légumes secs et de la farine de différentes racines. La plupart de ces idées sont nées de sa propre curiosité et de son expérience.

Ainsi, un jour, au bureau, Bawa voulait manger du moin-moin, une spécialité à base de fèves pelées, une sorte de pudding aux fèves. Contactant sa femme pour lui dire qu'il rentrerait en manger, il s'est rendu compte que c'était impossible, qu'il faudrait des heures pour laver et faire tremper les fèves afin de préparer ce met délicat. Rentrant chez lui, sa femme lavait encore les fèves. « J'étais dans la cuisine et je regardais ma femme tout en la plaignant en raison de la préparation rigoureuse, explique-t-il. C'est à ce moment que j'ai eu l'idée de fournir des fèves pelées prêtes à l'emploi. »

Un potentiel illimité

Afro Foods travaille avec des fermiers locaux, les forme et achète leurs produits qui sont ensuite transformés, emballés et vendus au Nigéria, dans des pays d'Afrique de l'Ouest et en Europe. Ils s'écoulent dans les magasins et les supermarchés, mais aussi sur Jumia, l'Amazon africain à Lagos, auprès des particuliers et des restaurants, des grossistes et des importateurs. « Pour moi, le potentiel de l'agroalimentaire est illimité, explique Bawa. Les gens ne cesseront jamais de manger. »

Des chiffres de 2013 de la Banque mondiale montrent qu'avec la croissance démographique, des revenus, de l'urbanisation et des migrations internationales, le secteur agroalimentaire africain, estimé à 313 milliards de dollars par an, va tripler d'ici à 2018. Par ailleurs, 60 % des terres non cultivées propices à l'agriculture dans le monde se trouvent en Afrique. En 2014, une étude menée en collaboration avec le Bureau national des statistiques du Nigéria et le groupe d'étude d'évaluation des conditions de vie de la Banque mondiale a montré que les Nigérians dépensent 399,65 milliards de naira (1,31 milliard de dollars) pour la nourriture tous les mois. Le gouvernement importe tous les ans pour 1 300 milliards de naira (6,5 milliards de dollars) de nourriture.

Afro Foods veut puiser dans le potentiel des produits agroalimentaire au Nigéria mais aussi en exportant. Bawa reconnaît cependant qu'il existe des obstacles. Même si sa famille est riche et a réussi dans les affaires, il lui est difficile d'obtenir des prêts bancaires. « Je me suis aperçu dans les affaires que la famille et les amis étaient les premiers à fournir des financements, parce que s'ils ne croient pas en vous pour investir, personne ne le fera. Ils sont les seuls à connaître vos capacités, explique Bawa au quotidien kényan The Nation. Au début, les conditions bancaires ont été très strictes. Je me suis donc tourné vers d'autres sources de financement. » Bawa explique à CHINAFRIQUE qu'il a commencé avec ses économies et le soutien d'un programme national pour soutenir le secteur privé, créer des emplois et procurer des financements.

La sécurité alimentaire a été un autre obstacle. Il y a eu de nombreux cas de produits alimentaires contaminés ou de produits contenant des résidus de pesticides, causant des morts au Nigéria. Le dolique est appelé le « pois tueur » en raison des décès causés par sa consommation. L'Union européenne a interdit en 2015 l'importation pendant un an de certains produits du Nigéria et l'Agence nigériane pour l'administration et le contrôle des produits alimentaires et pharmaceutiques a interdit la vente de pois sans son approbation. Bawa a donc formé près de 3 000 fermiers chez lesquels il s'approvisionne. Il utilise des équipements de qualité pour la transformation et l'emballage, qui sont ensuite certifiés.

La carte chinoise

Il y a une composante chinoise de taille chez Afro Foods. « La Chine est le centre mondial des équipements de transformation alimentaire avec un excellent rapport qualité-prix, précise Bawa. Afro Foods importe ses sacs d'emballage de qualité et ses équipements de transformation de Chine. » Le Nigérian recherche aussi des partenaires et des investisseurs dans ce domaine. Il souhaite évidemment vendre ses produits en Chine. « La Chine a une population africaine qui augmente et une population curieuse. C'est notre cible. Même si ce sont surtout les Africains qui connaissent nos produits, nous voulons faire entrer les aliments africains dans l'alimentation globale, pour que ceux qui ne sont pas Africains les achètent. »

 

Exclusif CHINAFRIQUE

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