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Afrique
  2017-03-13
 

Équilibrer la balance

par Chika Ezeanya-Esiobu | VOL.9 Mars 2017
Mots-clés: Rwanda; femmes

La Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Rwanda Louise Mushikiwabo (c.) appartient au gouvernement mixte du Rwanda

 

Un article récent publié dans The Guardian, intitulé « Sur la parité parlementaire, le Royaume-Uni est 48. Il pourrait apprendre du n1 : le Rwanda », appelle certaines nations du monde à prendre exemple sur le Rwanda en ce qui concerne l'intégration politique des femmes. Sur ce sujet, le Rwanda est en effet en tête de peloton parmi les gouvernements africains, les ONG, le secteur privé et la société civile, qui s'unissent de plus en plus pour améliorer la situation politique et économique des femmes à travers le continent.

Cependant, il est important de noter en premier lieu que le préjugé largement répandu, selon lequel les sociétés africaines sont dans l'ensemble de leurs cultures enclines à mépriser les femmes, ne correspond pas à la réalité. Avant la colonisation, de nombreuses sociétés africaines comportaient une partie de leur population féminine très indépendante au niveau politique, économique et social, qui participait activement à l'organisation de la communauté et à l'édification de la nation. Le colonialisme introduisit une forme d'idéologie victorienne du genre parmi les classes supérieures africaines et, dans une large mesure, parvint à effacer les formes traditionnelles préexistantes des manifestations du pouvoir féminin en Afrique précoloniale. Selon les rapports coloniaux, les femmes dans le Rwanda précolonial travaillaient dur dans les fermes et possédaient une certaine mesure de liberté concernant les affaires économiques. Cependant, le colonialisme relégua pour la première fois certaines femmes au statut de femmes au foyer dans les villes, du fait de leur mariage à des hommes travaillant pour l'administration coloniale.

Égalité des sexes

De nombreux pays africains travaillent désormais au rétablissement du statut précolonial des femmes et à leur reconnaissance, tout en tentant de corriger certaines croyances culturelles, certaines normes et certaines pratiques déresponsabilisantes, qui remontent aux temps précoloniaux. Il s'agit désormais d'un impératif car, selon la présidente du FMI Christine Lagarde, « lorsque les femmes vont mieux, les économies vont mieux ». Par ailleurs, dans un discours lors de la Clinton Global Initiative, l'ancien Président des États-Unis Bill Clinton nota que les « femmes réalisent 66 % du travail dans le monde et produisent 50 % de l'alimentation, alors qu'elles ne gagnent que 10 % des revenus et ne possèdent que 1 % de la propriété ».

En Afrique, le Rwanda est parvenu à faire tomber plusieurs barrières structurelles, qui reléguaient auparavant les femmes au statut d'inférieures dans le système politique. Le pays travaille aujourd'hui de façon graduelle mais continue à transformer certaines opinions sur les femmes. Depuis le génocide de 1994, au cours duquel près d'un million de citoyens furent massacrés et un demi-million de femmes violées, le gouvernement du Rwanda s'est efforcé d'améliorer le statut des femmes et il a enregistré certains résultats impressionnants au cours de ce processus. En effet, le pays a reçu de nombreux éloges et est considéré comme une véritable success story africaine en matière d'intégration des femmes dans la gouvernance, ainsi que dans la mise en place de politiques visant à améliorer la situation sociale et économique des femmes.

Aujourd'hui, 64 % des parlementaires du Rwanda sont des femmes, ce qui représente la proportion la plus élevée de femmes parlementaires au monde. Il existe par ailleurs une agence dédiée à la surveillance des questions d'égalité des sexes dans le pays, l'Observatoire du genre (Gender Monitoring Office), et les droits des femmes sont inscrits dans la constitution. Plusieurs lois spécifiques existent pour protéger les droits des femmes en matière d'héritage patrimonial, de partage des biens dans les relations maritales et d'obtention de crédit pour des projets d'entreprise.

L'émancipation des femmes

Le Rwanda a parcouru un long chemin depuis la période d'avant le génocide, lorsque les femmes ne pouvaient ni travailler, ni voyager à l'étranger sans l'approbation signée de leurs maris. Avant le génocide, les femmes du Rwanda ne pouvaient pas non plus hériter d'une propriété et étaient parfois forcées de se marier à un jeune âge contre leurs souhaits, sans avoir non plus accès aux moyens de contraception. Selon la Banque mondiale, le taux de mortalité maternelle au Rwanda a chuté de 1 052 morts pour 10 000 naissances en 2005 à 320 morts pour 10 000 naissances en 2013. Depuis l'an 2000, le taux de mortalité maternelle a chuté de 60 % et la probabilité de mort infantile avant l'âge de 5 ans a diminué de 70 %. De plus, près de 98 % des femmes rwandaises sont aujourd'hui couvertes par une assurance santé et les mariages et grossesses précoces sont moins nombreux que par le passé.

Les progrès du Rwanda dans l'émancipation des femmes couvrent tous les domaines et sont particulièrement remarquables dans le secteur de l'éducation où, entre 2005 et 2010, l'âge moyen du niveau d'instruction des Rwandaises a augmenté d'une année et en 2013, le taux d'alphabétisation des femmes de 15 à 24 ans était de 78 %. En matière d'emploi formel, les dernières statistiques disponibles de l'Institut national des statistiques du Rwanda indiquent que depuis l'an 2000, le pays enregistre un taux d'emploi plus élevé pour les femmes, avec 85 % de femmes employées en 2010 contre 83,2 % pour les hommes.

Des défis restants

Témoin d'accomplissements remarquables, le Rwanda continue cependant de faire face à certains défis, que le gouvernement s'efforce de surpasser. Les femmes au Rwanda représentent plus de 54 % de la population et dirigent 30 % des foyers ruraux, dont la plupart souffrent d'insécurité alimentaire. L'agriculture, dont dépend une grande partie de la population rurale, est peu fiable et largement sous-développée, principalement à cause de facteurs environnementaux et de l'absence de technologie moderne. L'agriculture rurale, dans laquelle les femmes sont principalement engagées, est constituée de petites parcelles de moins d'un hectare, sur lesquelles sont pratiquées une culture pluviale de céréales et de légumes, ainsi que l'élevage traditionnel de bétail. Seul un faible pourcentage des agriculteurs - des hommes pour la plupart - sont engagés dans une production agricole de rente. Les foyers dirigés par les femmes dans les régions rurales sont aussi les plus vulnérables, car ils n'ont qu'un faible accès à la terre, voire n'en possèdent aucun. À ce stade, le gouvernement du Rwanda doit concentrer son travail pour permettre aux femmes habitant en zones rurales d'obtenir les compétences et les ressources nécessaires à l'amélioration de leur niveau de revenus actuels. Malgré ces défis, le parcours du Rwanda en matière d'émancipation des femmes a fait de ce pays un rayon de lumière pour l'Afrique et pour le reste du monde.

(L'auteur est maître de conférences et chercheur à la Faculté de commerce et d'économie de l'Université du Rwanda.)

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