CHINAFRIQUE : Quelle est la spécificité du tourisme seychellois ?

Maurice Loustau-Lalanne : Les Seychelles sont une destination touristique depuis les années 1970, dont le principal atout est la beauté naturelle. C'est sur cette base que nous avons lancé notre industrie touristique. De plus, nous avons choisi de prioriser un tourisme haut de gamme, car les Seychelles ont un écosystème très fragile. Nous ne sommes pas à la recherche d'un tourisme de masse.

Quelles mesures avez-vous prises pour assurer la durabilité du secteur ?

Les Seychelles sont de petites îles très fragiles situées au milieu de l'océan. Notre force étant la beauté naturelle de notre territoire, nous avons décidé dès le départ d'en préserver la moitié, qui est désormais protégée, et de développer la moitié restante. Ce choix nous a permis de préserver notre patrimoine, tout en attirant davantage de touristes.

Le gouvernement seychellois a-t-il entrepris des démarches spécifiques pour attirer plus de touristes chinois ?

Au mois de mai, nous avons lancé la marque « Seychelles en Chine » à travers des campagnes de promotion à Shanghai et à Beijing, et dans d'autres grandes villes chinoises. Nous sommes venus avec trois messages essentiels. Le premier met l'accent sur la détente et la relaxation que les Seychelles sont en mesure d'offrir. Le deuxième message est que nous privilégions toujours la qualité de notre tourisme. Nous insistons beaucoup là-dessus. Enfin, sur la base de la réputation dont jouit l'archipel, le troisième message, c'est « venez au paradis réaliser vos rêves ».

Dans l'autre sens, les Seychellois aussi sont amenés à se rendre en Chine, essentiellement pour faire du shopping. Le renforcement de la coopération touristique est donc avantageux pour nos deux pays.

Concrètement, où en est cette coopération sur le plan touristique ? Et que proposez-vous pour la pousser plus avant ?

Nous coopérons sur la formation du personnel en ce moment. Nous avons à peu près une vingtaine d'étudiants chinois aux Seychelles qui travaillent dans nos hôtels haut de gamme. Ils sont là pour une période d'un an, accompagnés d'experts chinois qui forment leurs vis-à-vis seychellois et les étudiants de l'Académie du tourisme seychelloise. Je pense que l'essentiel, dans un avenir proche, est de voir comment nous pourrions amener aux Seychelles plus d'investisseurs chinois. Il y a aussi des sociétés et des citoyens chinois installés aux Seychelles, mais pas strictement dans le domaine touristique. Pour canaliser davantage la coopération entre nos deux pays, il est absolument nécessaire d'avoir des investisseurs chinois dans le domaine touristique aux Seychelles. C'est un aspect important dans le développement futur de la coopération entre les deux pays.

Quelles sont les nouvelles tendances du tourisme mondial, et comment l'Afrique se positionne-t-elle ?

La première tendance, c'est que les visiteurs cher-chent à avoir une expérience directe du pays hôte. Il faut donc qu'ils aient davantage de contacts avec la population locale. C'est là que se trouve la clé, et pas uniquement dans les paysages.

La deuxième, c'est que chaque pays doit avoir sa propre stratégie pour essayer d'attirer plus de touristes. Dans le cas des Seychelles, notre espace terrestre est restreint, mais nous avons un immense territoire marin. Il nous faut donc aussi proposer beaucoup plus d'excursions et de circuits en mer. Les perspectives sont nombreuses de ce point de vue là.

Pour ce qui est de l'Afrique, il s'agit d'un continent avec beaucoup de potentiel, qui progresse vite. Il jouera un rôle primordial en attirant davantage de touristes chinois. Pour cela, il faudrait permettre aux compagnies aériennes et aux voyageurs des deux parties de pouvoir circuler librement. Je pense que le continent africain a tout intérêt à travailler de manière très rapprochée [avec les partenaires chinois] pour dégager davantage de profit.

(Chen Junxia, journaliste de l'agence Xinhua, a contribué à cette entrevue.)

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