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  2020-12-25
 

Projections à l'affiche

Hu Fan  ·   2020-12-25
Mots-clés: industrie du cinéma; Chine

L’industrie du cinéma s’engage lentement sur la voie de la reprise en Chine.

File d’attente devant les caisses dans un cinéma de Shanghai, le 16 octobre 2020.

Zou Menglei a ressenti un grand soulagement lorsque la date de sortie de The Rescue, film catastrophe à gros budget produit par la société qui l’emploie, a finalement été fixée au 18 décembre 2020. La projection du film, initialement prévue en janvier 2020, a dû être reprogrammée en raison de la pandémie de COVID-19.

Mme Zou est comptable chez Bona Film, un des principaux producteurs de films et exploitants de cinéma en Chine. La société a connu une période difficile lorsque les lieux publics ont été fermés au niveau national afin de maîtriser l’épidémie. Pendant plus de six mois, tous les employés de Bona, contraints de travailler à temps partiel, ont attendu avec angoisse la réouverture des salles obscures, croisant les doigts pour ne pas perdre leur emploi.

The Rescue, réalisé par Dante Lam (originaire de Hong Kong), raconte l’histoire d’une unité de sauvetage de garde-côtes chinois mettant de côté leurs différences personnelles pour régler une situation de crise. Mme Zou est optimiste quant aux perspectives concernant le box-office, le principal étant que les salles de projection aient enfin pu réouvrir.

Le 1er octobre 2020, jour de la fête nationale chinoise, le box-office a connu une belle envolée. Les recettes totales d’environ 3,7 milliards de yuans (565 millions de dollars) représentent le deuxième chiffre le plus élevé pour la période, arrivant juste derrière les 5 milliards de yuans de 2019 (764 millions de dollars). Cependant, les recettes globales pour 2020 ont diminué d’environ 70 % par rapport à 2019 où elles s’élevaient à 64,3 milliards de yuans (9,2 milliards de dollars).

Une reprise durement acquise

Employé d’un cinéma à Handan, au Hebei (nord), désinfectant une salle de projection, le 19 juillet 2020.

Le 16 juillet 2020, l’Administration chinoise du cinéma a annoncé que les salles de cinéma situées dans des zones à faible risque épidémique étaient autorisées à rouvrir le 20 juillet 2020, à condition que tous les protocoles de prévention soient en place. Le jour même de l’annonce, Alibaba Pictures et Enlight media, deux grandes sociétés de production, ont chacune annoncé leur calendrier de sorties de films.

Au début, les exigences sanitaires imposées aux cinémas étaient très strictes. Les places de cinéma devaient être réservées et vendues en ligne sans contact physique avec les clients, les spectateurs devaient être assis à un mètre de distance minimum les uns des autres et le taux d’occupation ne devait pas dépasser 30 % lors de chaque projection. La vente de nourriture et de boissons, source importante de revenus pour les cinémas, était également interdite.

En outre, la durée de chaque projection était limitée à deux heures maximum et des intervalles plus longs entre les projections étaient nécessaires afin d’assurer un temps suffisant pour le nettoyage et la désinfection.

Parmi les premiers films projetés pour tester la réaction du marché, figuraient des superproductions antérieures telles que Wolf Warrior 2 et Wandering Earth, dont les droits d’auteur ont été cédés par leurs propriétaires à China Film Group. Des accords ont été conclus pour que tous les bénéfices générés par les projections soient reversés aux salles de cinéma.

Le premier billet a été vendu par Heping Cinema à Chengdu, au Sichuan, (sud-ouest). Dans l’après-midi du 17 juillet 2020, ce cinéma vintage a commencé la prévente des billets sur une plateforme de réservation en ligne et les 165 billets disponibles pour la date de réouverture se sont vendus comme des petits pains.

Le prix des billets avait été fixé à 3,1 yuans (0,47 dollar), dont 3 yuans représentant la part payée à la plateforme de réservation. Le cinéma n’a gagné que 16,5 yuans (2,5 dollars) au total avec la vente des billets, mais le personnel était vraiment content de retourner travailler.

« Nous étions vraiment heureux, non pas des recettes, mais de voir que nos clients ne nous ont pas laissés tomber », explique Bai He, directeur d’une salle de cinéma, lors d’une interview à des médias locaux. Il ajoute que le personnel a travaillé pendant la période de confinement pour le nettoyage et l’entretien des équipements, ce qui a permis une reprise immédiate des activités.

Un des premiers films inédits à l’affiche l’été dernier s’intitule A First Farewell, premier long métrage de la réalisatrice Wang Lina, 32 ans, qui a remporté le prix du meilleur film dans de nombreux festivals. Il a contribué à environ 44 % des recettes du box-office de la journée du 20 juillet 2020 dans tout le pays, soit environ 3,6 millions de yuans (550 000 dollars).

Véritable superproduction sortie le 21 août 2020, The Eight Hundred, film de guerre épique, traite de la défense d’un entrepôt par des soldats chinois contre l’armée japonaise lors de la bataille de Shanghai en 1937. Grâce à ses magnifiques effets spéciaux et à un super casting, il a rapporté plus de 805 millions de yuans (110 millions de dollars) dès la première semaine de sa sortie.

Encore de nombreux défis

Bien que la réouverture des salles de cinéma soit autorisée dans tout le pays, avec des taux d’occupation en augmentation, les cas sporadiques de COVID-19 dans certaines régions effraient encore le public.

Suite à l’annonce de multiples cas d’infection à Chengdu au début du mois de décembre 2020, le nombre de spectateurs a fortement diminué.

Dans le district de Mengla, au Yunnan (sud-ouest), tous les cinémas ont été fermés le 7 décembre 2020, après identification de deux cas de COVID-19 importés.

Outre les inquiétudes liées à la pandémie, le manque de films à succès a rendu difficile pour les cinémas de maintenir des recettes régulières au box-office. En effet, le 11 novembre 2020, les cinémas nationaux ont encaissé seulement 30 millions de yuans (4,6 millions de dollars), soit moins que la projection de la comédie romantique, Love Is Not Blind, le même jour en 2011.

La semaine suivante a généré moins de 400 millions de yuans (61 millions de dollars) de recettes, soit le plus bas niveau jamais atteint au cours des 12 dernières années. Les cinémas ont dû attendre la sortie de Caught in Time le 20 novembre 2020 pour remonter la pente. Ce film policier a rapporté plus de 50 millions de yuans (7,6 millions de dollars) dès son premier jour de projection.

Habituellement, une grande partie des recettes du mois de novembre provient de superproductions hollywoodiennes. Mais COVID-19 oblige, le tournage de nombreux films hollywoodiens à gros budget a été interrompu l’année dernière. Le très attendu Hellboy: Rise of the Blood Queen, sorti le 9 novembre 2020, n’a pas été à la hauteur des attentes du public.

Par ailleurs, les plateformes de diffusion en ligne sont en plein essor et affichent l’ambition de concurrencer les salles de cinéma concernant les films à gros budget.

Une affaire a déclenché de vives controverses : la sortie en ligne de Lost in Russia, dernier épisode d’une série de comédies réalisées par Xu Zheng. Lorsque la projection a été suspendue en raison de l’épidémie, son producteur principal a annoncé que le film serait diffusé en ligne pour la première fois à partir du 25 janvier 2020, date du Nouvel An chinois...

Cet arrangement a été bénéfique pour plusieurs parties. Les internautes ont pu accéder à un film gratuit pendant leurs vacances, les producteurs ont réalisé un profit considérable et les plateformes en ligne concernées ont gagné une plus grande reconnaissance du public. Seules les salles de cinéma ont été laissées pour compte. Elles ont même été jusqu’à qualifier cet arrangement de haute trahison en ces temps difficiles.

Mais des tendances identiques peuvent également être observées sur le marché international. En raison des mauvais chiffres des salles de cinéma, la société américaine Warner Bros a annoncé le 3 décembre 2020 que ses 17 films prévus pour 2021 seraient diffusés en ligne en même temps que leur sortie sur grands écrans, sans aucun décalage.

Miser sur la qualité

La crise sanitaire a mis à mal l’industrie du cinéma qui a dû se remettre en question, se traduisant par une forte volonté de réaliser des films de meilleure qualité. Yu Dong, PDG de Bona, a prédit lors d’un forum organisé pendant le Festival international du film de Beijing, le 26 août 2020, que l’on ne verrait pas beaucoup de films hollywoodiens dans les cinémas chinois en 2021.

« Des films nationaux de qualité sont plus que nécessaires pour compenser la pénurie », mentionne-t-il, appelant les cinéastes chinois à mobiliser les meilleures ressources possibles pour répondre à la demande du marché.

Feng Wei, vice-président de la région Asie-Pacifique et président de la région Chine élargie de la société Motion Picture Association of America, a déclaré lors du forum que, malgré les défis imposés par les plateformes de diffusion en ligne, les bons films sont toujours bien accueillis par les cinéphiles.

« Les films qui font salle comble ont également de bons résultats sur les plateformes en ligne, et inversement, les habitués des salles de cinéma utilisent fréquemment les plateformes en ligne », conclut-il.

Pour vos commentaires : hufan@chinafrica.cn

 

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