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  2023-09-04
 

Une renaissance rurale

par Zhang Juan, Xia Yuanyuan et Ma Li  ·   2023-09-04
Mots-clés: revitalisation rurale ; Lishui

L’émergence de la culture et de l’écologie dans les campagnes chinoises. 

Ye Lifang dans sa maison d’hôtes à Yantou, le 5 juillet. (YU XIANGJUN) 


Dans l’arrondissement de Liandu, dans la ville de Lishui (Zhejiang), se niche le pittoresque bourg ancestral de Guyan Huaxiang (la digue antique, le foyer de la peinture). Ce bourg, jouissant d’un emplacement privilégié sur les rives de la rivière Oujiang, s’épanouit en deux hémisphères distincts : au nord, un barrage millénaire et d’anciens camphriers ornent le paysage, tandis qu’au sud, les rues sont imprégnées de l’art des peintures de l’école de Barbizon. 

 

Guyan Huaxiang est plus qu’un simple bourg, c’est une oasis pour les touristes, les artistes et les photographes. Pour Zhang Weiwu, secrétaire du Comité du Parti communiste chinois (PCC) pour le village de Yantou, la beauté de ce paysage est la concrétisation du projet « Démonstration des 1 000 villages, rénovation des 10 000 villages » (ci-après dénommé projet « 1 000 et 10 000 »), présenté en juin 2003 par Xi Jinping, alors secrétaire du Comité du Parti pour la province du Zhejiang. « C’est un projet qui a amorcé une transformation fondamentale, en commençant par l’assainissement de l’environnement villageois autrefois insalubre et chaotique », témoigne M. Zhang. Après avoir occupé ce poste pendant un quart de siècle, il est particulièrement ému en revenant sur les changements impulsés par ce projet. 

 

Depuis deux décennies, l’impact du projet « 1 000 et 10 000 » a gagné en ampleur, passant des 10 000 villages initiaux à tous les villages administratifs du Zhejiang. En 2018, le projet a été honoré par le Programme des Nations unies pour l’environnement, en recevant la plus haute distinction, le prix des Champions de la Terre, dans la catégorie Inspiration et Action. 

 

D’après Huang Zuhui, expert en chef du Centre chinois de recherche sur le développement rural de l’Université du Zhejiang, le projet « 1 000 et 10 000 » a révolutionné la province du Zhejiang ces vingt dernières années. « Non seulement il a métamorphosé l’environnement des habitats ruraux, mais il a aussi engagé la majorité des villageois à jouer un rôle actif dans la gestion et l’entretien des installations. Il a transformé l’environnement commercial, en faisant des villages des lieux de loisirs pour les résidents urbains, favorisant ainsi l’économie, stimulant le développement intégré des industries, et favorisant une harmonie entre villes et campagnes. Cela a généré des emplois, augmenté les revenus des agriculteurs et a eu un impact significatif sur le renforcement mutuel des zones rurales », explique-t-il. 

 

La peintre fermière Lei Chunying travaille dans son atelier à Dagangtou, ville de Lishui, province du Zhejiang, le 4 juillet. (YU XIANGJUN) 

 

Amélioration environnementale 


En 2005, le village de Yantou, autrefois envahi par les déchets issus de l’élevage porcin, a été sélectionné par l’arrondissement de Liandu comme l’un des premiers villages à rénover dans le cadre du projet « 1 000 et 10 000 ». « La première étape consistait à assainir le village », indique M. Zhang. 

 

Sous la direction des cadres du village, une série de rénovations ont été entreprises, touchant les routes, les réseaux d’eau, les sanitaires et les habitations. Plus de 200 sites nuisibles à l’environnement, tels que les porcheries, les étables et les dépôts de déchets en plein air, ont été démolis. Selon M. Zhang, l’initiative n’a pas fait l’unanimité parmi les villageois, certains craignant de perdre leurs moyens de subsistance. En réponse, le village a sollicité des subventions de démolition auprès des autorités supérieures et a encouragé les habitants à se reconvertir dans la culture du thé et des légumes, ou dans l’hôtellerie. Ces nouvelles activités, respectueuses de l’environnement et génératrices de valeur ajoutée, sont bien adaptées aux conditions locales. 

 

« La clé pour obtenir l’adhésion des villageois est de leur offrir des avantages tangibles », souligne M. Zhang. Suite à l’assainissement de l’environnement, le village a gagné en beauté et l’exploitation de restaurants locaux a procuré des revenus substantiels aux habitants. Ces améliorations ont convaincu un nombre croissant de villageois de soutenir la transformation du village. L’embellissement du cadre de vie des habitants ne s’est pas arrêté là, et a englobé la rénovation des routes, la gestion des déchets, l’assainissement des sanitaires, le traitement des eaux usées, la lutte contre la pollution diffuse, la rénovation des bâtiments agricoles et plus encore. Ces transformations ont apporté bien-être et confort économique aux villageois. 

 

Ye Lifang, restauratrice à Hangzhou, chef-lieu du Zhejiang, depuis plus de 10 ans, a choisi d’investir dans le village de Yantou pour y ouvrir une auberge. En 2017, elle a inauguré la première auberge du village, face à la zone pittoresque du ruisseau Songyin et à proximité de l’ouvrage hydraulique de Tongjiyan. La beauté naturelle du site a rapidement attiré de nombreux visiteurs. Plus tard, elle a ouvert une librairie, une galerie d’exposition, un café et un salon de thé dans le village, créant plus de 30 emplois pour les villageois. Ses revenus annuels s’élèvent désormais à 2,6 millions de yuans (360 518 dollars). 

 

Les dividendes générés par la valorisation du paysage et de l’écologie ont permis aux villageois de constater les bénéfices tangibles de l’amélioration de l’environnement, et de plus en plus de personnes s’impliquent dans ce projet. À ce jour, le village de Yantou compte plus de 30 auberges et restaurants locaux, qui accueillent plus de 300 000 visiteurs par an, réalisant un chiffre d’affaires annuel de plus de 10 millions de yuans (1,38 million de dollars) et générant un revenu annuel par habitant de plus de 46 000 yuans (6 389 dollars). 

 

Le bourg ancien de Guyan Huaxiang n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du développement que connaissent de nombreux villages de la province. En 2019, le Zhejiang est devenu la première province chinoise à être reconnue comme province écologique, et depuis, il se distingue comme la première province du pays en termes d’habitat rural. En matière de développement rural, le Zhejiang comptait, fin 2022, 70 districts modèles, 724 bourgs modèles, 743 sites panoramiques, 2 170 villages caractéristiques et plus de 3 millions de belles maisons. 

 

« L’amélioration de l’habitat est le changement le plus tangible et le plus visible apporté par le projet “1 000 et 10 000” à la campagne du Zhejiang. Ce renouveau du “micro-environnement” a impulsé une transformation plus globale de l’écologie du développement rural, permettant ainsi aux villages de concilier le développement économique et la construction écologique », souligne Lan Hai, directeur adjoint du Département de la communication du Comité municipal du PCC de Lishui.  

 

Un homme passe devant l’entrée de la galerie Barbizon à Guyan Huaxiang, ville de Lishui, province du Zhejiang, le 5 juillet. (YU XIANGJUN) 


Révolution industrielle 


Le projet « 1 000 et 10 000 » a initié non seulement une refonte environnementale, mais aussi une révolution industrielle au sein des zones rurales, en offrant des possibilités de développement nouvelles et prometteuses. 

 

Dagangtou et Hebian, deux villages faisant partie du bourg de Guyan Huaxiang et séparés du village de Yantou par la rivière, ont depuis les années 1980 attiré un nombre incalculable de peintres grâce à leur beauté pittoresque. Les visiteurs sont émerveillés par l’abondance de musées, galeries et instituts de peinture de Barbizon présents dans les villages, ainsi que par les vieux camphriers, les quais, les ruelles et les maisons d’hôtes, restaurants et boutiques embellis de plantes et de fleurs. 

 

Yang Xiangjun a rénové une ancienne usine de transformation du bois à Hebian pour y ouvrir une boutique d’artisanat en bois. Ce lieu est désormais un carrefour où le passé rencontre le présent, tout en accueillant M. Yang lorsqu’il confectionne ses objets faits main. 

 

Dans les années 1990, désireux de stimuler le développement économique, de nombreux habitants locaux se sont lancés dans l’industrie de la transformation du bois. Avec plus de 140 usines de différentes tailles, l’usine de M. Yang en était une parmi tant d’autres. Il se souvient qu’à cette époque, les routes étaient jonchées de bois et les eaux usées s’écoulaient librement dans les rues. Sans équipement de dépoussiérage approprié, l’air était saturé d’une odeur de sciure de bois. Toutes les maisons du village gardaient portes et fenêtres fermées tout au long de l’année. « C’était une période très sombre », admet-il. « Mais l’essentiel est que nos enfants n’aient plus à endurer un tel environnement aujourd’hui. » 

 

Suite au lancement du projet « 1 000 et 10 000 », la région a entrepris des efforts pour améliorer l’environnement, en assainissant et en délocalisant les usines de transformation du bois tout en favorisant le développement du tourisme. M. Yang a ainsi transformé son ancienne usine de bois en auberge. « Aujourd’hui, les revenus annuels de l’auberge se situent entre 200 000 et 300 000 yuans (27 778 et 41 667 dollars), et ma boutique prospère de jour en jour », partage-t-il. 

 

« À cette époque, l’appel à la transition lancé par les autorités locales nous inquiétait beaucoup. Cette transition allait-elle détériorer notre situation ou nous pousser à la faillite ? », se remémore M. Yang. Cependant, avec le temps, la transition s’est avérée bénéfique, permettant à son usine de renaître. En 2015, son usine a été déplacée vers une zone industrielle dans la banlieue de Lishui. Pour respecter les normes environnementales, l’usine a cessé de produire des meubles en bois pour se concentrer sur la production de combustible granulé biomasse. Grâce à leurs bénéfices écologiques, la demande du marché a augmenté et la production annuelle a rapidement grimpé de 10 à 110 tonnes. 

 

Yang Xiangjun enseigne à un enfant comment fabriquer de petits objets décoratifs en bois à Hebian, ville de Lishui, province du Zhejiang, le 4 juillet. (YU XIANGJUN) 


Mutation des mentalités 


Au-delà de la transformation visuelle de la campagne, le projet « 1 000 et 10 000 » a profondément modifié la mentalité des résidents. « Il s’est opéré une véritable révolution de conscience parmi les villageois », explique Lan Xiaoqing, secrétaire du Comité du Parti pour le village de Hebian. 

 

Lei Chunying est reconnue comme l’artiste paysanne la plus populaire du village de Dagangtou. À travers ses pinceaux, les galets ramassés au bord de la rivière deviennent de charmantes coccinelles. « J’ai travaillé dans une usine de bois locale, mais de nombreux peintres viennent dans notre village pour dessiner en pleine nature, ce qui m’a incitée à les observer et à apprendre », raconte-t-elle. Mme Lei puise dans les paysages de son village pour inspirer ses créations, comme le quai, les voiles blanches, les arbres centenaires et les pavillons. Désormais, ses peintures se vendent à des centaines de yuans, avec des commandes fréquentes en ligne. Dans son studio de 10 mètres carrés, elle immortalise la beauté de son village natal et ses jours heureux. 

 

Chaque matin, sur les berges de la rivière Oujiang, M. Lan salue l’équipe féminine de protection de la rivière. Constituée de 20 villageoises âgées de 20 à 60 ans, originaires de Guyan Huaxiang, l’équipe a pour mission de surveiller les risques et de ramasser les déchets. Elles travaillent inlassablement depuis sept ans pour préserver la pureté de l’eau.  

 

« Autrefois, le nettoyage de l’environnement était une réponse passive aux inspections, mais aujourd’hui, prendre soin de l’environnement est devenu une habitude et un acte conscient pour les habitants », souligne M. Lan. 

 

Huang Xiaohua envisageait de suivre la tradition familiale en devenant la quatrième génération de bateliers de la rivière Oujiang. Cependant, à mesure que la culture de Barbizon s’implante à Guyan Huaxiang, il s’est orienté vers l’art. Aujourd’hui, il est revenu dans son bourg natal en tant que peintre de Barbizon reconnu à Lishui, où il a fondé une communauté artistique destinée aux passionnés de peinture, pour partager gratuitement des connaissances théoriques et des techniques de dessin. « La prospérité commune n’est pas seulement matérielle, mais aussi spirituelle et culturelle. Je veux absolument contribuer à l’amélioration de l’éducation artistique des habitants. » 

 

Le changement de mentalités et de pensées des villageois, apporté par le projet « 1 000 et 10 000 », a donné une signification plus profonde et une vitalité plus pérenne à la construction d’une campagne où il fait bon vivre. Comme l’observe Gu Yikang, expert en chef de l’Institut de revitalisation rurale du Zhejiang : « Avec le renforcement de la conscience de la communauté d’intérêts, les villageois prennent de plus en plus conscience qu’une belle campagne est la clé d’une vie heureuse. » 

 

Reportage de Lishui 

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