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  2019-03-12
 

L'Afrique vit un moment historique

par Charles Onunaiju  ·   2019-03-12
Mots-clés: réfugié; crise; UA
Des réfugiés somaliens prennent de l'eau dans un camp de réfugiés, le 19 décembre 2017. (XINHUA)

La 32e session ordinaire de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine (UA) s'est tenue les 10 et 11 février à Addis Abeba, capitale éthiopienne. Le thème choisi pour le sommet de cette année était « Réfugiés, rapatriés et personnes déplacées dans leur propre pays : vers des solutions durables au déplacement forcé en Afrique. »

Il convient de rappeler par ailleurs que l'année 2019 marque le 10 anniversaire de la signature de la Convention de l'UA sur la protection et l'assistance aux personnes déplacées en Afrique (Convention de Kampala). Dans cette déclaration, les dirigeants africains se disaient « déterminés à adopter les mesures destinées à prévenir et mettre fin au phénomène de déplacement interne, par l'éradication de ses causes premières, particulièrement les conflits persistants et récurrents, ainsi que le déplacement causé par les catastrophes naturelles. »

Malgré cette initiative, les chiffres demeurent alarmants. Selon les estimations de l'UA, il y aurait aujourd'hui au moins six millions de personnes déplacées internes en Afrique, un nombre qui ne cesse de grimper à cause des conflits ravageant le continent. Près de 1,2 million de réfugiés en Afrique ont désespérément besoin d'être réinstallés, alors même que le nombre de places de réinstallation disponibles ne concerne qu'environ 100 000 personnes par an, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Dix ans après la signature de la Convention de Kampala, le problème des réfugiés figure toujours au menu des discussions des dirigeants africains. Plusieurs personnes sont toujours obligées de quitter leurs foyers, souvent brutalement, pour fuir les conflits, les effets du changement climatique comme la baisse de la production agricole, la pénurie d'eau et l'élévation du niveau de la mer, ou simplement pour migrer ailleurs, dans l'espoir de trouver une vie meilleure.

Couper le mal à la racine

Le Nigeria est l'une des plus grandes économies et la nation la plus peuplée d'Afrique. Mais la crise des réfugiés ne l'épargne pas pour autant. Le nord-est du pays est devenu une région désertée à la suite des attaques des djihadistes de Boko Haram. Le nombre de personnes déplacées internes n'a cessé d'augmenter pour atteindre un pic en 2015. Depuis, un effort massif a été déployé pour aider les rapatriés à se réinstaller. Cependant, les attaques continues de Boko Haram, notamment celles axées sur des cibles vulnérables (villages de rapatriés, marchés locaux, lieux de culte, etc.) ont empêché le retour des réfugiés. Le gouvernement a intensifié sa guerre contre le groupe terroriste. Or, les progrès militaires considérables ne suffisent pas à convaincre les réfugiés de rentrer chez eux.

Par ailleurs, l'assèchement du lac Tchad a eu un impact important sur le tissu social de la région. Le lac Tchad compte cinq pays riverains : le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et la République Centrafricaine. Des millions de personnes en dépendent pour entreprendre la pêche, l'agriculture et l'économie de subsistance. Son assèchement a forcé les habitants à s'éloigner de chez eux pour gagner de quoi vivre. Les bergers sont aussi contraints de se rendre vers le sud à la recherche de pâturages, donnant lieu à des affrontements entre eux et les agriculteurs dans la « Middle Belt » du Nigeria. Conséquence : le déplacement des centaines de personnes à l'intérieur du pays.

En dehors du Nigeria, les crises dans la région des Grands Lacs demeurent tendues, en dépit d'une transition pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo : un opposant est récemment proclamé vainqueur d'une élection présidentielle pour la première fois depuis plus de 50 ans. De surcroît, le conflit qui perdure au Soudan du Sud, le plus jeune État d'Afrique, est aussi source de tensions.

Un long chemin à parcourir

Dix ans après la ratification de la Convention de Kampala, les résultats ne sont toujours pas au rendez-vous. L'une des racines des conflits réside dans l'absence de cadres institutionnels adaptés au nombre croissant de personnes désireux de participer aux élections générales. Les réformes institutionnelles restent cruciales pour répondre efficacement aux diverses demandes qui sont adressées aux régimes en place. Une réforme réussie jouera un rôle essentiel dans le règlement des conflits et ainsi des migrations forcées.

Malgré les efforts entrepris, il existe encore un énorme fossé à franchir pour favoriser un développement économique durable. La plupart des infrastructures clés susceptibles de favoriser une croissance inclusive restent embryonnaires et ne produiront donc leurs effets qu'à plus long terme.

Les déclarations de bonnes intentions au niveau continental témoignent des efforts panafricains, mais il appartient aux États souverains du continent de les concrétiser. Tant qu'ils n'auront pas pris au sérieux leur responsabilité dans la protection de leurs peuples et la mise en place des mécanismes adéquats, les crises de réfugiés persisteront.

Comme il y a dix ans, le 32e Sommet de l'UA s'est à nouveau concentré sur les solutions aux problèmes de réfugiés, de rapatriés et de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Cela signifie que les problèmes de l'Afrique devraient être résolus par l'Afrique elle-même, sans intervention extérieure.

Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn

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