2019-03-14 |
Les routes du succès |
par Gitonga Njeru · 2019-03-14 |
Mots-clés: route; Éthiopie; Chine |
Mme Habiba Testafadi a 63 ans. Au cours de sa vie, elle a vu la transformation de l'Éthiopie, d'un pays déchiré par la guerre en une puissance économique florissante sur le continent. Mme Testafadi est satisfaite de l'évolution économique récente de son pays. En tant que petite agricultrice, elle s'intéresse particulièrement aux progrès réalisés dans le réseau routier du pays.
L'année dernière, le gouvernement éthiopien a annoncé un plan ambitieux visant à doubler son réseau routier, le faisant passer à 200 000 km d'ici 2020 dans le cadre du Plan de croissance et de transformation II (GTP-II) de l'Autorité routière éthiopienne (ARE), qui couvre la période 2015 à 2020. Cette hausse du kilométrage de routes devrait stimuler le développement économique en reliant l'arrière-pays aux grandes villes de ce pays enclavé et en attirant les investissements étrangers, en particulier ceux venant de Chine.
« En tant que petite agricultrice de la ville de Hossanna [dans le sud de l'Éthiopie], je cultive des citrouilles, des bananes et des mangues sur ma ferme et je peux maintenant envoyer mes produits jusqu'à Addis Abeba [la capitale], ce qui est très facile et peu couteux. Le nouveau réseau routier que la Chine est en train de construire couvre environ 182 km », explique Mme Testafadi, propriétaire d'une ferme de 2 acres (0,81 hectare).
Selon l'ARE, le réseau routier des routes goudronnées du pays se chiffrait à 121 117 km l'an dernier.
Une aide précieuse
Habtamu Tegegne, directeur général de l'ARE, a déclaré à la fin de l'année dernière que trois entreprises chinoises – China Railway 21st Bureau Group Co. Ltd., China State Construction Engrg. Corp. et China Communications Construction Co. Ltd. – avaient conclu un accord avec l'Éthiopie visant à entreprendre la construction de cinq nouveaux projets routiers d'une valeur de 4 milliards de dollars. À l'heure actuelle, la construction est déjà bien amorcée.
« Une ligne de chemin de fer et des routes totalisant 100 000 km devraient être achevées et opérationnelles d'ici mai 2020. L'Éthiopie a fait beaucoup de progrès si l'on considère qu'en 1990, le pays ne comptait que 19 000 km de routes », dit M. Tegegne.
L'initiative d'étendre le réseau routier éthiopien s'inscrit dans le cadre du plan de développement gouvernemental GTP-II, lancé en 2015 et qui s'achèvera en mai 2020. Déjà, dans le cadre de ce plan, une ligne de chemin de fer électrifiée de 750 km reliant Addis Abeba à la ville portuaire de Djibouti est pleinement opérationnelle. Une autoroute de 200 km allant jusqu'à Hawassa, au sud de l'Éthiopie, a également été mise en service.
M. Tegegne a indiqué que plusieurs projets étaient prévus dans le cadre de cette initiative. Par exemple, le grand barrage de la Renaissance éthiopienne de 6 000 MW est en voie d'achèvement sur le Nil.
« Nous devons achever la construction d'environ 100 000 km de routes d'ici mai 2020 dans le cadre de cette initiative. Cela signifie que notre réseau routier va [presque] doubler et que 90 % des routes seront asphaltées », a ajouté M. Tegegne.
Wei Qiangyu, directeur général adjoint de la filiale Afrique de l'Est de China Communications Construction Co. Ltd., dit que son entreprise construira deux de ces cinq projets routiers, qu'elle appliquera des contrôles de qualité stricts et qu'elle veillera à ce que les projets soient achevés dans les délais.
« L'objectif sera d'assurer la qualité et la livraison dans les délais des projets, a déclaré M. Wei. Une attention particulière sera accordée à la bonne gestion du contrôle environnemental et à l'exercice de nos responsabilités sociales afin d'intégrer davantage de professionnels locaux et de mettre l'accent sur le transfert des connaissances ».
M. Wei a déclaré à l'agence de presse Xinhua que si son entreprise — qui a récemment fêté ses 20 ans de présence en Éthiopie — a pu survivre et se développer dans ce pays, c'est grâce à ses efforts pour mener à bien ses projets de manière professionnelle. Selon la Banque mondiale, l'économie de l'Éthiopie figure parmi les dix économies qui connaissent la croissance la plus rapide au monde. Sa taille a en effet décuplé en l'espace de dix ans seulement. Son PIB s'élevait à 80 milliards de dollars en 2017, dépassant celui du Kenya voisin et en faisant la plus grande économie d'Afrique de l'Est.
Un vaste potentiel
Bien que l'Éthiopie soit enclavée, elle a accompli beaucoup de choses ces dernières années pour s'ouvrir au monde.
« Les investissements chinois ont contribué à la croissance du pays. Les Chinois ont beaucoup investi dans le réseau routier éthiopien qui relie les villes rurales à la capitale, dit Harris Mule, un économiste basé au Kenya. L'investissement étranger direct de la Chine en Éthiopie était d'environ 4,8 milliards de dollars à la fin novembre 2018. Un réseau routier évalué à plus de 4 milliards de dollars est quelque chose dont l'Éthiopie devrait être fière. »
M. Mule a déclaré que les investissements de la Chine en Éthiopie au cours des dix prochaines années pourraient même atteindre 23 milliards de dollars si la tendance actuelle de croissance économique et de stabilité politique se maintient.
Selon la Banque mondiale, les échanges bilatéraux entre l'Éthiopie et la Chine s'élevaient à environ 1,75 milliard de dollars en 2017. L'Éthiopie exporte des biens d'une valeur d'environ 250 millions de dollars vers la Chine, tandis que la Chine exporte pour environ 1,5 milliard de dollars de biens vers la Corne de l'Afrique. Parmi les produits que l'Éthiopie exporte vers la Chine figurent les textiles, le café, les graines oléagineuses, les fruits, les légumes, la gomme végétale et le cuir. Selon la Banque mondiale, l'Éthiopie est le 117 exportateur mondial avec un impressionnant taux de croissance du PIB de 10,4 % par an jusqu'en 2016. Le pays a connu une croissance de 10,9 % en 2017.
« Nous voulons que notre pays s'industrialise dès que possible. Le réseau routier aide notre population rurale [à améliorer le transport des produits agricoles et à accroître le développement dans les régions à l'intérieur du pays]. Cela touche 80 % des 102 millions d'habitants de ce grand pays. Nous voulons avoir le plus grand réseau routier de la région dans les plus brefs délais », a déclaré M. Tegegne.
Il a déclaré que, compte tenu de la superficie du pays, beaucoup de zones sont encore touchées par l'insécurité, mais que ce n'est qu'une question de temps avant que ce problème soit résolu.
« Nous continuons de faire face à la concurrence des pays africains comme le Kenya, mais nous les avons dépassés en tant que plus grande économie de la région. Ce que nous devons maintenant faire, c'est améliorer notre valeur ajoutée. C'est ainsi que nous pourrons surpasser beaucoup de nos compatriotes africains, a-t-il dit. Beaucoup d'entreprises chinoises continuent d'investir dans notre pays et nous encourageons les investissements directs étrangers. Aucun pays ne peut faire cavalier seul. »
Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn
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