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  2020-02-03
 

L'Éthiopie au décollage

par Kiram Tadesse  ·   2020-02-03
Mots-clés: Éthiopie; satellite; Chine
L’Éthiopie a lancé son premier satellite de télédétection multispectral qui aidera le pays à moderniser son secteur agricole. (KIRAM TADESSE)

Le 20 décembre 2019, l'Éthiopie a fait ses premiers pas dans l'aventure spatiale avec le lancement de son premier satellite. Le lancement très attendu de ce satellite de télédétection multispectral de 70 kg, baptisé ET-RSS1, a eu lieu au Centre de lancement satellite de Taiyuan dans la province du Shanxi, à 500 km de la capitale chinoise Beijing. Un centre de commandement a été établi à l'Observatoire et centre de recherche d'Entoto, la seule infrastructure d'observation spatiale de l'Afrique de l'Est, dans le nord de la capitale éthiopienne Addis-Abeba. Le ministère de l'Innovation et de la Technologie (MIT) de l'Éthiopie a déclaré que 21 scientifiques éthiopiens, dont 5 femmes, avaient codéveloppé ce satellite construit en Chine.

L'annonce du lancement avait été faite en novembre 2019 par le MIT et l'Institut éthiopien de sciences et technologies spatiales (ESSTI). Son importance a par la suite été soulignée par la Présidente de l'Éthiopie, Mme Sahle-Work Zewde, lors d'un discours devant le Conseil des représentants des peuples et le Conseil de la fédération au début du mois d'octobre 2019. Mme Zewde avait alors fait savoir que ce premier satellite, une fois entré en opération, aiderait les efforts du pays à moderniser son secteur agricole. « Le satellite fournira toutes les données nécessaires sur les changements climatiques et les phénomènes liés au climat, qui pourront être utilisées pour les objectifs clés du pays dans le domaine de l'agriculture, ainsi que les initiatives de protection des ressources naturelles », avait-elle annoncé.

En avril 2019, au cours de son séjour en Chine à l'occasion du 2e Forum de « la Ceinture et la Route » pour la coopération internationale, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, lui-même amateur de technologie, s'est rendu à l'Académie chinoise de technologie spatiale pour inspecter le satellite ET-RSS1. D'après le gouvernement éthiopien, le projet de création et de lancement du satellite a coûté au total huit millions de dollars, sur lesquels le gouvernement chinois a fourni six millions de dollars. Le ministre éthiopien de l'Innovation et de la Technologie, Getahun Mekuria, a précisé que les ingénieurs spatiaux éthiopiens, qui sont désormais déployés pour jouer un rôle essentiel dans le fonctionnement opérationnel d'ET-RSS1, ont été formés à la fois en Chine et en Éthiopie, en utilisant l'expérience du personnel chinois.

À la recherche de la précision

ET-RSS1, qui orbite désormais à 700 km au-dessus de la surface du globe, a été transporté par la fusée chinoise Longue Marche 4D. Équipé d'une caméra haute résolution, le satellite a divers objectifs pour les différentes ambitions du développement sectoriel de l'Éthiopie. Le principal est toutefois d'apporter un suivi sur l'agriculture, l'eau, le climat, l'environnement et l'exploitation minière, a indiqué Solomon Belay, le directeur général de l'ESSTI. Selon lui, ce satellite a également été « construit dans l'objectif de former nos ingénieurs à partir de zéro, ainsi que d'échanger et de transférer les connaissances et les technologies ». M. Belay a par ailleurs souligné que le projet aidait à établir une collaboration forte entre l'Éthiopie et la Chine.

Au cours d'une cérémonie de lancement retransmise en direct à l'Observatoire d'Entoto, le ministre d'État de l'Innovation et de la Technologie, Ahmedin Mohammed, a déclaré : « Ce satellite va aider l'Éthiopie à passer de l'estimation à la certitude, des informations empruntées à la propriété, et du simple statut d'observateur à celui d'acteur, ce qui aidera le pays à se développer. » Avec ce satellite, l'Éthiopie est devenue l'un des 70 pays au monde à opérer un satellite spatial.

« ET-RSS1 aidera l'Éthiopie à posséder des informations stables pour être compétitive sur le plan international et réaliser sa voie de développement », a insisté le Premier ministre dans le message de félicitations qu'il a adressé à la suite du lancement. Abiy Ahmed a noté que l'Éthiopie achetait autrefois des images à d'autres pays, mais que ce satellite allait désormais permettre de collecter directement des informations sur ses activités frontalières, de rassembler des informations météorologiques et de moderniser son agriculture.

Le Premier ministre adjoint, Demeke Mekonnen, qui a salué ce lancement comme un moment historique dans le cheminement de l'Éthiopie vers la prospérité, a fait remarquer : « Il s'agit d'une indication que l'Éthiopie doit rejoindre le reste du monde à un rythme rapide. » M. Mekonnen a aussi appelé à renforcer le développement technologique et la compétitivité internationale.

Avec ce projet, le gouvernement éthiopien espère économiser près de 11 millions de dollars annuellement, qu'il dépensait jusqu'à présent pour recevoir des informations de satellites détenus par d'autres pays, a révélé Getahun Mekuria. « En plus d'économiser ces flux sortants de devises étrangères pour l'achat de données, nous pouvons également en gagner en rendant des services aux pays voisins », a-t-il expliqué.

Quelques jours après le lancement, l'ESSTI a annoncé que huit pays africains avaient déjà demandé à acheter des images fournies par ET-RSS1. D'après Solomon Belay, l'Éthiopie commencera les transactions en accord avec sa propre procédure.

Des ambitions croissantes

L'Éthiopie fait partie de ces pays africains ayant des ambitions spatiales croissantes pour faire avancer leurs objectifs de développement et encourager l'innovation scientifique. Ce lancement fait de l'Éthiopie le 11 pays sur le continent à envoyer un satellite dans l'espace.

Alors que la Société éthiopienne des sciences de l'espace (ESSS) aspirait depuis dix années à envoyer un satellite éthiopien dans l'espace, le gouvernement a approuvé l'établissement de l'ESSTI en octobre 2016. À la suite de sa fondation officielle, l'ESSTI a dévoilé les ambitions de la nation en se fixant pour objectif de placer un satellite d'observation terrestre en orbite en moins de cinq ans, afin d'améliorer ses capacités de suivi météorologique. L'ESSS, qui comporte plus de 10 000 membres depuis son lancement en 2004, a franchi une étape majeure en établissant la seule infrastructure d'observation spatiale d'Afrique de l'Est sur les montagnes d'Entoto à 3 200 m d'altitude.

Actuellement, le gouvernement éthiopien a d'autres grandes ambitions et envisage d'établir cette année un centre de construction, d'assemblage, d'intégration et d'essai (MAIT pour manufacturing, assembly, integration et testing) pour les satellites. « La prochaine étape est de lancer un satellite de communication, mais aussi de mettre en place un centre d'assemblage et de production de matériaux spatiaux en Éthiopie », a affirmé Ahmedin Mohammed. Selon lui, « la numérisation basée sur l'information ne va pas seulement transformer l'aspect socioéconomique du monde dans les décennies à venir, mais aussi le monopoliser ».

L'ESSTI note que le projet de satellite ET-RSS1 pourrait apporter une contribution majeure pour d'autres projets similaires à venir. Le Premier ministre Abiy Ahmed a assuré que l'Éthiopie continuerait à produire et à lancer des satellites additionnels. Le MIT prévoit d'autres projets sous différents aspects, avec notamment des satellites de communication, des satellites de télédétection haute résolution, un système de géopositionnement mondial par satellite et un projet d'exploration spatiale.

Le directeur de la recherche et développement de l'ESSTI, Yilkal Chane, espère que le transfert de connaissances et la formation qui ont accompagné ce récent lancement aideront le pays dans ses projets à venir. « Les professionnels de l'Institut se sont rendus par trois fois en Chine pour participer à la formation, qui était divisée en sessions spatiales et terrestres. Ils ont en outre participé à la conception finale du satellite », explique-t-il. M. Chane estime que ce projet a ouvert la voie pour de futurs projets similaires.

Une fois achevé, le centre MAIT éthiopien deviendra l'un des trois centres MAIT d'Afrique, les deux autres se trouvant en Algérie et en Afrique du Sud. D'après la publication en ligne Space in Africa, l'Égypte et le Nigeria prévoiraient également de bâtir leurs propres centres MAIT.

Reportage de l'Éthiopie

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