Dans les forêts reculées du centre et du nord-ouest de la Zambie, les abeilles produisent l'un des meilleurs miels biologiques au monde. Pendant des siècles, les abeilles ont apporté aux êtres humains des produits comme le miel et la cire. Cette demande se poursuit encore aujourd'hui et croît même de manière exponentielle. Le fossé colossal entre la consommation mondiale de produits apicoles et l'offre disponible présente une opportunité profitable pour les entrepreneurs. En Zambie, le miel a longtemps été prisé pour ses propriétés médicinales et aujourd'hui, il est également considéré comme un moteur puissant pour le développement local.

Un secteur lucratif

Avec plus de 30 000 Zambiens engagés dans l'apiculture, le secteur est devenu une entreprise lucrative dans le cadre des efforts du pays pour diversifier son économie dominée par le cuivre. Les experts commerciaux estiment que le miel est l'édulcorant naturel le plus populaire au monde et le commerce mondial en produits apicoles équivaut à plusieurs millions de dollars par an. Du fait de ses utilisations diverses, la consommation mondiale de miel est tellement importante que l'offre peut difficilement suffire à combler la demande.

Le miel de Zambie est actuellement en forte demande sur les marchés étrangers comme la Chine, mais aussi dans d'autres pays, du fait de son goût pur, exempt d'additifs, de conservateurs ou d'autres adultérants économiques.

Rita Mbulo est une mère de trois enfants dans un petit village du nord-ouest de la Zambie. Après plusieurs années passées à essayer de joindre les deux bouts dans le secteur du charbon, elle a été sélectionnée pour faire partie d'un réseau d'apiculteurs géré par l'entreprise Al-Apis Concepts. Elle a été formée comme apicultrice et gère désormais 20 ruches qui produisent annuellement plus de 250 kg de miel biologique. Cette entreprise a augmenté ses revenus, ce qui lui a permis d'envoyer ses enfants à l'école, d'acheter de la nourriture et de payer pour ses frais de santé.

« C'est vraiment une chance d'appartenir à ce réseau, car il nous a appris à moi et à d'autres apiculteurs comment ajouter de la valeur au miel par le biais de méthodes apicoles améliorées. Comme notre miel est très recherché sur le marché international, nous avons pour objectif d'augmenter notre rendement, afin de répondre à la demande mondiale », explique-t-elle.

Âgé de 32 ans, Mable Nkolomba est un vendeur ambulant dans le district de Kapiri Mposhi. Il raconte que le commerce de miel biologique en provenance directe des forêts de la Province centrale le long de l'autoroute Lusaka-Ndola, est fructueux. « Je commande du miel brut aux apiculteurs dans les forêts les plus proches et je le traite pour en faire un miel clair, qui est conditionné dans des récipients de 2,5 L. Je vends chaque récipient 40 kwachas (3 dollars) en fonction de la demande du marché local », révèle-t-il.

D'après le National Honey Board, le miel se vend autour de 5-6 dollars par kilogramme sur le marché international, contre 30 à 40 kwachas (2-3 dollars) en moyenne par kilo sur le marché local. C'est pour cette raison que de nombreux apiculteurs de petite et moyenne taille dans les régions rurales de Zambie se repositionnent pour intégrer le marché chinois et les autres marchés étrangers.

De nouveaux marchés

La société Mpundu Wild Honey, un producteur de miel zambien, a reçu une belle exposition lors de la première Exposition internationale d'importation de la Chine (CIIE), qui s'est déroulée en novembre 2018. L'entreprise a ainsi présenté de nouveaux produits, comme les masques pour le visage et les savons au miel, afin de répondre aux besoins divers des consommateurs chinois.

Agé de 42 ans, Amos Kunda est originaire du district de Mkushi dans le centre de la Zambie. Il travaille dans le secteur apicole depuis plus d'une décennie. « L'appartenance à l'entreprise Mpundu Wild Honey a de nombreux avantages, car l'entreprise nous a rendus plus autonomes, moi et les autres apiculteurs locaux, en matière d'accès à des marchés viables au niveau local et international. […] Je peux désormais me permettre d'acheter des intrants agricoles, comme des fertilisants, des produits chimiques et des semences pour cultiver des champs, ce qui me permet de payer les frais de scolarité de mes enfants et de subvenir aux besoins d'autres membres de ma famille », fait-il savoir.

Le directeur de Mpundu Wild Honey, Zhang Zhanping, indique que son entreprise prévoit d'augmenter la production de miel en augmentant le nombre d'apiculteurs dans la région. Selon lui, son entreprise aide les apiculteurs locaux à ajouter de la valeur à leurs produits et à explorer le marché local, plutôt que de produire uniquement pour le marché de l'exportation. « L'exportation de miel zambien vers la Chine permettra d'améliorer l'économie des deux pays par le biais de la création d'emplois et du commerce international », souligne-t-il. D'autre part, la société Al-Apis Concepts soutient plus de 1 000 petits apiculteurs dans le nord-ouest de la Zambie en leur fournissant des ruches et la formation nécessaire pour produire le miel brut. Cela a eu un impact positif sur le bien-être social et sur l'environnement.

Mumba Ai, le directeur de la formation chez Al-Apis Concepts, estime que les apiculteurs locaux doivent fournir au moins 50 tonnes de miel par an pour répondre à la demande internationale en miel non traité. « Si nous pouvons augmenter le nombre d'apiculteurs dans notre réseau, nous devrions être capables de répondre à cet objectif, notamment dans la saison à venir », assure-t-il.

Un large éventail d'utilisations

La société Al-Apis Concepts est également consciente des possibilités en matière de produits dérivés du secteur apicole, incluant des domaines comme la médecine, la transformation alimentaire, la production manufacturière industrielle et la médecine douce.

« La plupart des apiculteurs locaux n'ont par exemple pas conscience des bienfaits économiques de la cire d'abeille, un produit qui est jeté une fois que le miel a été récolté. Un grand nombre d'artisans et de producteurs dépensent toujours une grande quantité d'argent pour importer de la cire d'abeille, alors que celle-ci peut être produite localement », insiste-t-il. La cire d'abeille est largement utilisée dans un grand nombre de produits cosmétiques.

La Chine et les pays africains ont renforcé de façon notable leur co-opération au cours de ces dernières années, avec des plateformes multilatérales comme la CIIE et le Forum sur la Coopération sino-africaine jouant un rôle constructif.

Depuis la signature d'un protocole d'exportation à laquelle ont assisté le Président chinois Xi Jinping et son homologue zambien, Edgar Lungu, au cours de la visite de ce dernier en Chine en septembre 2018, l'entreprise Mpundu Wild Honey, basée dans le district de Kabwe, a exporté plus de dix tonnes de miel vers la Chine.

Il est clair que l'essor considérable du commerce de miel sur le marché mondial va permettre d'améliorer la vie de milliers de petits apiculteurs en Zambie. C'est la raison pour laquelle il est désormais nécessaire de se concentrer sur l'ajout de valeur sur les produits dérivés à la suite d'une augmentation de quelque 700 % de la demande en exportations au cours des cinq dernières années, analyse la société Zion Market Research, qui crée des rapports prévisionnels, informatifs et de pointe.

L'Agence zambienne de développement (AZD) travaille actuellement avec le ministère du Commerce et de l'Industrie et le Centre du commerce international pour faire grandir le secteur et créer de l'efficacité dans la production et l'offre en produits apicoles. Conformément au 7 Plan national de développement (2017-2021) de la Zambie, le secteur apicole fait partie des domaines prioritaires déterminés par le gouvernement pour diversifier son économie.

D'après les données obtenues par le ministère des Pêches et de l'Élevage, la production annuelle de miel de Zambie atteint les 2 500 tonnes et le pays n'exporte actuellement que 1 000 tonnes vers les marchés européens et africains, ce qui laisse un surplus de 1 500 tonnes.

« Vous pouvez voir beaucoup de passion, que ce soit chez nos dirigeants ou dans les foyers individuels, vis-à-vis du miel. C'est l'or de la Zambie », souligne le directeur général de l'AZD, Perry Mapani.

Reportage de la Zambie

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