Les pleurs des coéquipières de Christelle Nana, la capitaine de l'équipe nationale féminine de volley-ball du Cameroun, n'ont rien changé à la dure réalité. Le Cameroun, double champion d'Afrique de volley-ball féminin, présent pour la première fois aux Jeux olympiques (JO) de 2016 à Rio de Janeiro au Brésil, ne participera pas au tournoi féminin de volley-ball aux JO d'été de 2020, prévu à Tokyo au Japon du 24 juillet au 9 août de cette année.

La faute à une belle équipe du Kenya conduite par sa capitaine Mercy Moim qui a battu les Lionnes du Cameroun sur le score de trois manches à deux (3-2), après bris d'égalité lors du match décisif qui opposait à Yaoundé les deux leaders jusque-là du tournoi de qualification aux JO. Les deux plus belles nations du continent africain avaient auparavant dominé leurs différents adversaires dans ce tournoi, dont l'Égypte, le Nigeria et le Botswana.

Seule une confrontation entre les deux derniers finalistes du Championnat d'Afrique de volley-ball pouvait les départager. Et c'est bel et bien le Kenya qui représentera le continent africain à cette grand-messe du volley-ball mondial. Pour le coach des Malkia Strikers, du Kenya, Paul Bitok, la préparation de ses filles n'a pas été facile.

« Nous n'avons pas eu les matchs amicaux internationaux, à cause de la fin de saison au Kenya. Mais je remercie le Seigneur. Après avoir commencé à gagner doucement, nous sommes arrivés sur notre match le plus sérieux contre le Cameroun. C'était le moment le plus difficile pour moi. Je remercie Dieu, je me suis battu pour être le champion et gagner le ticket qui nous qualifie pour les JO de Tokyo », témoigne Paul Bitok, à l'issue de la dernière victoire de son équipe trois manches à zéro sur le Nigeria.

Le Cameroun rate

Pour le coach camerounais, Jean-René Akono, c'est une fin de cycle. « Il y a certaines joueuses qui vont vouloir arrêter. Elles ont tellement donné au Cameroun, qu'il faut envisager l'avenir dorénavant sans elles. Je voudrais qu'elles arrivent jusqu'à la CAN 2021, mais elles ont des vies à côté. Cela fait cinq ans, depuis 2014 qu'elles gagnent partout en Afrique, je crois que nous sommes arrivés à une fin de cycle. Nous avons commencé à introduire dans le groupe de jeunes joueuses, et pour certaines, c'était leur première compétition. Nous aurons besoin de rajeunir petit à petit ce groupe pour assurer la relève. »

La sélection kényane va s'attaquer désormais à un ogre mondial qu'est la Chine. Avec trois trophées olympiques remportés en 1984, 2004 et 2016, la Chine fait figure d'épouvantail dans le volley-ball féminin. Elle occupe le deuxième rang au palmarès de cette discipline avec trois médailles d'or, derrière la défunte Union soviétique, qui a gagné quatre médailles d'or en 1968, 1972, 1980 et 1988. Chez les hommes, la Tunisie a décroché pour la septième fois sa qualification aux JO en volley-ball masculin. Grâce aux victoires acquises de haute lutte contre le Cameroun, le Ghana (absent), l'Égypte (huit fois champion d'Afrique dont six fois consécutivement depuis 2005 et présent aux JO de 2016) et l'Algérie lors du tournoi de qualification qui s'est achevé le 11 janvier au Caire en Égypte, le champion d'Afrique en titre de volley-ball masculin (qui avait battu le Cameroun trois sets à deux en juillet 2019) va essayer de faire mieux que lors de sa dernière participation en 2012, éliminée au premier tour.

La Tunisie va se mesurer aux plus grandes nations de la discipline, dont le Brésil, médaillé d'or, chez lui à Rio de Janeiro, lors des JO de 2016. Mais la tâche du sélectionneur Jacob Antonio sera fort ardue à cette grand-messe du volley-ball. Le Brésil et les États-Unis faisant office d'épouvantails avec déjà trois médailles olympiques d'or glanées depuis l'organisation de la première édition en 1964 à Tokyo au Japon.

Participation africaine mitigée

La qualification des deux représentants du continent africain aux JO laisse toutefois un goût amer. Et pour cause, la Confédération africaine de volley-ball a encore perdu son pari de voir pour la première fois le continent placer plus de deux représentants en volley-ball aux JO. Lors des tournois de qualification olympique internationaux, le Cameroun et le Kenya chez les dames ; l'Égypte et la Tunisie chez les messieurs, ne sont pas parvenus à décrocher un billet supplémentaire. Un objectif non atteint encore une fois. L'Afrique aura seulement deux représentants en volley-ball.

D'autre part, depuis le lancement des JO en 1964, le continent n'a pas encore pu glaner une médaille que ce soit d'or, d'argent ou de bronze en volley-ball, contrairement aux autres disciplines à l'instar du football, où le Nigeria et le Cameroun ont déjà remporté l'or olympique et fait briller le continent. C'est dire le défi qui attend le Kenya et la Tunisie qui devront cravacher dur pour dignement représenter le continent, à défaut de glaner la moindre médaille. Une tâche qui s'annonce véritablement difficile.

Reportage du Cameroun

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