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  2020-02-27
 

La femme, un puissant levier de développement africain

CHINAFRIQUE  ·   2020-02-27
Mots-clés: Christiane Bokpe Adovelande; femme; Afrique

Le continent africain a enregistré un taux de croissance relativement élevé au cours de la dernière décennie. Mais, quoique la contribution des femmes à cet essor ne soit plus à démontrer, les études révèlent qu’il existe encore de graves inégalités entre les sexes.   

À l’occasion de la Journée internationale des femmes 2020, CHINAFRIQUE a invité Christiane Bokpe Adovelande, épouse de l’Ambassadeur du Bénin en Chine, à faire le point sur les luttes et les réalisations passées, mais aussi sur ce que réserve l’avenir aux futures générations de femmes en Afrique. Titulaire d’un Master en genre, paix et sécurité, Madame Adovelande est aujourd’hui consultante en management et genre. Voici l’extrait de son interview. 

  

Christiane Bokpe Adovelande.

CHINAFRIQUE : Vous êtes très investie dans les questions relatives aux femmes. Pourriez-vous nous en dire plus ?   

Christiane Bokpe Adovelande : Le moment où j’ai pris conscience que nous vivions dans un monde où les hommes ont tendance à prendre les décisions importantes à tous les niveaux – national, professionnel ou familial – sans tenir compte des intérêts des femmes, j’ai ressenti le besoin d’agir autant que possible pour changer cela. C’est ce qui me pousse à m’investir partout où je suis, dans les cercles féminins.   

J’ai foi en la force intérieure de la femme ainsi qu’en sa capacité à apporter des transformations positives dans toutes les sphères de développement de la société. Et ce potentiel est encore plus positif lorsque les femmes parviennent à se mettre ensemble pour des objectifs nobles car il y a une sorte de synergie qui naît de leur volonté d’apporter des changements.   

Je ne suis pas pour autant une féministe parce que je suis convaincue que le débat pour réduire les inégalités passe par le dialogue et la négociation. L’extrémisme ou le recours à la force ne peuvent pas fonctionner.   

Mais nous ne pouvons pas simplement réclamer l’égalité : il faut y travailler et faire en sorte que les États n’intègrent plus les femmes dans les divers organes dirigeants en fonction de quotas, mais sur la base du mérite.   

Quel rôle pensez-vous que les femmes jouent dans le développement économique et social en Afrique ?   

Lorsque la femme est éduquée, cela a un impact très positif sur ses enfants parce qu’elle peut les aider dans leurs études et leurs activités. Elle est également à même de mieux gérer la santé et la nutrition du foyer.   

En dehors de son ménage, la femme, dans sa vie publique, contribue de plusieurs manières au développement socio-économique de la nation. Dans les zones rurales, beaucoup de femmes africaines travaillent aux champs au même titre que les hommes et participent ainsi à augmenter la production agricole ; ce sont encore elles qui vont sur les marchés pour vendre les produits frais et générer des revenus supplémentaires.   

Les femmes qui ont reçu une éducation travaillent autant dans le public que le privé, et pénètrent de plus en plus dans les secteurs qui étaient autrefois réservés aux hommes, comme l’ingénierie et la technologie. Au Bénin, je constate que de plus en plus de femmes se lancent dans l’entreprenariat avec beaucoup de succès, ce qui est le signe de leur volonté d’être financièrement autonomes. Car il est incontestable que le travail est un facteur de libération de la femme.   

Et concernant leur implication en matière de paix et de sécurité ?   

L’Afrique a malheureusement connu beaucoup de conflits internes. Les femmes sont celles qui en souffrent le plus parce qu’elles se retrouvent seules, après le départ des hommes au front. Elles doivent défendre leurs familles, parfois au prix de leur vie. Cependant, l’aspect le plus dévastateur des conflits sur les femmes restent les violences sexuelles et les sévices de toutes sortes dont elles sont l’objet. Malheureusement, les combattants utilisent souvent les abus sexuels comme arme de guerre.   

C’est la raison pour laquelle, au fil du temps, les femmes sont devenues très engagées dans les négociations de paix, dans les procédures de règlement pacifiques ou de désarmement. Elles usent de leur influence sociale pour jouer le rôle de médiatrices entre les belligérants. Elles ont même participé aux processus de reconstruction économique des pays après la guerre. Les coalitions féminines pour la paix ont énormément influencé les conclusions des accords de paix dans plusieurs conflits qui ont secoué notre continent.   

Qu’en est-il des progrès réalisés en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes sur le continent ? Quels sont les défis à relever ?  

Les femmes africaines sont actrices et créatrices dans tous les secteurs, sans pour autant profiter des résultats qu’elles contribuent à produire. Les hommes et les femmes ne bénéficient pas toujours des mêmes conditions et opportunités sur les plans économique, professionnel et social. Dans le secteur agricole, les femmes représentent près de 70 % de la population active mais très peu d’entre elles possèdent des terres. Dans l’administration publique, à fonction et compétence égales, les femmes sont beaucoup moins payées que les hommes. Dans le domaine du commerce, plus de la moitié des femmes actives restent dans le secteur informel et ne peuvent toujours pas créer une entreprise ou ouvrir un compte bancaire. En matière de recherche scientifique, la présence des femmes est 30 % inférieure à celle que l’on retrouve dans la plupart des pays.   

Il est cependant à noter que de nombreux pays africains ont fait des progrès notables pour faciliter l’accès au crédit, à la santé et à l’éducation aux femmes, et ce dernier secteur est d’ailleurs celui où les progrès les plus importants ont été enregistrés. Il faut également relever que les femmes africaines sont de plus en plus encouragées à accéder aux postes à responsabilités, que ce soit au niveau gouvernemental comme dans les parlements nationaux.   

Au Bénin par exemple, l’école est gratuite pour les filles depuis plus de dix ans, et les femmes n’ont plus à assumer les frais engendrés par une césarienne dans les hôpitaux publics depuis quatre ans déjà. La toute nouvelle Constitution du 1er novembre 2019 donne aux femmes un accès plus large aux fonctions politiques et à des postes au sein des institutions dirigeantes du pays.   

Le principal obstacle à l’émancipation et l’autonomisation des femmes africaines, ce sont surtout les croyances et les coutumes qui les assimilent parfois à des « esclaves du mariage », régies par les traditions familiales et ethniques. En plus de ce facteur culturel, les facteurs économiques tels que la pauvreté et l’analphabétisme doivent également être pris en compte.  

En fait, il faut une véritable prise de conscience au plus haut niveau : la promotion de la femme dans tous les secteurs est un puissant levier de développement des économies africaines.   

Face au nouveau coronavirus qui sévit en Chine, que pensez-vous des mesures prises par les autorités chinoises ?   

D’abord je voudrais exprimer toute ma compassion, ainsi que celle de l’Ambassade du Bénin et de la communauté béninoise en Chine, à la nation chinoise qui est frappée par cette épidémie au moment même où elle s’apprêtait à célébrer la nouvelle année. Nous déplorons les décès, mais nous nous réjouissons du nombre de guérisons qui ne cessent d’augmenter.    

Je dois dire que nous sommes frappés par la réactivité des autorités chinoises et l’efficacité des mesures qui ont été mises en place, notamment à Wuhan, pour limiter la propagation du coronavirus. Ces mesures énergiques sont très rassurantes pour le corps diplomatique en Chine et nous félicitons les autorités chinoises pour leur prise en charge responsable de la situation.  

C’est la raison pour laquelle nous avons indiqué à nos étudiants et à toute la communauté béninoise en Chine, qu’il n’était pas nécessaire à l’heure actuelle, de paniquer ou de se faire rapatrier, mais plutôt de respecter les consignes de protection et d’organisation qui sont données.   

Nous avons la conviction que la Chine va sortir très bientôt de cette crise.   

À tout le peuple chinois nous disons : Bon courage ! Zhongguo Jiayou !   

Pour vos commentaires : lixiaoyu@chinafrica.cn 

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