La Chine a inauguré une nouvelle bourse à Beijing destinée aux PME.

La BSE a débuté les transactions le 15 novembre 2021. (CNSPHOTO)

En tant que PME, l’entreprise Tonghui Electronic n’a jamais autant attiré l’attention. La PME spécialisée en instruments électroniques de mesure a reçu un groupe d’une trentaine d’organisations d’enquête, le 29 novembre 2021, quinze jours après sa cotation. En réalité, cette entreprise de haute technologie n’est pas la seule dans cette situation. Et ce grâce à la création d’une nouvelle bourse.

Le 15 novembre 2021, la Bourse de Beijing (BSE, pour Beijing Stock Exchange) a débuté les transactions. L’entreprise Tonghui Electronic fait partie du premier groupe des entreprises cotées. C’est un événement crucial pour le développement des PME chinoises. Yi Huiman, président de la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières, l’a qualifiée de « nouveau jalon dans la réforme et le développement du marché des capitaux chinois ». « Cela revêt une importance vitale pour créer un marché des capitaux à multiples niveaux, améliorer le soutien financier aux PME et promouvoir le développement axé sur l’innovation et la modernisation économiques », a-t-il indiqué lors de la cérémonie d’inauguration.

Une conception inclusive

La BSE, dont la création a été annoncée par le Président chinois Xi Jinping le 2 septembre 2021, a largement été saluée par le marché, car elle vise à répondre aux problèmes épineux de longue date du financement des PME. Cette nouvelle place boursière nationale vient compléter les Bourses de Shanghai et de Shenzhen, qui abritent des sociétés dotées de capitalisations boursières plus importantes.

Pour son lancement officiel, la BSE a accueilli 81 sociétés, dont 71 sont transférées depuis l’échelon « élite » du système National Equities Exchange & Quotations (NEEQ, également connu sous le nom de New Third Board). Lancé en 2013, le NEEQ est une plateforme boursière d’échanges de gré à gré visant à aider les PME à lever des fonds avant de faire leur entrée en bourse. Suite à huit années de développement, le NEEQ a connu une réforme en 2020, selon laquelle, il a divisé ses entreprises en trois échelons (base, innovation et élite) avec chacun des normes d’inscription de plus en plus exigeantes. La réforme a jeté une base solide pour la création de la BSE.

Les entreprises nouvellement cotées sont principalement issues des secteurs de la fabrication de pointe, des services de haute technologie et des industries émergentes stratégiques. Leurs dépenses moyennes annuelles en R&D dépassent les 25,36 millions de yuans (environ 4 millions de dollars). Selon Li Xudong, directeur général de la société boursière China Securities, il s’agit de l’incarnation du rôle de la bourse en tant que plateforme principale au service des PME innovantes, affichant des activités commerciales prometteuses et un grand potentiel de croissance.

Les futures entreprises cotées proviendront de l’échelon « innovation », avec obligation d’avoir déjà passé au moins un an dans le NEEQ. Avec plus de 7 000 entreprises, dont le nombre de « petits géants » dépasse les 700, le NEEQ devient ainsi une « réserve » pour la BSE.

En plus de la BSE, la Chine a lancé deux places boursières afin d’améliorer le financement des PME : le STAR Market en Bourse de Shanghai en 2019, dédié aux valeurs du secteur technologique et le ChiNext Market en Bourse de Shenzhen en 2009. Par rapport à ces deux marchés, la BSE procure de nouvelles opportunités aux PME, à savoir des seuils de cotation plus bas, diverses normes d’évaluation et un délai d’approbation plus court.

La BSE adopte le système d’enregistrement, semblable à celui de STAR et de ChiNext, mais avec des normes moins exigeantes. En outre, les actions en BSE bénéficient d’une plus grande marge de fluctuation, fixée à 30 %, sachant que le plafond n’est que de 20 % sur STAR et ChiNext, et de 10 % sur les premiers marchés de Shanghai et de Shenzhen.

« Les bénéfices nets de la plupart des PME chinoises vont seulement de 15 à 50 millions de yuans (de 2,4 à 7,9 millions de dollars), et par conséquent, il leur est difficile de répondre aux exigences des marchés STAR et ChiNext à court terme », remarque Wang Zuowei de la société boursière Zhongtai Securities. Les entreprises cotées en BSE, si elles sont éligibles, peuvent migrer directement vers le ChiNext ou le STAR.

Pour son lancement officiel, la BSE a accueilli 81 sociétés. (CNSPHOTO)

Une stimulation forte

En Chine, plus de 90 % des entreprises sont des PME. Elles contribuent à plus de 70 % des innovations technologiques et créent plus de 80 % des nouveaux produits. Elles jouent également un rôle primordial dans la création d’emplois et constituent une part importante de l’économie réelle. Cependant, elles éprouvent souvent des difficultés pour obtenir des prêts bancaires, encore plus dans le contexte actuel de ralentissement économique. Le lancement de la BSE survient seulement deux mois après l’annoncement du projet, une décision clé pour apporter un moyen supplémentaire de lever des fonds aux PME.

Pour remédier au manque de financement, Beijing Henghe Information & Technology, société spécialisée en technologies de protection de l’environnement, a été introduite en BSE. « Avec cette nouvelle bourse, les PME innovantes bénéficieront d’un soutien beaucoup plus important du marché des capitaux », se réjoui Li Yujian, président de la société. « Nous pouvons maintenant avancer à grands pas. »

En outre, la cotation permet aux PME d’améliorer leur gestion en matière de ressources humaines, de recettes, de sécurité sociale, etc. Cela met une certaine pression sur les entreprises. Selon le secrétaire du président de la société Beijing In-To Digital Technology, la cotation à la BSE pousse l’entreprise à s’améliorer et à assumer plus de responsabilités.

Malgré leur petite taille, les PME représentent la force future de la Chine, souligne Chen Wei de la société boursière Guotai Junan Securities. Selon lui, l’État leur offre désormais une toute nouvelle plateforme afin de se développer, car ce n’est qu’en faisant bien fonctionner ces entreprises que le développement de la Chine sera véritablement atteint.

« Je suis convaincu que la BSE sera une réelle piste d’envol pour les PME innovantes », a indiqué Feng Yuejun, président de l’entreprise Transcom Instruments à Economic Daily. Crée à Shanghai en 2005, la cotation à la BSE lui fera réaliser son objectif de devenir une marque mondiale réputée dans le domaine des instruments de test des communications sans fil. « Depuis notre inscription au NEEQ en 2016, nous avons assisté à la réforme et à l’amélioration continues du marché des capitaux chinois, qui a permis le développement rapide de notre entreprise. L’autonomisation du marché des capitaux apportera certainement une plus grande dynamique de développement aux PME », indique-t-il.

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