Une forte coopération en matière
 de santé a renforcé les liens sino-érythréens. 

Un médecin chinois pose avec un enfant qui reçoit des soins d’acupuncture dans un hôpital d’Asmara en Érythrée, en 2019. (LI WEI) 

La presse érythréenne a récemment fait état de la façon dont les membres de l’équipe médicale chinoise, en collaboration avec des médecins érythréens, ont effectué des chirurgies complexes de la colonne vertébrale sur des patients à l’Hôpital Halibet d’Asmara en novembre 2022. Ces opérations, extrêmement techniques, sont les toutes premières procédures de ce genre réalisées en Érythrée et constituent un jalon important dans le secteur médical du pays. 

Coïncidant avec le 25e anniversaire de la première expédition d’une équipe médicale chinoise en Érythrée, les récentes opérations sont également un reflet opportun des liens de longue date qui existent entre la Chine et l’Érythrée, en particulier dans le domaine de la santé. Depuis un quart de siècle, la coopération sanitaire entre les deux pays a contribué au bien-être des populations dans toute l’Érythrée et à faire avancer le système de santé. 

Contexte historique 

Bien qu’il ait fait l’objet d’une attention mondiale importante au cours des dernières années, l’engagement de la Chine avec l’Afrique remonte en fait à des siècles et s’étend sur un certain nombre d’anciennes dynasties. Les liens sino-africains modernes datent des premières indépendances africaines dans les années 1950 et 1960. Depuis lors, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent, tandis que les investissements chinois et les prêts aux pays africains ont augmenté rapidement. Au fil des ans, la relation s’est progressivement élargie pour atteindre un éventail d’autres secteurs, notamment la culture, l’infrastructure, la technologie numérique, la sécurité et l’éducation. 

La santé est également un domaine de coopération de plus en plus critique, la Chine apportant son soutien à la construction ou à la rénovation de nombreux hôpitaux et établissements de santé à travers le continent. En particulier, le siège du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, qui est financé et construit grâce au soutien chinois, a été récemment inauguré à Addis-Abeba, en Éthiopie. En outre, la Chine a travaillé avec des pays africains pour offrir des milliers de bourses et des opportunités de formation à court terme aux étudiants africains, ainsi qu’un soutien financier important pour des projets de santé, des médicaments et des équipements. 

Pendant la pandémie de COVID-19, la Chine a soutenu les mesures de prévention et de contrôle de l’Afrique, en fournissant plusieurs lots de ressources médicales et de vaccins, en s’engageant à rendre ces derniers disponibles en tant que bien public mondial et en envoyant des médecins à travers le continent pour aider au renforcement des capacités. 

Surtout, la pandémie ayant plongé l’Afrique dans sa première récession en 25 ans, la Chine est également restée à l’avant-garde de la reprise économique du continent. Elle a maintenu une coopération économique et commerciale solide avec l’Afrique, tout en signant des accords de suspension du service de la dette avec plusieurs pays, devenant ainsi le plus grand acteur en matière d’allègement de la dette africaine parmi les pays du G20. 

Les équipes médicales chinoises sont sans doute le fleuron de sa coopération sanitaire multiforme avec l’Afrique. Depuis avril 1963, date à laquelle elle a envoyé pour la première fois un groupe de médecins en Algérie, qui se remettait de la guerre, la Chine a dépêché sur le continent de nombreuses équipes médicales, pour un total de plus de 20 000 professionnels de la santé. Ces équipes très diverses ont fourni des services vitaux, aidé à former le personnel local, collaboré avec ce dernier sur des recherches innovantes et contribué au renforcement des capacités et des systèmes de santé locaux. 

Coopération sanitaire avec l’Érythrée 

Comme pour l’Afrique, la relation entre l’Érythrée et la Chine n’est pas nouvelle. Elle remonte à près de 2 000 ans, impliquant des échanges maritimes et des activités commerciales, ainsi que l’envoi d’émissaires. Cependant, les liens contemporains remontent à la longue lutte de l’Érythrée pour l’indépendance, lorsque la Chine a offert son soutien au mouvement d’indépendance du pays. 

Des relations diplomatiques formelles ont commencé après l’indépendance de l’Érythrée en mai 1993. Depuis lors, le partenariat n’a cessé de s’étendre et de se renforcer. Ouvert en 2003 après trois ans de construction, le plus grand établissement médical d’Érythrée et le premier hôpital moderne entièrement équipé, l’Hôpital Orotta, a été construit grâce à l’étroit partenariat sino-érythréen. La coopération a également permis des mises à niveau régulières et des agrandissements considérables de l’établissement. 

En outre, depuis 1997, un total de 15 missions médicales chinoises, comprenant plus de 200 professionnels de la santé, ont travaillé en Érythrée. Au cours des déploiements qui ont duré d’un à deux ans, ces équipes ont travaillé en étroite collaboration avec des professionnels de la santé érythréens pour fournir des services médicaux de haute qualité et soutenir l’amélioration générale de la santé.

Grâce à la formation et au mentorat, à la démonstration et à l’observation, ainsi qu’à l’introduction de nouvelles techniques ou approches telles que la médecine traditionnelle chinoise, les équipes médicales ont contribué à renforcer la capacité sanitaire de l’Érythrée, tout en élargissant et en renforçant les compétences du personnel de santé local. Dans le même temps, les équipes médicales visiteuses ont eu l’occasion d’apprendre de leurs collègues érythréens, ainsi que de grandir et de se développer professionnellement à partir de cas qui peuvent être uniques ou complètement différents de ce qu’ils connaissent. 

Respect mutuel et principes partagés 

Un facteur clé qui sous-tend le succès de la coopération sanitaire entre l’Érythrée et la Chine, ainsi que la relation plus large, est l’engagement ferme envers les principes de compréhension mutuelle, de confiance et de respect. Les approches des deux pays en matière d’aide internationale et de développement sont également étroitement alignées, formant les fondamentaux solides pour un partenariat en matière de santé prospère. 

Le gouvernement érythréen a toujours insisté sur l’établissement de partenariats et d’une coopération authentiques, tout en gardant un contrôle ferme de son programme de développement et de sa mise en œuvre. Il encourage une assistance répondant à des besoins spécifiques qui ne peuvent être satisfaits en interne, et qui complètent et renforcent, au lieu de remplacer, la propre capacité institutionnelle du pays à mettre en œuvre des projets. Cette approche est ancrée dans une grande volonté d’éviter une dépendance paralysante, ainsi que d’assurer une agence locale et de favoriser un sens fort et clair des responsabilités et une véritable appropriation de l’avenir du pays par tous les citoyens. 

Pour sa part, l’approche de la Chine présente de grandes similitudes. Selon le livre blanc L’Aide étrangère de la Chine (2011), en fournissant une aide à l’étranger, la Chine fait de son mieux pour aider les pays bénéficiaires à encourager le personnel local et les forces techniques, à construire des infrastructures et à développer et utiliser les ressources nationales, de manière à établir les bases d’un développement futur. De plus, l’aide de la Chine a toujours été ancrée dans l’égalité et le bénéfice mutuel sans aucune condition, alors qu’elle n’a aucune intention d’imposer une idéologie, des valeurs ou des modèles de développement aux autres pays. 

La coopération sanitaire entre l’Érythrée et la Chine au cours du dernier quart de siècle, qui n’est qu’une dimension de leur relation plus large et toujours croissante, a été extrêmement positive. Non seulement cela a contribué à promouvoir la santé et le bien-être tout en renforçant les capacités et la résilience du système de santé national, mais cela a également renforcé les liens de longue date entre les deux pays. 

L’auteur est éducateur et chercheur établi en Érythrée.