L’engagement de la Chine en faveur de la promotion 
de l’innovation représente une opportunité historique 
pour les pays en développement.

Radiotélescopes solaires dans le district de Daocheng, dans la préfecture autonome tibétaine de Ganzi (Sichuan), le 12 novembre 2022. (VCG) 

L’évolution de l’économie chinoise est un sujet qui suscite un vif intérêt tant chez les pays développés, qui suivent de près les performances de la Chine, que chez la majorité des pays en voie de développement qui se sentent rassurés par l’émergence de cette puissance chinoise sur la scène internationale. En effet, la Chine a toujours aspiré à jouer le rôle de « défenseur » des intérêts des pays en développement, particulièrement en cette période de transformation des fondements de l’ordre politique et économique mondial. 

En tant que chercheur en théorie du développement, je considère que l’avènement du « miracle » chinois est le fruit d’un travail acharné et constant qui a débuté avec la fondation de la République populaire de Chine en 1949, et qui a été renforcé avec l’instauration de la politique de réforme et d’ouverture en 1978. Cette approche a permis une modernisation à la chinoise, qui repose sur le principe d’une recherche constante de l’indépendance, encouragée par l’innovation à tous les niveaux de la production. 

Les réussites de la Chine ont suscité un grand intérêt de notre part, en tant que chercheurs dans ce domaine. Les décisions prises pour les prochaines années par la Chine seront sans aucun doute une source d’inspiration pour tous les pays en développement. 

Un modèle innovant… 

Le Premier ministre sortant de la Chine, Li Keqiang, a présenté le Rapport d’activité du gouvernement chinois, dans lequel il a souligné l’importance de l’innovation et du soutien aux petites et moyennes entreprises (PME). Pour aider les entrepreneurs qui ont subi des pertes dues à la pandémie, plusieurs mesures ont été mises en place. En 2022, la Chine a remboursé plus de 2 400 milliards de yuans (347,5 milliards de dollars) de crédits de TVA, réduit les impôts et les frais divers de plus de 1 000 milliards de yuans (144,8 milliards de dollars) et reporté des paiements pour plus de 750 milliards de yuans (108,6 milliards de dollars). En plus de ces réductions fiscales, d’autres mesures ont été prises, telles que l’augmentation des fonds alloués aux régions, la mobilisation des institutions financières pour offrir des lignes de crédit avantageuses tout en réduisant les coûts de financement et en révisant les taux d’intérêt à la baisse. L’objectif de ces politiques est d’encourager l’innovation et de soutenir les PME, en réduisant les obstacles financiers et en fournissant un environnement plus favorable pour leur développement. 

Le rapport indique que les incitations ont suscité l’intérêt des PME et des auto-entrepreneurs du monde entier. Cependant, une attention particulière a été accordée à l’établissement d’un nouveau concept de « science au service de la nation », en construisant des laboratoires nationaux et en augmentant la valeur ajoutée grâce à la fabrication d’équipements de haute technologie et à l’économie numérique. Ces mesures ont favorisé des percées considérables dans des domaines tels que les vols spatiaux habités, l’exploration lunaire et martienne, l’exploration des eaux profondes et du sol, les superordinateurs, la navigation par satellite, l’information quantique, les technologies de l’énergie nucléaire, la fabrication de gros aéronefs et l’intelligence artificielle. 

La Chine s’implique activement dans la promotion de l’innovation, ce qui lui permet de positionner ses industries manufacturières sur les marchés de milieu et haut de gamme. Les signes de cette tendance sont visibles dans la stricte application des réglementations environnementales, le contrôle de la qualité, l’instauration de mesures de sécurité et l’augmentation continue des budgets de recherche et développement (R&D) et de conception. La Chine s’engage résolument dans l’élimination des modes de production archaïques et commence à se distinguer dans des secteurs tels que la biomédecine, les véhicules à énergie propre, le photovoltaïque, l’éolien et d’autres industries émergentes. Les données sur les exportations chinoises montrent clairement que la qualité et la compétitivité des produits haut de gamme chinois s’améliorent constamment et gagnent la confiance des consommateurs dans le monde entier. 

Assemblage de moteurs à hydrogène dans un parc industriel à Luoyang (Henan), le 10 janvier. (VCG) 

À reproduire  

En tant qu’acteur associatif africain, notre mission est de favoriser les échanges entre les pays de notre continent et la Chine, ainsi que de faciliter le transfert de technologies innovantes chinoises. Depuis le lancement de l’initiative « la Ceinture et la Route » et plus tard de l’Initiative pour le développement mondial, nous avons cherché à nous inspirer du modèle d’innovation de la Chine et à bénéficier du soutien des institutions de cette dernière pour les projets de partenariat international. 

Au Maroc, les acteurs économiques et sociaux des deux pays ont travaillé en étroite collaboration pour implanter des projets utilisant des technologies chinoises innovantes qui répondent à des problématiques persistantes dans notre région. Grâce à cette synergie exemplaire, nous avons pu mettre en place des projets tels que l’introduction de nouvelles technologies de dessalement d’eau de mer et d’eau saumâtre pour faire face au phénomène de stress hydrique, qui représente une réelle menace pour le bien-être des populations locales. 

Nous avons également mis en place des fermes expérimentales en agriculture saharienne en partenariat avec des entreprises chinoises qui ont fait leurs preuves dans les déserts du géant asiatique. Ces entreprises ont transformé des milliers de kilomètres carrés de terres sableuses en des réserves stratégiques de céréales, qui sont précieuses en ces temps d’instabilité de l’offre mondiale. 

Grâce à ces projets, nous sommes convaincus que nous pourrons améliorer la qualité de vie des populations locales tout en favorisant le développement économique de notre région. Nous sommes également convaincus que cette coopération entre nos deux pays peut servir de modèle pour d’autres régions du monde qui sont confrontées aux mêmes problématiques. 

En conclusion, la Chine poursuit sa quête de modernisation de son système industriel en concentrant davantage de ressources sur l’intensification de la R&D dans l’application des technologies de pointe, l’accélération de la transformation numérique des industries traditionnelles et la transition vers des industries haut de gamme, intelligentes et respectueuses de l’environnement. De plus, la Chine accorde une attention particulière à la mise en place d’un nouveau modèle de développement basé sur un mécanisme de double circulation, souligné par le Président Xi Jinping, qui vise à stimuler simultanément le marché domestique et extérieur. 

En tant que partenaires de la Chine en Afrique, nous avons la possibilité historique de bénéficier des retombées positives de cette révolution technologique chinoise. Cette opportunité peut nous aider à gagner en détermination et en confiance et à nous libérer des restrictions historiques qui nous faisaient croire que l’innovation était l’apanage des pays développés. La Chine a prouvé le contraire et nous devrions donc nous inspirer de cette réussite pour développer nos propres capacités d’innovation. 

L’auteur est président de l’Association de coopération Afrique-Chine pour le développement (ACCAD) au Maroc.