2023-04-17 |
Un commerce florissant |
par Gitonga Njeru VOL. 15 AVRIL 2023 · 2023-04-17 |
Mots-clés: Kenya ; exportations de fleurs |
Le Kenya s’apprête à ouvrir un centre floral à Beijing pour soutenir ses exportations.
Des clients achètent des fleurs à Kunming, dans la province chinoise du Yunnan, le 8 mars. (XINHUA)
Leslie Wanjiru, âgée de 46 ans, est une horticultrice et exportatrice établie dans la province de la vallée du Rift, au Kenya. Elle se spécialise non seulement dans la culture locale de fleurs coupées, mais exporte aussi des roses vers les marchés asiatiques et européens.
« Le marché chinois est actuellement celui qui connaît la croissance la plus rapide. La demande y a augmenté significativement et les exportations ont progressé après la signature d’un accord bilatéral Kenya-Chine pour lever les obstacles commerciaux », a-t-elle expliqué.
Afin de soutenir ce commerce florissant, les exportateurs de fleurs inaugureront prochainement un centre dédié aux fleurs coupées à Beijing, capitale chinoise, pour répondre à la demande croissante en Chine. L’Asian Flower Association, présidée par Clement Tulezi, PDG du Kenya Flower Council, est une initiative kényane proposée pour la première fois en 2019 et a finalement vu le jour suite à la levée des barrières tarifaires.
L’association regroupera 300 entreprises kényanes exportatrices de fleurs dont la sélection sera finalisée en avril, et entrera en activité en mai. « Je peux affirmer avec assurance que la demande en fleurs coupées en Chine pourrait surpasser notre capacité d’approvisionnement. L’association se chargera de gérer à la fois l’offre et la demande », a fait savoir Mme Wanjiru.
Un marché chinois lucratif
L’Asian Flower Association, dont le siège sera situé à Beijing, sera entièrement détenue par des exportateurs kényans et enregistrée dans la capitale chinoise. Selon M. Tulezi, des consultations internes sont en cours concernant les décisions majeures, telles que la date d’élection des membres permanents. Il a également ajouté que les échanges commerciaux se portent nettement mieux et que les tarifs, y compris la taxe sur la valeur ajoutée et les frais de visa pour les non-
immigrants, ont été considérablement réduits.
Le Kenya exporte annuellement près de 210 000 tonnes de fleurs, d’après les chiffres récents publiés par le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche et des Coopératives (MAEPC) du pays. Actuellement, le Kenya se positionne comme le principal exportateur africain de fleurs à destination de la Chine.
Selon les exportateurs, le marché chinois connaît une croissance annuelle de 8 %. « La croissance du marché chinois dépasse notre capacité à suivre le rythme. Cependant, un nouveau centre de fleurs coupées basé à Beijing et géré par une association regroupant nos exportateurs répondra assurément aux besoins de nos clients. Les ventes directes devraient battre des records et probablement surpasser le marché européen », a affirmé Ivan Freeman, directeur général d’Uhuru Flowers, une entreprise spécialisée dans les roses coupées de qualité.
D’après M. Freeman, les événements chinois favorisent les volumes de ventes. « Les fêtes romantiques, telles que la Fête du Double Sept, la Saint-Valentin chinoise célébrée vers la fin du mois d’août, ont stimulé la croissance du secteur floral au Kenya », a-t-il expliqué. Il a également ajouté qu’offrir des fleurs est devenu tendance lors de la Fête des Lanternes, une célébration chinoise qui clôture la Fête du Printemps.
Beaucoup d’argent est investi dans ces événements, en particulier pour répondre à la demande en fleurs lors des mariages, des fêtes et même des conférences organisées dans les hôtels, a-t-il souligné. Il a ajouté que les exportateurs kényans se concentrent généralement sur les roses, les œillets, les millepertuis et les lys.
Sans surprise, le Kenya a enregistré une hausse du nombre de producteurs de fleurs. Le pays compte au total 220 fermes florales, dont la superficie varie entre 400 et 60 000 hectares. Ces exploitations sont la propriété de plus de 300 entreprises. Certaines d’entre elles possèdent plusieurs fermes, tandis que la demande mondiale ne cesse de croître, d’après le Système d’information sur la gestion des terres nationales du Kenya.
Un employé emballe des fleurs dans une exploitation horticole située près de Nairobi, au Kenya, le 19 septembre 2017. (XINHUA)
Promouvoir les exportations
Le Kenya, quatrième plus grand exportateur de fleurs coupées au monde, a réalisé des exportations d’une valeur de 752 millions de dollars en 2022. D’après le MAEPC, l’Europe occidentale constitue la destination traditionnelle de la majorité des exportations. Néanmoins, on observe une croissance annuelle de 8 % sur le marché chinois.
Les autres pays africains exportateurs de fleurs comprennent le Zimbabwe, l’Afrique du Sud,
l’Ouganda, la Zambie et la Tanzanie. Mukhisa Kituyi, ancien secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, a affirmé que ces pays africains pourraient également prochainement accéder au marché chinois.
« La Chine a élaboré de nouvelles stratégies afin de renforcer les relations bilatérales avec les pays africains. Ce n’est qu’une question de temps avant que cela se produise et que ces pays concurrencent le Kenya », a indiqué M. Kituyi, qui est également l’ancien ministre kényan du Commerce et de l’Industrie.
Le nouveau centre permettra aux clients de faire leurs achats sur place ou de commander selon leurs besoins. « Si les clients ne trouvent pas la variété de fleurs qu’ils recherchent, nous sommes en mesure d’organiser un envoi spécial pour eux. La livraison est presque immédiate, car Kenya Airways propose deux vols cargo par semaine entre Nairobi et Beijing. De plus, Ethiopian Airlines offre d’autres vols hebdomadaires », a précisé Bobby Kamani, directeur général de Kamani Flowers.
Toutefois, l’Asian Flower Association souhaite entamer des discussions avec Kenya Airways afin d’augmenter les vols cargo vers la Chine à quatre par semaine pour répondre à la demande croissante. « Nous espérons conclure un accord en avril », a précisé M. Kamani.
En juin dernier, le Kenya et la Chine ont signé des accords bilatéraux ayant pour conséquence la levée de nombreuses barrières commerciales. Ceci inclut l’élimination des droits de douane et de la taxe sur la valeur ajoutée, pavant ainsi la voie au commerce des fleurs.
Afin de soutenir davantage les exportateurs, Mithika Linturi, secrétaire de cabinet au MAEPC, a annoncé que son ministère établirait un programme flexible à leur intention. De plus, les institutions financières gouvernementales accorderont des prêts aux producteurs de fleurs afin de stimuler leurs exportations. « Nous espérons ainsi stimuler la production agricole », a-t-il fait part.
Red Lands Roses, une entreprise dynamique située au cœur du Kenya, exporte désormais 22 % de sa production vers la Chine. En 2018, ce pourcentage n’a été que 11 %. « Nous adhérerons à l’association pour stimuler nos ventes futures. Nos bénéfices et nos revenus ont augmenté. Le marché chinois est très porteur », a soutenu Disha Copreaux, PDG de l’entreprise.
Cette entreprise a été l’une des premières à explorer le marché chinois, il y a environ sept ans. À cette époque, la majorité des acteurs du secteur dépendaient largement des marchés européens et américains.
Reportage du Kenya
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