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  2023-11-14
 

Pour un futur écologique

VOL. 15 NOVEMBRE 2023 par Mahasha Rampedi  ·   2023-11-14
Mots-clés: Kenya ; La voix de l'Afrique

Comment l’Afrique peut combattre le changement climatique sans s’engouffrer dans la spirale de la dette. 

Le Sommet africain sur le climat 2023 s’est tenu à Nairobi, capitale du Kenya, le 4 septembre. 

  

En 2022, la province du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud a été violemment touchée par la tempête subtropicale Issa, engendrant la tragique perte de 459 vies humaines. Cette catastrophe a déraciné plus de 40 000 personnes et causé des dommages matériels estimés à 36 milliards de rands (1,92 milliard de dollars). Durban, ville emblématique de la côte, et ses périphéries ont vu des ponts s’effondrer et plus de 4 000 habitations être détruites. Des universités renommées, dont celle du Witwatersrand à Johannesburg et celle de Brighton au Royaume-Uni, ont qualifié ces inondations de « catastrophe la plus dévastatrice » au KwaZulu-Natal, pointant du doigt les effets du changement climatique. 

 

À peine quelques mois plus tard, en février 2023, le cyclone Freddy semait la destruction dans le sud-est africain. Avec à son actif 522 victimes et d’innombrables dégâts au Mozambique, au Malawi et à Madagascar, il marquera l’histoire. Le Malawi a été particulièrement affecté, avec un impact sur près de 300 000 de ses habitants. D’après l’Organisation météorologique mondiale, le cyclone Freddy est sans doute le plus intense jamais recensé. 

 

De son côté, l’Afrique du Nord n’a pas été épargnée : en septembre, la tempête Daniel a laissé derrière elle un bilan de 4 000 morts et 46 000 déplacés. En Libye, la rupture de deux barrages a submergé la ville de Derna, provoquant un drame d’une ampleur inimaginable. 

 

Ce sombre tableau dépeint la dure réalité de l’Afrique face au changement climatique. Ironiquement, bien que le continent soit parmi les moins contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre, il en subit les conséquences les plus graves. Historiquement, les pays développés, notamment ceux en Amérique du Nord, en Europe et en Asie, ont été les principaux responsables des émissions provenant de l’industrie, du transport et de la production énergétique. À l’inverse, l’Afrique, avec son niveau d’industrialisation et d’infrastructures moindres, paie aujourd’hui le prix fort de ces actions passées. 

  

Approche irréaliste 


L’Afrique est davantage affectée par la sécheresse, les inondations et les tempêtes que les principaux pays pollueurs, et cette situation risque de s’aggraver. D’après la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, 44 % des sécheresses majeures survenues dans le monde au cours du siècle dernier ont frappé l’Afrique. De plus, sur les cinquante dernières années, le continent a enregistré des pertes économiques dépassant 70 milliards de dollars, sans mentionner les immenses souffrances humaines. Il est à noter que les sécheresses, exacerbées par le changement climatique et la dégradation des sols, pourraient concerner trois individus sur quatre à l’échelle mondiale d’ici 2050. 

 

Face à cette menace croissante, le premier Sommet africain sur le climat s’est tenu à Nairobi, au Kenya, en septembre. Ce sommet préparatoire à la 28e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques a rassemblé divers acteurs, dont des décideurs politiques, des chercheurs et des représentants du secteur privé. L’objectif ? Élaborer des stratégies pour une planète durable. 

 

La Déclaration de Nairobi, issue de ce sommet, met l’accent sur des investissements stratégiques pour une gestion durable des ressources terrestres et hydriques. Elle promeut la résilience face à la sécheresse et des modèles économiques qui concilient développement et lutte contre le changement climatique. 

 

Toutefois, cette déclaration semble déphasée face aux défis réels de l’Afrique. Elle manque d’approches innovantes et élude la responsabilité des nations polluantes historiques. 

 

Pour preuve, rappelons-nous qu’en 2009, les nations développées, notamment les membres du G7, s’étaient engagées à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement. Une promesse non tenue. 

 

Au lieu d’un soutien direct, ces pays ont proposé des prêts, plongeant davantage les pays africains dans la dette, tout en tentant de pallier les conséquences des actions des pays développés. 

 

Prenons l’exemple de l’Afrique du Sud. Bien que figurant parmi les plus grands producteurs de charbon, elle s’est vue poussée par des nations comme les États-Unis et l’Allemagne à abandonner prématurément ses centrales au charbon. La majorité du financement proposé se présente sous forme de prêts, avec une part minime en subventions. Une démarche qui, en réalité, semble peu réfléchie. 

 

Les habitants se rassemblent dans une zone endommagée par des inondations à Blantyre, au Malawi, le 14 mars. 

  

Partage du fardeau 

 

Le changement climatique est sans doute le défi majeur de notre époque, mais sa prise en charge s’avère inéquitable. Alors que l’Afrique subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique, elle se voit souvent imposer des mesures qui ne tiennent pas compte de ses réalités économiques et sociales. 

 

Le financement climatique est au cœur de cette iniquité. Les pays développés, grands responsables historiques de la crise climatique, doivent partager équitablement le fardeau financier. La transition énergétique de l’Afrique ne devrait pas être entravée par des dettes, mais soutenue par des subventions et des investissements. 

 

La Chine, par exemple, a adopté une approche différente en soutenant l’Afrique par le biais de dons d’équipements pour les énergies renouvelables. Cette démarche incarne la coopération Sud-Sud, et d’autres nations pourraient s’en inspirer. En collaborant avec des pays technologiquement avancés, l’Afrique peut accélérer sa transition vers des énergies plus propres, tout en préservant son indépendance économique. 

 

Par ailleurs, l’infrastructure météorologique en Afrique est cruellement insuffisante. Les récents désastres en Libye, au Malawi et au Mozambique le démontrent. Sans systèmes d’alerte précoce fiables, comment les populations peuvent-elles se préparer à des catastrophes climatiques imminentes ? Ce n’est pas seulement une question d’énergie, mais de sauvegarde des vies. 

 

Enfin, le Sommet africain sur le climat, bien qu’important, semble avoir omis des réalités cruciales du continent. La Déclaration de Nairobi, bien qu’ambitieuse, paraît écho des stratégies occidentales sans véritable adaptation aux spécificités africaines. Pourtant, l’Afrique a besoin de solutions adaptées à ses réalités : ses secteurs économiques majeurs, ses contraintes budgétaires et ses conditions locales. 

 

L’approche occidentale, axée sur la résilience à la sécheresse, est insuffisante. Quand les inondations frappent, sans avertissement, les agriculteurs africains sont pris au dépourvu, aggravant la pauvreté et l’insécurité alimentaire. 

 

Il est temps pour l’Afrique de prendre les rênes de son propre avenir climatique, avec le soutien, et non la domination, des nations développées. Cette lutte nécessite une vision unifiée, plaçant la responsabilité partagée au centre, afin que le continent puisse avancer sans être entravé par une dette insurmontable. 

  

L’auteur est rédacteur en chef d’Africa Times, Afrique du Sud. 

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