La formation professionnelle joue un rôle essentiel dans la revitalisation rurale en Chine.

Zhang Bichao (premier à droite), responsable d’une coopérative agricole locale, exploite un drone pour l’épandage des produits phytosanitaires dans une ferme à Zhuji, au Zhejiang, le 16 mars. (XINHUA) 

Faisant partie de la nouvelle génération d’agriculteurs, Ying Chao, né dans les années 1990, considère que l’agriculture traditionnelle peine à s’adapter à l’évolution des systèmes d’exploitation modernes. Après avoir suivi un programme de formation professionnelle d’une année sur l’utilisation des drones en 2021, il ambitionne de révolutionner les pratiques agricoles et d’explorer la voie de la mécanisation. 

De fait, de plus en plus de jeunes à l’image de Ying Chao mettent leurs compétences techniques au service de l’agriculture et au développement rural. Le livre blanc 2022 sur l’évolution de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) en Chine, publié par le ministère de l’Éducation, révèle que plus de 70 % des étudiants issus des établissements dédiés à cette vocation proviennent des zones rurales. Ainsi, il est recommandé d’exploiter pleinement le potentiel de l’EFTP afin de former des agriculteurs hautement qualifiés, compétents sur le plan technique et aptes à gérer des exploitations modernes. Selon le document, cette démarche pourrait insuffler un nouvel élan à la revitalisation rurale. 

Un agriculteur de nouvelle génération 

Aujourd’hui directeur général de l’entreprise agricole Jiaxing Lukang Agricultural Development, Ying Chao est fier d’être le premier pilote de drone spécialisé dans la protection des cultures à Jiaxing, au Zhejiang. « Les drones peuvent être utilisés à de multiples fins : ils peuvent servir à ensemencer, fertiliser les terres, combattre les maladies parasitaires, même nourrir le bétail », a-t-il énuméré. 

Selon lui, les drones sont beaucoup plus efficaces et moins coûteux que le travail manuel. Ils permettent un semis des graines plus uniforme et donc une croissance optimale des cultures. Par ailleurs, ces appareils, contrairement aux agriculteurs, peuvent être déployés dans les champs aussitôt après la pluie. 

Après deux ans d’efforts soutenus, la ferme de son entreprise est entièrement mécanisée, avec un taux de couverture de 100 % des semences de haute qualité. Le rendement du riz tardif sur 19 000 mu (1 267 hectares)s’élève à 5 850 tonnes, faisant de cette exploitation un exemple local de culture céréalière à haut rendement. L’année dernière, Ying Chao a reçu le prix du jeune pionnier de la revitalisation rurale de Jiaxing et sa ferme a été désignée comme modèle provincial pour la jeunesse. 

Un nombre croissant de jeunes agriculteurs se sont joints à son équipe, qui compte désormais huit membres, tous qualifiés de « pilotes polyvalents » selon ses dires. Leur capacité opérationnelle peut atteindre 3 000 mu (200 hectares) par jour. En plus d’encourager ses membres à suivre des formations théoriques organisées chaque année par le gouvernement local, Ying Chao tient également à les emmener visiter d’autres exploitations agricoles, leur permettant ainsi d’améliorer continuellement leurs compétences techniques par la pratique. 

Cela lui évoque sa propre formation. « J’ai beaucoup appris à l’école », affirme-t-il. En effet, le cours de mécanisation agricole fut l’un de ses favoris, lui permettant de découvrir de nombreuses machines qu’il n’avait jamais vues, telles que les repiqueuses, les presses à balles ou les râteaux mécaniques. C’est grâce à cette expérience qu’il a pris pleinement conscience de l’importance de la mécanisation dans la modernisation agricole. 

La formation professionnelle place Ying Chao dans une dynamique d’apprentissage constant. Il tient à se familiariser avec les nouveaux équipements agricoles et à approfondir sa compréhension de la mécanisation agricole moderne. Conscient de l’importance de la technologie dans le développement de l’agriculture mécanisée, il s’est récemment initié au numérique. Les dispositifs intelligents susceptibles de surveiller les données et les indicateurs dans les champs, associés à son équipement mécanisé actuel, permettent d’affiner le travail de la terre, a-t-il fait savoir. 

Hu Panpan (à gauche), née dans les années 1990, assiste une agricultrice pour vendre des produits agricoles via une diffusion en direct, à Hefei, dans la province de l’Anhui, le 30 juin 2022. (XINHUA) 

L’EFTP, un enjeu majeur 

D’après les statistiques du ministère de l’Éducation, les 11 300 établissements d’EFTP à travers le pays proposent plus de 1 300 filières d’études, couvrant pratiquement tous les aspects de la revitalisation rurale. Parmi eux, 15 % proposent des programmes de formation professionnelle agricole, accueillant plus de 5 000 personnes par jour. Les diplômés de ces établissements sont devenus un moteur essentiel du développement rural et de l’élargissement du groupe à revenu intermédiaire. Entre 2013 et 2020, plus de 8 millions d’étudiants issus de familles défavorisées ont bénéficié d’une formation professionnelle. L’EFTP s’avère être le moyen le plus efficace pour briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté, selon le livre blanc. 

Citons l’établissement de Ying Chao, le Jiaxing Vocational and Technical College, à titre d’exemple. Depuis 2008, cette école a mis en place un programme de formation diplômante à l’intention des agriculteurs. Au fil des ans, elle a développé un « modèle Jiaxing » pour former de nouveaux agriculteurs professionnels, alliant diplôme, expertise et esprit d’entreprise. 

La filière « application des drones » de l’établissement promeut leur utilisation pour protéger les cultures agricoles en collaborant avec des entreprises comme DJI et Hangzhou Qifei Intelligent Technology. Elle a convié des experts pour dispenser une série de formations axées sur des compétences techniques, telles que le débogage ou l’utilisation des drones dédiés à la protection phytosanitaire. En parallèle, l’établissement a mis en place un centre de formation spécialisé pour les examinateurs en charge de l’assemblage et de la révision de drones. 

Le Taizhou Vocational College of Science and Technology, un autre établissement d’EFTP situé au Zhejiang, propose aussi des filières liées à l’agriculture. L’un de ses étudiants en construction aéronautique, Jiang Chengtong, certifié pilote de drone, a gagné deux grands prix en compétition aéronautique, rivalisant avec des étudiants d’universités de premier cycle. Désormais, il dispense des cours à la base de vulgarisation scientifique sur les drones de Taizhou, tout en créant un club dédié à la compétition et aux services liés aux aéronefs. Il espère contribuer au développement rural, comme Ying Chao, grâce à son expertise. 

Celui-ci forme actuellement une équipe à l’utilisation de mini-drones radiocommandés destinés à l’épandage des produits phytosanitaires dans sa ferme. Il s’efforce de former davantage de techniciens spécialisés et de mettre en valeur l’EFTP de manière optimale.