Une artiste s’efforce de rapprocher le panda du public en créant des peintures à son effigie dans les espaces urbains.

Jiang Ya pose pour une photo avec son œuvre de peinture représentant un panda, en novembre 2022. (COURTOISIE) 

Je suis née à Ya’an, la terre natale des pandas géants. Avoir ces créatures comme voisines est considéré comme romantique et une source de fierté pour les habitants. Dessiner cet animal pour ma ville natale me procure un sentiment de responsabilité qui s’ajoute à ma fierté. 

Ya Ya et An An 

Les résidents de Ya’an portent un amour profond pour les pandas géants, symbolisés par les mascottes de la ville, Ya Ya et An An. En ma qualité de directrice artistique du groupe de tourisme culturel de Ya’an, j’ai orchestré des projets de peinture murale urbaine au fil des ans, transformant notre cité en un espace de vie plus accueillant et attrayant. 

Au lieu de nous concentrer sur l’art du hip-hop ou le street art conventionnel, nous envisageons le graffiti comme un moyen de communication urbaine et un symbole culturel destiné à promouvoir, diffuser, sensibiliser et vulgariser des informations scientifiques. Dans cette optique, nous avons conçu une multitude d’illustrations de Ya Ya et d’An An, dispersées à travers la ville, dans le but de valoriser l’éducation civique, le respect du code de la route, les pratiques d’hygiène et la sécurité des équipements électriques. Le charmant duo de pandas s’invite également dans la liste des autocollants de WeChat, incarnant la passion, l’amitié, la bienveillance, l’ouverture et l’inclusivité, tout en partageant notre amour pour la ville et notre dévouement à sa construction. 

Les plus imposantes de nos réalisations sont sans doute les graffitis sur la voûte à chaque extrémité du tunnel de Qingbishan, situé dans le district de Yucheng. Ces œuvres colossales couvrent chacune une surface de 10 m², ce qui témoigne de l’ampleur de l’effort déployé. Nous avons consacré six nuits à leur réalisation, travaillant en hauteur depuis une nacelle après la fermeture du tunnel à 20 heures. Le tunnel de Qingbishan, un axe majeur de circulation pour les travailleurs de la région et une voie d’accès essentielle pour les touristes arrivant par l’autoroute de Bifengxia, se trouve à la périphérie nord de Ya’an. Grâce à nos graffitis, nous avons transformé ce tunnel en une véritable « maison des pandas géants », procurant un sentiment de réconfort à ceux qui se rendent au travail et offrant un message de bienvenue chaleureux aux visiteurs venant de loin. 

Dessiner 1 000 pandas géants 

Le 11 octobre 2022, un confinement a été instauré dans différentes zones de Ya’an en raison de la pandémie de COVID-19. Heureusement, grâce à la collaboration de tous, nous avons pu le lever le 14 octobre à minuit. Durant cette période, de nombreuses personnes ont fait des promesses singulières, en utilisant l’expression « si le confinement à Ya’an se termine demain, je... ». Certains ont promis de boire l’eau de la rivière Qingyi, d’autres ont envisagé de nettoyer les rues pendant une journée. J’ai moi-même partagé une vidéo sur Douyin, promettant de dessiner gratuitement 1 000 pandas géants à travers la ville si le confinement prenait fin. À mon grand étonnement, cette vidéo a connu un franc succès avec plus de 200 000 vues. 

J’étais maintenant contrainte d’honorer ma promesse. Même en dessinant un panda géant par jour, il faudrait plus de deux ans et demi pour tout accomplir. Cependant, quelles que soient les difficultés, j’étais déterminée à réaliser cet objectif ! Le 15 octobre, tôt le matin, j’ai entamé ce défi et j’en ai déjà dessiné 285. 

Je peins sur des coins de béton fissurés, des troncs d’arbres dénudés, des blocs de pierres à l’angle des rues et des plaques d’égout... Je me sens telle une infirmière apportant des sutures avec mon pinceau à de petites « blessures » discrètes de la ville. Peu importe où je dessine, des personnes se rassemblent toujours derrière moi, souriantes. Dessiner des pandas géants me fait prendre conscience de leur rôle réconfortant. L’enthousiasme de mes admirateurs me remplit de joie. 

Avec l’aide de mes amis, nous avons organisé une activité ludique. Nous avons collecté des galets de différentes tailles pour y dessiner des pandas géants, avant de les cacher dans des jardins résidentiels, des parcs et le long de la rivière. Nous avons ensuite invité les habitants à partir à la recherche de ces pandas pour les ramener chez eux. Au total, 66 pandas géants ont été retrouvés instantanément, les gens les photographiant et partageant leurs trouvailles sur Internet. 

Jiang Ya se prête à une séance photo avec ses œuvres de peinture représentant des pandas, en septembre 2022. (COURTOISIE) 

Cibler la génération Z 

Cette année, une exposition sur le thème des pandas géants aura lieu à Ya’an, mettant en vedette les œuvres d’une cinquantaine d’artistes. J’ai l’honneur d’avoir été conviée à participer à la section « La maison des pandas géants », où je pourrai exprimer ma créativité en direct. Qui plus est, on m’a décerné le titre d’ambassadrice culturelle de pandas de la génération Z. Cette dernière, également connue sous l’appellation de « génération Internet », comprend les jeunes nés après 1995, grandement influencés par les technologies informatiques et digitales. C’est un titre quelque peu déroutant pour moi, étant donné que je suis née après 1985. Cependant, je suis ravie d’avoir l’opportunité de réaliser une installation tridimensionnelle dans un espace immaculé de 9 m², ce qui est un défi stimulant. 

Je me suis mise au travail pour élaborer un langage artistique unique et dénué de contraintes, capable de véhiculer la joie et le contentement qui émanent de la maison des pandas géants. Étant donné que cette œuvre est destinée à la génération Z, j’ai choisi d’adopter des motifs complexes en superflat, un style influencé par les mangas. Des pandas géants et diverses créatures adorables rempliront l’espace de manière dense, permettant à une multitude de symboles de se déployer à la manière d’un océan, et instaurant pour les visiteurs un environnement à mi-chemin entre réalité et fantaisie. C’est ce que je souhaite accomplir : une création à la fois mignonne et complexe qui, je l’espère, saura apporter aux visiteurs une joie pure et simple. 

Êtes-vous curieux de voir le résultat ? Alors, 
laissez-moi vous inviter à venir à Ya’an et découvrir cette exposition en personne !