Face à une tendance croissante de dédollarisation, les devises des pays BRICS gagnent en pertinence 
sur la scène économique mondiale.

La première livraison de maïs fourrager en provenance d’Afrique du Sud, importée par la Chine, a accosté au port de Machong, dans la province du Guangdong, le 4 mai. (XINHUA) 

En amont de la visite en Chine du Président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, la Chine et le Brésil ont décidé d’adopter le renminbi et le réal brésilien comme monnaies d’échange dans leurs transactions commerciales. Cette délégation du dollar américain, dans un contexte de crise financière mondiale, est perçue comme une démarche pragmatique et rationnelle. Selon certaines analyses, les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) pourraient envisager de proposer une alternative et de soutenir une réforme du système financier mondial pour rééquilibrer les forces en présence.

Les conditions incertaines que nous rencontrons aujourd’hui sont directement liées à l’usage discrétionnaire, voire excessif, de la position du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale par les États-Unis, qui jouissent d’une autorité et d’un contrôle complets sur celle-ci. Ce contexte met en lumière une leçon fondamentale : aucun pays ne devrait posséder un tel niveau de contrôle sur une monnaie de réserve internationale. 

La valeur réelle du dollar est aujourd’hui remise en question par les marchés financiers. Un consensus grandissant semble émerger, suggérant que la suprématie du dollar doive prendre fin. La manipulation flagrante de cette monnaie entraîne une érosion de la confiance envers le dollar et, par extension, envers le gouvernement américain qui en assure la gestion. 

Ascension du renminbi 

Selon le Fonds monétaire international (FMI), le renminbi s’est désormais hissé au rang de cinquième monnaie de réserve mondiale, représentant 2,69 % des réserves de change globales. Le FMI a également augmenté le poids du renminbi dans le panier de devises constitutif des droits de tirage spéciaux, de 1,36 point de pourcentage pour passer à 12,28 %. Cette modification le place en troisième position en termes de pondération. 

L’utilisation de monnaies locales dans le commerce international diminue la dépendance envers les États-Unis et les risques de sanctions financières. De nombreux pays adoptent un système plus diversifié pour éviter les failles du système monétaire dominé par le dollar, notamment en utilisant de plus en plus le renminbi. 

En décembre 2022, la Chine a instauré un centre de compensation en renminbi à Maurice, faisant de ce dernier le troisième pays à disposer d’une telle structure, après l’Afrique du Sud et la Zambie. L’usage du renminbi dans le commerce sino-africain pourrait réduire les risques commerciaux, renforçant son rôle potentiel comme devise majeure du commerce international. 

Alors que les nations se préparent à délaisser progressivement le dollar américain, un processus de rééquilibrage de la structure commerciale mondiale s’amorce, avec un commerce international de plus en plus mené en devises locales, de façon bilatérale. Les monnaies des pays BRICS suscitent une attention particulière dans ce contexte. 

Ces pays rassemblent plus de 40 % de la population mondiale, soit 3,2 milliards d’habitants, constituant ainsi le plus vaste réservoir de ressources humaines. Leur PIB combiné représente désormais 31 % du total mondial et est prévu pour atteindre 50 % d’ici 2030.  

Leur superficie cumulée, s’étendant sur 40 millions de kilomètres carrés, est caractérisée par d’immenses réserves d’énergie, d’importants gisements minéraux et de vastes zones de terres arables. 

La dédollarisation a des conséquences économiques pour les États-Unis, avec des défis et des faillites bancaires. Cela remet en question leur image économique idéalisée. Cependant, cela pourrait alléger le fardeau pour d’autres pays et permettre aux États-Unis de redéfinir leur rôle mondial. 

L’auteur est directeur de l’Association diplomatique d’Afrique du Sud.