L’Afrique œuvre désormais au sein du concert des nations.

Narendra Modi, Premier ministre indien, et Azali Assoumani, Président de l’Union des Comores et de l’UA, échangent une étreinte alors que l’UA est accueillie comme membre permanent du G20 à New Delhi, en Inde, le 9 septembre 2023. (COMPTE X DU G20)

L’intégration de l’UA en tant que membre à part entière du G20 marque un progrès diplomatique significatif, représentant un pas en avant vers un ordre mondial plus juste et plus inclusif, particulièrement pour les pays en développement. Lors du Sommet du G20 à New Delhi en Inde, en septembre 2023, cette inclusion historique a été officialisée, accordant ainsi au continent africain une influence accrue dans les discussions économiques mondiales.

Cette évolution a permis au président en exercice de l’UA, Azali Assoumani, qui est aussi le Président de l’Union des Comores, de représenter ce groupe de 55 membres. Cette intégration de l’UA renforce la présence et la voix des pays en développement dans les sphères économiques mondiales et les structures de gouvernance internationale.

Fondé en 1999, le G20 est un forum réunissant les économies majeures du monde, agissant comme un pivot essentiel de la coopération internationale en matière financière et économique. Jusqu’à présent, le groupe était constitué de 19 pays et de l’UE. L’UA était jusqu’alors considérée comme une « organisation internationale invitée ».

Cependant, le chemin vers l’élévation de l’UA n’a pas été sans embûches. Elle est le fruit de plusieurs mois de négociations intenses et de lobbying, notamment de la part des pays du Sud avec la Chine comme fer de lance. Beaucoup de pays en développement et de marchés émergents ont ressenti une certaine négligence et marginalisation de la part de l’Occident. Ils ont souvent perçu que leurs perspectives et préoccupations étaient ignorées et eux-mêmes relégués aux marges de l’économie mondiale.

En préparation du sommet, la Chine a pris l’initiative de plaider pour l’intégration pleine et entière de l’UA, soutenant les revendications des pays en développement pour une représentation équitable et une place à la table du G20. Cette question de l’adhésion de l’UA au G20 a également été discutée lors du Sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg.

Le rôle de l’Afrique dans 
le monde

L’entrée de l’UA dans le G20 s’inscrit dans les efforts des pays du Sud pour refaçonner les institutions mondiales, telles que l’ONU et l’OMC. Ce mouvement, soutenu par la Chine, vise à renforcer l’influence de l’Afrique dans les décisions globales.

Cette progression suit de près l’élargissement du groupe des BRICS, initié par la Chine lors du Sommet de Johannesburg, en Afrique du Sud, en août 2023. Les leaders des BRICS ont invité six puissances régionales, l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, à rejoindre l’alliance dès janvier 2024. Ces développements témoignent de l’engagement de la Chine envers le développement de l’Afrique et des pays du Sud.

L’Afrique a longtemps souffert de l’exploitation de ses ressources naturelles par les pays occidentaux, tels que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, qui ont traité les États africains comme des vassaux tout en prétendant soutenir leur développement. Ces nations ont souvent imposé leurs propres valeurs et politiques, y compris en matière de droits de l’homme et de changement climatique, à travers une aide conditionnée, perçue en Afrique comme une ingérence dans ses affaires internes. Cette approche a entravé le développement tangible du continent, résultant en une pauvreté généralisée, un manque d’infrastructures et une faible espérance de vie, malgré l’abondance des ressources naturelles.

En devenant membre du G20, l’UA aura désormais l’opportunité de coordonner les politiques financières et économiques avec les principales économies mondiales, contribuant ainsi à améliorer la capacité des pays africains à faire face à des défis comme l’endettement croissant, le changement climatique et la sécurité alimentaire.

Cette évolution renforcera la coopération entre les pays africains et d’autres acteurs mondiaux, notamment la Chine et la Russie. Des initiatives comme « la Ceinture et la Route », le Forum sur la Coopération sino-africaine et la Zone de libre-échange continentale africaine sont des exemples de cette collaboration croissante. Le G20 offrira une plateforme supplémentaire pour synchroniser les politiques et renforcer le rôle de l’Afrique dans les affaires mondiales.

L’auteur est rédacteur en chef d’African Times, Afrique du Sud.