Réflexions sur le deuxième Forum de coopération agricole sino-africaine.

La cérémonie d’ouverture du deuxième Forum de coopération agricole sino-africaine se tient à Sanya, dans la province de Hainan, le 14 novembre 2023. (CNSPHOTO)

Le deuxième Forum de coopération agricole sino-africaine (FCASA), tenu à Sanya, dans la province chinoise de Hainan, du 13 au 15 novembre 2023, a marqué un tournant décisif dans la consolidation de la coopération alimentaire entre la Chine et l’Afrique. Cet événement majeur a souligné l’engagement bilatéral envers un partenariat bénéfique, axé sur le développement durable et la prospérité partagée.

La Chine, reconnue pour son développement remarquable caractérisé par l’éradication de la pauvreté grâce à une approche humanocentrique, offre un modèle inspirant pour l’Afrique. Le forum a mis en lumière l’importance cruciale de l’implication citoyenne dans l’élaboration et l’exécution des politiques, reflétant ainsi le succès chinois.

En adéquation avec l’Agenda 2063 de l’UA, qui est le plan directeur pour le développement africain, le forum a mis l’accent sur l’expansion de la coopération, l’amélioration des rendements agricoles, la modernisation et la garantie de la sécurité alimentaire à travers la solidarité. Avec seulement 7 % des terres arables mondiales, la Chine nourrit un impressionnant 22 % de la population mondiale, une prouesse qui témoigne de l’efficacité de ses méthodes agricoles. La production céréalière chinoise a considérablement augmenté depuis son ouverture économique et ses réformes agraires.

L’Afrique, avec une population comparable à celle de la Chine, détient 60 % des terres arables non cultivées mondiales, révélant un potentiel agricole immense. L’Oryza glaberrima, ou riz africain, cultivé initialement il y a 3 000 ans par les Jola en Afrique de l’Ouest, est un exemple frappant. Résistant aux nuisibles, à la sécheresse et au changement climatique, ce riz peut être exploité commercialement, renforçant ainsi la sécurité alimentaire de l’Afrique, générant des revenus d’exportation et créant des emplois dans les secteurs agro-industriels. Le développement des cultures indigènes africaines, telles que le riz africain, est un domaine clé sur lequel le FCASA pourrait se concentrer pour stimuler l’innovation dans le secteur agricole.

Exportations vers la Chine

Dans le cadre de la promotion du commerce des produits agricoles, la Chine a mis en œuvre une politique innovante, supprimant les droits de douane sur 98 % des produits de certains pays africains, boostant les exportations africaines de produits comme les avocats, le bœuf, le soja, le café et le piment.

Outre l’aide immédiate, la Chine s’est engagée dans un important transfert de connaissances, illustré par la création de centres de démonstration de technologies agricoles dans 23 pays africains. Ces centres offrent des formations pratiques aux techniciens agricoles africains, facilitant l’introduction de plus de 300 technologies agricoles avancées en Afrique, au bénéfice de plus d’un million de petits agriculteurs.

Le ministre chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales, Tang Renjian, a souligné l’avancement de la coopération sino-
africaine avec 34 accords signés avec 19 entités africaines en 10 ans, renforçant les échanges multisectoriels et les avantages partagés. Le commerce agricole entre la Chine et l’Afrique devrait dépasser 10 milliards de dollars en 2023.

L’accent est mis sur les pratiques agricoles durables, la production alimentaire écoresponsable, l’innovation dans la transformation et l’emballage écologiques, et la réduction des déchets, pour lutter contre le changement climatique et préserver les ressources de la planète.

Le FCASA illustre le potentiel du port de libre-échange de cette île tropicale du sud de la Chine. Liu Xiaoming, gouverneur de Hainan, a souligné les opportunités qu’offre ce port en matière de commerce et d’investissement dans le cadre de la coopération sino-africaine. Samba Ndiobène Ka, ministre sénégalais de l’Agriculture, de l’Équipement rural et de la Souveraineté alimentaire, a exprimé sa reconnaissance pour la valeur immense du forum et la direction positive qu’il prend pour l’avenir de l’agriculture africaine.

L’auteur est directeur de l’Association diplomatique d’Afrique du Sud.