2023-09-12 |
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VOL. 15 SEPTEMBRE 2023 par François Essomba · 2023-09-12 |
Mots-clés: Cameroun |
La Chine octroie 75 bourses d’études à des étudiants camerounais.
Le représentant résident de l’IAICameroun, Armand Claude Abanda (au centre en costume sombre), en compagnie des étudiants boursiers soutenus par le gouvernement chinois, à Yaoundé, au Cameroun, le 19 juin. (COURTOISIE)
Le gouvernement chinois a récemment attribué 75 bourses d’études aux étudiants de l’Institut africain de l’informatique (IAI), basé à Yaoundé, au Cameroun. Cette initiative renforce l’engagement de la Chine à promouvoir la formation technologique des jeunes Camerounais et Africains.
La cérémonie officielle de cette collaboration a eu lieu le 19 juin, par visioconférence, au campus de l’IAI-Cameroun. Armand Claude Abanda, représentant résident de l’institution, a présidé l’événement en présence des étudiants, de leurs parents, ainsi que des représentants de l’Institut Confucius au Cameroun et du Jiangsu Vocational Institute of Architectural Technology depuis la province du Jiangsu en Chine.
Ces bourses offrent une chance inestimable aux étudiants camerounais et africains de poursuivre leurs études dans divers domaines tels que les TIC, les énergies renouvelables, les télécommunications, le management, et l’électricité.
L’IAI-Cameroun, fondé en 1999 à Yaoundé, est sous le leadership d’Armand Claude Abanda, un visionnaire reconnu pour sa contribution significative à l’intégration des TIC au Cameroun et en Afrique centrale. Il a notamment lancé une initiative visant à former 100 000 femmes aux TIC avant 2012, lui valant le Prix du meilleur manager africain 2015 pour l’autonomisation de la femme. M. Abanda, auteur de plusieurs publications dont Les TIC comme instrument d’intégration et de développement, a partagé son point de vue sur cet appui chinois avec l’équipe de CHINAFRIQUE. Il y détaille les bourses offertes par la Chine et évoque la volonté des autorités chinoises de faciliter le transfert de compétences en Afrique.
Armand Claude Abanda, représentant résident de l’IAI-Cameroun.
CHINAFRIQUE : Comment l’IAI a-t-il été choisi par le gouvernement chinois pour l’attribution de ces bourses ?
Armand Claude Abanda : Notre collaboration avec l’Institut Confucius au Cameroun a été le catalyseur. Depuis plusieurs années, nous avons établi un partenariat avec l’institut visant à intégrer l’enseignement de la langue chinoise dans notre programme. Nous sommes d’ailleurs la seule institution universitaire à avoir rendu l’apprentissage du chinois obligatoire. Dans d’autres universités, cette langue reste optionnelle. À ma connaissance, lors de la signature de notre accord avec l’institut, nous étions les seuls à avoir cette exigence. Ainsi, un étudiant pourrait échouer à son examen en raison d’une note insuffisante en chinois. De plus, nous avons mis en place un programme qui permet d’accueillir chaque année des professeurs chinois pour enseigner dans notre institution.
Comment sera effectuée la distribution de ces bourses ?
Nous avons conclu un accord prévoyant l’attribution de 75 bourses sur une période de cinq ans, soit 15 bourses annuelles. Cependant, ce chiffre peut varier. Par exemple, cette année, 16 étudiants se sont rendus en Chine grâce à ce programme.
Quelle est la singularité de ces bourses chinoises ?
Les étudiants bénéficiant de ces bourses entament leur formation par une première année à l’IAI-Cameroun. Ils poursuivent ensuite avec 18 mois en Chine, incluant six mois de stage en entreprise. De retour au Cameroun, ils consacrent les six mois suivants à leur formation, dont trois mois en stage. Au terme de ce cursus, ils décrochent le diplôme d’une université chinoise ainsi que celui de l’IAI. Ils reçoivent par la suite des recommandations du gouvernement chinois pour intégrer des entreprises chinoises basées en Afrique. Il s’agit d’une véritable coopération Chine-Afrique, et non strictement Chine-Cameroun, en adéquation avec la philosophie de votre magazine, CHINAFRIQUE. Ce programme fédère près de quinze institutions universitaires africaines et une vingtaine d’universités chinoises.
Ce dispositif illustre clairement l’ambition du gouvernement chinois de faciliter le transfert technologique et des compétences vers l’Afrique, permettant ainsi aux jeunes Africains de maîtriser les technologies chinoises.
Comment évaluez-vous les efforts déployés par le gouvernement chinois en matière de formation des ressources humaines au Cameroun et en Afrique ?
Il est indéniable que l’engagement du gouvernement chinois en matière d’éducation est colossal. Les bourses offertes aux jeunes Africains témoignent de cet investissement. Je tiens à souligner qu’au-delà de ce programme de bourses, de nombreux étudiants sont déjà allés étudier en Chine. Il suffit d’atteindre le troisième niveau en langue chinoise pour obtenir une bourse et partir. L’étudiant n’a qu’à assurer son billet d’avion ; une fois en Chine, il est pris en charge par le gouvernement chinois.
Il est manifeste qu’un ambitieux projet de collaboration avec la Chine est en cours, et c’est l’Afrique qui en récoltera les fruits. C’est une opportunité majeure pour transférer les compétences chinoises vers l’Afrique.
La cérémonie d’octroi des bourses au campus de l’IAI à Yaoundé, au Cameroun, le 19 juin. (COURTOISIE)
Quelle valeur ces bourses ajoutent-elles à l’enseignement et à la promotion des compétences techniques et professionnelles au Cameroun et en Afrique ?
Ces bourses offrent à nos étudiants l’opportunité d’acquérir des compétences de pointe, notamment dans les technologies émergentes et celles de demain. En informatique, les avancées sont si rapides que le cursus en Afrique, bien que solide, doit constamment être actualisé. Un informaticien se doit d’évoluer au gré des innovations. La Chine, en tant que pionnière technologique, partage son expertise avec les étudiants africains. Grâce à leur formation en Chine, ces étudiants se familiarisent avec ces innovations, qu’ils rapportent ensuite au Cameroun et en Afrique. Ils contribuent ainsi à renforcer les initiatives gouvernementales, stimulant l’économie numérique, le génie civil et l’adoption des nouvelles technologies, en particulier dans le domaine du digital.
Selon votre perception, que représente la Chine pour l’Afrique et quel message souhaiteriez-vous transmettre aux décideurs, notamment au gouvernement chinois, pour renforcer leurs liens avec l’Afrique ?
La Chine est maintenant un partenaire clé de l’Afrique, notamment pour les compétences. Il est crucial de souligner cette réalité, car la Chine, il n’y a pas si longtemps, n’était pas la superpuissance que nous connaissons actuellement. Sa transformation rapide grâce à la technologie, au travail acharné et à la formation offre une leçon pour l’Afrique. C’est cette voie que l’Afrique doit emprunter : prioriser la formation et investir dans le capital humain pour que nos populations deviennent le moteur du développement et de l’essor économique de nos nations.
Reportage du Cameroun
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